Haute couture : les beaux anachronismes de Jan Taminiau
Le créateur hollandais présentait sa collection haute couture 2012-2013 à l'Hotel d'Avaray, dans le 7ème arrondissement de Paris.
Après avoir traversé une cour pavée, on franchit le seuil de cet hôtel, entouré de roses et de bougies. Le défilé du prodige a lieu dans un salon, coupé en deux par une cheminée, surplombée d'une horloge de style Louis XV. Les murs sont peint d'une couleur taupe, ornés de lambris d'or. La musique provient d'un piano à queue, et seulement de cet instrument. En somme, c'est une immersion dans le XVIIIème siècle, relevée par la présence du public et des photographes, d'un soupçon de modernité. A l'image des créations présentées.
Choc des temps
Le premier modèle apparaît. Sa robe est brodée de pierres turquoises et carrées. La
longueur juste au-dessus du genou, le col haut, les manches courtes et l'imposant nœud sur l'épaule gauche révèlent une première influence : celle des volumes esthétiques des années 1950. Les prochains garderont ces dimensions courtes mais seront rehaussés d'un air de Versailles avec des surpiqûres symétriques et arrondies. La dentelle se fait ensuite passage temporel avec l'art déco. Les robes s'allongent et s'épanouissent dans des broderies noires, jaunes et grises. Ecailles ou mosaïque ? Un peu des deux. Dans sa version combinaison, les perles ne font qu'un avec la peau et les épaules sont recouvertes d'une veste courte et volumineuse en soie beige, qui rappelle les froufrous appesantis de volants au bas robes du XVIIIème siècle. Pour le jour, Jan Taminiau propose un motif rose pâle et très frais sur de légères capes transparentes, qui volent gracieusement autour d'une silhouette droite et libérée, comme elle était dans les années 1930. Et laissant apparaître des chaussures étincelantes, posées sur des talons de forme sphérique. La robe de mariée est un concentré superbe de références historiques. Le haut est en dentelle écrue, habillée d'une veste aux manches bouffantes. La suite est encore plus surprenante. Deux baleines viennent donner un volume ahurissant aux hanches, redessinant la silhouette du mannequin à la mode des crinolines blessantes des siècles passés.