Guy Marineau : interview d'un photographe de défilés La fashion week vue par un photographe de défilé

Milan, Paris, Londres ou New York... Guy Marineau parcourt le monde, depuis les années 1970, pour suivre les défilés de mode des plus grandes maisons de couture. Le photographe incontournable des podiums nous raconte son parcours et ses meilleurs souvenirs de fashion weeks.

guy marineau
Guy Marineau © DR

Pouvez-vous nous décrire votre journée type lors d'une fashion week ?

Pendant la semaine de la mode, je fais environ six défilés par jour, ce qui veut dire que pour un premier défilé à 9 heures du matin, je me dois d'être en place aux environs de 7 heures et ensuite comme les défilés se suivent presque chaque heure, c'est une course permanente et épuisante jusqu'au dernier défilé du soir. Il ne faut pas non plus oublier, entre deux défilés, de faire parvenir les cartes numériques à l'assistant qui fait le traitement informatique (autrefois, c'était de déposer les pellicules photo au laboratoire).

Y a-t-il des difficultés techniques propres à la photo de défilé ?
Aujourd'hui, avec l'arrivée du numérique, on ne peut pas dire que les photos de défilés soient réellement différentes les unes des autres.

défilé christian dior, prêt-à-porter
Défilé Christian Dior, prêt-à-porter © Guy Marineau

L'informatique calibre et sauve tout. Un mauvais photographe faisant de mauvaises images peut quand même livrer son travail car son logiciel d'ordinateur va sauver la médiocrité. Avant le numérique, lorsque l'on travaillait en film conventionnel, la différence se faisait sur la qualité du photographe car la technique ne laissait pas le droit à l'erreur. C'était bon ou mauvais. C'est pour cela qu'à l'époque, beaucoup de photographes travaillaient au flash pour compenser les lumières souvent difficiles de l'éclairage des podiums.

christian lacroix haute couture f-w 92-93
Christian Lacroix haute couture F-W 92-93 © Guy Marineau

Quelles sont vos techniques pour être bien placé parmi tous les photographes et les cadreurs ?
J'ai inventé, en 1980, le concept d'"assistant marqueur de place". Lorsque le Womens Wear Daily m'imposait de shooter presque tous les défilés de la journée et que ceux-ci étaient disséminés dans tout Paris, il est devenu impératif d'avoir quelqu'un pour aller garder les places, bien en avance, d'un défilé à l'autre. Aujourd'hui, ce système est toujours en vigueur bien que le "plateau photographe" se soit considérablement allégé à cause du numérique. En 1999, la Chambre syndicale de la couture accréditait environ 240 photographes, aujourd'hui nous sommes à peine une centaine. A titre d'exemple, je travaillais avant avec deux assistants pour recharger les boîtiers, aujourd'hui, je peux sans problème travailler seul.

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