Cette marque de beauté Française qu'on achète depuis 65 ans ferme des boutiques. Quel est son avenir ?
Après The Body Shop, ce serait au tour de cette enseigne familiale française, fondée en 1959 de se retrouver dans la tourmente économique post-pandémie. Décryptage.
Entre conséquences de la crise sanitaire, inflation et net repli de la vente par correspondance, on ne compte plus les marques au cœur du tumulte économique. Si les enseignes de mode en ont été les premières victimes, la beauté n'a pas tardé à suivre le pas. En effet, depuis plusieurs années, la concurrence se fait rude sur le marché des cosmétiques naturels. Alors que de nouveaux noms commencent à faire de l'ombre aux marques pionnières, Lush et Rituals en tête, c'est sans compter la rivalité des sites e-commerces et de la K-Beauty, dont les chiffres ont explosé durant le confinement.
Cette enseigne de beauté française revend son usine de production de parfums et ferme quelques boutiques
C'est l'hécatombe pour le marché de la beauté naturelle. Alors que l'enseigne britannique, The Body Shop, annonçait début février la fermeture de nombreux magasins au Royaume-Uni et en Europe, la question du sort de son pendant français, revendiquant plus de 30 millions de clients à travers le monde, est sur toutes les lèvres. En effet, si certaines marques sont en pleine expansion depuis la pandémie, prenons par exemple Aroma-zone, qui a vu sa fréquentation exploser en l'espace de quelques années, d'autres peinent à rester dans la course et c'est malheureusement le cas du groupe Yves Rocher.
Déjà fin janvier 2023, le groupe Rocher partageait, via un communiqué officiel, la revente de son usine de production de parfums à un repreneur pour y maintenir l'activité. Fondée par Mr. Yves Rocher en personne, cette dernière a ouvert ses portes en 1985, à Ploërmel dans le Morbihan. Quelques mois plus tard, le groupe a décidé de clôturer progressivement l'activité de ses 15 enseignes suisses, mettant en péril une cinquantaine de postes. La nouvelle n'a alors pas manqué d'inquiéter les salariés de la marque. Et pour cause : le géant de la cosmétique végétale aurait perdu près de 25 % de son volume de vente depuis 2020, en raison de l'impact du Covid-19 et d'une évolution des modes de consommation : le marketing direct ayant toujours été essentiel dans la stratégie du groupe.
Quel avenir pour cette marque iconique ?
Toujours en janvier 2023, le groupe Rocher avait signé un accord avec les syndicats CFE-CGC et CFTC pour supprimer 300 postes sur trois ans, une décision qui menaçait pas moins de 2 700 personnes en France, principalement en Bretagne. Cependant, le tribunal de Vannes a annulé cet accord en novembre 2023 suite à une plainte de Force ouvrière, critiquant le manque de transparence financière de la CFTC. Le groupe Rocher a alors fait appel de cette décision. Fin janvier 2024, un nouvel accord GEPP a été signé avec les syndicats majoritaires, confirmant les termes de l'accord initial.
Plus récemment, lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), qui se sont achevées début février, les salariés d'Yves Rocher ont été nombreux à avoir exprimé leur mécontentement. La raison ? La direction aurait refusé d'augmenter leurs salaires, malgré le gonflement des prix. Au lieu de ça, ils n'auraient reçu qu'une prime unique. Pour l'heure, aucun des syndicats n'a accepté l'accord et les négociations ont échoué. Certains ont même appelé à une grève, mais la direction resterait ferme quant à sa position.
L'entreprise, fondée en 1959 à La Gacilly, en Bretagne, est depuis toujours reconnue pour ses plantes cultivées en agroécologie et certifiées bio. À noter que le groupe éponyme, présent dans 96 pays avec quelque 2900 magasins, possède également neuf autres marques, dont Dr Pierre Ricaud, Arbonne et Petit Bateau.