Engorgement mammaire : symptômes, comment le soulager ?
Qu'est-ce qu'un engorgement mammaire, et une mastite ? Que faire pour soulager la douleur quand on allaite ? Découvrez les conseils de Mélanie Landru, consultante en lactation IBCLC.

Entre l'attente de la montée de lait, les douleurs du post-partum, la fatigue d'une nouvelle vie de maman, il n'est pas rare que les débuts de l'allaitement soient un peu chaotiques. Les douleurs et les petits maux, s'ils sont généralement transitoires et sans gravité, sont alors fréquents.
Engorgement mammaire : qu'est-ce que c'est ?
"L'engorgement est un phénomène inflammatoire", explique Mélanie Landru, consultante en lactation IBCLC. Cette inflammation des seins qui survient lorsque les jeunes mamans allaitent leur bébé peut alors provoquer un engorgement, c'est à dire une stagnation de lait dans les canaux lactifères.
Quels sont les symptômes de l'engorgement ?
"L'engorgement est caractérisé par une rougeur, une sensation de chaleur et une douleur au niveau du sein. Une zone du sein est indurée, cela peut être une toute petite partie ou au contraire monter jusqu'à l'aisselle. Quand cette induration est plus étendue, elle peut être liée à la montée de lait et survenir à J3 ou J4 après la naissance", explique Mélanie Landru. Le sein est plus dur, plus volumineux. Le diamètre du mamelon est plus gros et plus plat comme la peau est plus étirée. "L'engorgement peut aussi provoquer un état grippal avec une légère fièvre et des courbatures", ajoute la consultante.
Engorgement : combien de temps ?
Si vous souffrez d'engorgement en allaitant votre bébé, rassurez-vous, cela ne devrait pas durer. En effet, l''engorgement doit passer dans les 24 à 48 heures. Au-delà, n'hésitez pas à consulter une sage-femme ou un médecin.
Quelles sont les causes de l'engorgement ?
Les causes de l'engorgement sont nombreuses et il existe différents types d'engorgements :
- L'engorgement du début d'allaitement. Il n'est pas rare que l'engorgement survienne au moment de la montée de lait. "Les seins prennent du volume et bébé stimule énormément. L'inflammation qui survient est alors d'origine hormonale, mais elle est aussi provoquée par l'augmentation du flux sanguin au niveau du sein et de la lymphe dans les tissus mammaires", décrit la spécialiste. Cette réaction inflammatoire provoque alors un œdème.
- L'engorgement qui survient lorsqu'on espace les tétées. Lorsque bébé espace les tétées la nuit, qu'une tétée saute, au moment de la reprise du travail ou du sevrage, il arrive que le lait stagne. Cette stase de lait va boucher un canal lactifère et conduire à l'engorgement.
- L'engorgement lié à la prise du sein. L'engorgement peut aussi être provoqué par une mauvaise prise du sein ou un frein de langue trop court.
- L'engorgement lié à une surproduction de lait. Il arrive également que l'engorgement survienne en raison d'une surstimulation ou d'une production très abondante de lait.
- L'engorgement peut aussi survenir en raison d'une mauvaise position de sommeil (par exemple si la femme a dormi sur le ventre) ou à cause d'un vêtement gênant. Un soutien-gorge à baleines peut appuyer sur les canaux et les boucher.
Comment soulager un engorgement, quelles solutions ?
Solution numéro 1 contre les engorgements pendant l'allaitement ? Il faut drainer, drainer et drainer encore afin d'aider les canaux à se déboucher. "La première chose à faire est de drainer, soit en mettant bébé au sein, soit avec un tire-lait. C'est seulement ensuite que l'on traitera la cause de l'engorgement", recommande la spécialiste. Voici les différentes solutions pour soulager un engorgement :
- Appliquer du froid entre les tétées pour calmer l'inflammation et la douleur : avec des petits pois congelés, des glaçons dans un gant, une feuille de chou vert congelé.
- 10 minutes avant la tétée ou le tirage, on applique un gant de toilette chaud. On en profite également pour faire un massage aréolaire.
- Le cataplasme d'argile verte appliqué en couche épaisse sur la zone dure. Lorsqu'une croute se forme, on retire l'argile. Très utile pour aider à drainer !
- L'assouplissement par contre-pression, une technique qui permet d'éliminer l'excès de liquide du sein : on appuie sur l'arrière et les côtés de l'aréole.
- Pendant la tétée ou le tirage, la femme peut se pencher vers l'avant. La gravité peut aider à faire passer le bouchon.
"Il est également très important que la femme qui allaite boive suffisamment et surtout qu'elle se repose", insiste Mélanie Landru. S'il n'existe pas de recette miracle pour prévenir l'engorgement, exprimer le lait manuellement ou au tire-lait lorsque le sein devient moins souple peut déjà être très utile !
Engorgement, mastite : quelles sont les complications ?
L'engorgement dure rarement plus de 24 à 48h. Il arrive toutefois, s'il n'est pas correctement pris en charge, qu'il donne lieu à certaines complications. "La complication la plus fréquente est la mastite. Elle survient lorsque l'inflammation se transforme en infection. La fièvre est alors plus importante et nécessite une consultation. Lorsqu'il y a un développement de bactéries, elle peut nécessiter une prescription d'antibiotiques.", explique la consultante en lactation. Cette dernière précise que dans certains cas extrêmes, mais très rares, la mastite peut se compliquer en abcès. Si la douleur n'est pas nécessairement plus importante la fièvre peut monter jusqu'à 40°. L'abcès, qui est une boule de pus, peut être senti à la palpation, mais une échographie est parfois nécessaire. Si les antibiotiques ne sont pas efficaces, il faudra procéder à une ponction chirurgicale.
Engorgement et sevrage : oui au tire-lait !
Il arrive que l'engorgement survienne lorsqu'on espace les tétées. Cela peut être le cas par exemple lorsque bébé commence à faire ses nuits, mais surtout au moment du sevrage. Contrairement à une idée reçue, l'utilisation du tire-lait ne va pas surstimuler la lactation. "Face à un engorgement lié au sevrage, cela peut être une bonne solution d'utiliser le tire-lait afin d'exprimer un peu de lait mais sans vidanger complètement le sein", conseille la consultante.
Merci à Mélanie Landru, Consultante en lactation IBCLC