Comment dire à son partenaire qu'il est mauvais au lit ?

Dire à son partenaire qu'on s'ennuie au lit, pire, qu'il est mauvais, n'est pas simple. Une sexologue livre ses conseils pour communiquer et (re)trouver une harmonie sexuelle positive.

Comment dire à son partenaire qu'il est mauvais au lit ?
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Il peut s'agir d'un partenaire que vous venez de rencontrer, comme d'un que vous fréquentez depuis quelque temps, peu importe le contexte, le constat est là : au lit, ça ne colle pas. Il se concentre uniquement sur la pénétration, ne connaît pas le clitoris, va trop vite, ou trop lentement, vous le ressentez bel et bien, l'harmonie n'est pas au rendez-vous. Pourtant, vous l'aimez, ensemble vous passez de bons moments, vous rigolez, vous avez les mêmes goûts, mais vous devez vous rendre à l'évidence : il est mauvais au lit. Virginie Chassat, sexologue et thérapeute de couple, nous donne ses conseils pour communiquer avec son partenaire, afin de trouver un équilibre sexuel. 

"Bon" ou "mauvais coup" au lit, qu'est-ce que ça veut dire ?

Dans des dîners, quand on se retrouve entre amis, il arrive que les femmes comme les hommes mentionnent des "bons coups" au lit, et à la différence, des "mauvais". Existe-t-il réellement une définition du "bon coup" ? Comment savoir si on est un "mauvais coup" ? "C'est compliqué à décrire, il s'agit du ressenti et des besoins de chacun", débute Virginie. Effectivement, d'une personne à l'autre, cette notion variera. "Un bon coup pourrait prendre en compte les questions de respects, de consentements et d'écoute. Prendre soin de la personne et ne pas se focaliser uniquement sur son plaisir personnel, peu importe son genre". De la sorte, pour savoir si quelqu'un est un "bon" ou un "mauvais" coup, il faudrait d'abord savoir ce que l'on aime et ce que l'on attend d'un partenaire au lit. "Si j'ai besoin d'avoir des compliments, qu'on me dise que je suis jolie, des encouragements, qu'on me parle ou non", développe la sexologue. En fonction de ses attentes, la personne en face pourra correspondre à ce que l'on considère être un "bon" coup. 

1. Le contexte : pourquoi est-il mauvais au lit ?

Est-ce qu'il n'aime pas le sexe, n'est-il pas assez sensuel, trop brutal, maladroit, pressé ? Est-ce le cas depuis toujours ou simplement une phase ? Pour pouvoir communiquer sur ce qui vous manque et ce que vous aimeriez, vous devez pouvoir mettre les mots sur votre activité sexuelle actuelle et ne pas simplement dire "c'est nul". Cela n'aurait pas l'effet escompté. Également, vous devez vous connaître, "pouvoir dire ça j'aime, ça je n'aime pas", ajoute Virginie. Cela passe par la découverte de son corps avec la masturbation, mais aussi s'érotiser en appréciant son image corporelle.

2. Ne pas simuler

Si vous vous ennuyez au lit, ce n'est pas inéluctable. Toutefois, vous aurez besoin d'être honnête et de ne pas prétendre : aucune simulation ne vous permettra de prendre votre pied par la suite. Si ce n'est pas toujours évident, il faudra confesser à votre partenaire ce que vous ressentez, pour qu'à deux, vous puissiez trouver votre harmonie sexuelle. "Le secret d'une relation qui fonctionne n'en est pas un, il s'agit de la communication". 

3. Choisir le bon moment pour communiquer

"Quand on exprime ce qu'on aime – et ce qu'on n'aime pas – le moment est crucial", confit la professionnelle. S'arrêter pendant l'acte pour dire "ça je n'aime pas", peut être mal interprété, "l'égo risque de prendre le dessus". Sauf évidemment en cas de danger ou de non-consentement. Préférez avoir cette conversation avant un rapport en pensant cela comme un jeu entre les partenaires. "Quand on en parle avant, ça vient augmenter le désir, ça vient exciter", ajoute-t-elle. Après un rapport, cela peut prendre "la forme d'un débriefing, sans être dans le jugement ni la comparaison avec les ex". Si vous souhaitez l'évoquer pendant le rapport, ne listez pas ce qui ne va pas, mais guidez votre partenaire en déplaçant sa main ou en prononçant des phrases comme "J'aimerais que tu me touches ici, tu serais ok ?" ou "on pourrait tenter cette position, mets ta main là si tu es d'accord". Avec bienveillance et respect. Vous pouvez aussi prendre des rendez-vous intimes pour parler de votre sexualité. Régulièrement, retrouvez-vous dans un cadre neutre et intimiste, pour évoquer vos émotions, vos envies sensuelles, même quand tout semble bien. De la sorte, vous agrandirez votre complicité amoureuse, mais aussi au lit, et prendrez l'habitude d'évoquer sans tabou votre sexualité. 

4. Eviter de lui en parler par message

Ce type de conversation peut être difficile à avoir, vous pouvez avoir des hésitations pour aborder ce sujet avec votre partenaire, ayant peur que cela soit mal interprété, que son ego prenne le dessus. Cependant, envoyer des messages n'est pas forcément une bonne alternative. "Avec les messages, il y a trop d'interprétation possible". De plus, vous pourriez paraître insensible, "les messages sont bruts de décoffrage, quand on se livre sur la sexualité, il faut faire preuve d'authenticité". Virginie recommande alors d'en parler face à face, dans un cadre neutre, où l'un et l'autre pourra faire preuve de vulnérabilité. 

5. Mettre les formes

Oubliez les accusations, la culpabilisation ou les reproches. Il s'agit de votre partenaire et même, si vous êtes frustré après un énième rapport moyen, ne dites pas tout ce qui vous traverse l'esprit. Livrez-vous sur vos besoins, ce que vous ressentez, ce que vous aimez, mais aussi ce que vous aimeriez essayer. Prenez l'axe "apprenons ensemble à nous faire du bien", plutôt que l'attitude d'un professeur. 

Ne quittez pas votre partenaire simplement parce qu'il n'arrive pas à vous faire jouir

Chaque personne est différente et a ainsi des besoins différents, il n'existe aucun guide ou mode d'emploi 100% fiable sur la sexualité, dès lors, si vous ne cessez jamais d'apprendre, cela en est de même pour votre partenaire. "Si les orientations sexuelles sont similaires, cela peut s'arranger", rassure Virginie. Ne quittez pas votre partenaire simplement parce qu'il n'arrive pas à vous faire jouir, si vous ne lui en avez pas parlé au préalable.

6. Place à la pratique !

Une fois que la conversation a eu lieu, il ne reste que la pratique pour améliorer les rapports et trouver une harmonie. "Si durant la première phase de la relation, la période lune de miel, on a envie de fusion et on est collé l'un à l'autre, une fois que les hormones se dissipent, cela peut changer." Cependant, le désir s'entretient et au fur et à mesure de la relation, on vient grandir ensemble. "On met en lumière nos forces, nos vulnérabilités, on construit conjointement et on se découvre l'un et l'autre." C'est notre responsabilité de dire à l'autre "moi, je préfère ça", "moi, j'aimerais plutôt ça", pour faire grandir l'intimité à deux. Enfin, si malgré une communication saine, les rapports intimes ne s'arrangent pas, il peut s'agir d'un problème plus profond et une consultation avec un professionnel de la sexualité peut aider.

Merci à Virginie Chassat, sexologue et thérapeute de couple.