Guy Marineau : interview d'un photographe de défilés "C'est un milieu difficile, mais plein de paillettes et de jolies filles"

Qu'est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

thierry mugler prêt-à-porter s-s 1992
Thierry Mugler prêt-à-porter S-S 1992 © Guy Marineau

Ce métier était fantastique pour un garçon de 20 ans ! On vivait dans un milieu certes difficile et fatiguant, mais plein de paillettes et de jolies filles ou les tops étaient encore des gamines et venaient partager leur repas avec nous dans "la cantine "de la Cour Carrée du Louvre au milieu des câbles électriques des groupes électrogènes et des manutentionnaires. Inimaginable aujourd'hui. C'est un métier où l'on voyageait, où les budgets étaient illimités, où l'on côtoyait le grand monde sans aucun problème, sans risques et en toute sympathie.

Quels en sont les inconvénients selon vous ?
Ils sont importants parce que d'une manière générale nous sommes considérés par les services de presse, la sécurité et l'organisation comme du bétail. A force de le dire et quelquefois de le hurler, certaines maisons ont finalement compris qu'il était préférable de laisser rentrer les photographes au fur et à mesure de leur arrivée sur les lieux du moment qu'ils sont munis de leur carton d'invitation. Alors que, par la plupart, nous sommes bloqués à l'extérieur pendant des heures dans le froid, sous la pluie, pour finalement nous ruer comme un troupeau furieux sur notre estrade au moment où l'on nous laisse entrer. Le tout en bousculant les journalistes et les acheteurs. Il ne faut pas oublier que nous avons en moyenne 25 à 40 kilos de matériel avec nous.

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Thierry Mugler prêt-à-porter S-S 1994 © Guy Marineau

C'est à cause de tout cela que nous sommes mal considérés. Les journalistes peuvent arriver au dernier moment, ils sont certains d'avoir une chaise pour les accueillir, ils sont traités avec tous les égards et pourtant nous faisons le même boulot. On devrait se souvenir que le défilé qu'un journaliste vient de voir va s'effacer de sa mémoire rapidement et que la seule trace qui reste, ce sont nos images.

Une anecdote en particulier ?
Le 14 octobre 1979, alors que je voulais entrer dans la tente du Forum des Halles où avait lieu le défilé Givenchy - j'en étais le photographe maison - je me suis fait tabasser par un vigile, cela m'a conduit à deux jours d'hospitalisation et à la suite de cet incident, la Chambre syndicale de la couture à décidé de nous donner un pass d'accréditation pour nous simplifier l'accès aux défilés. Aujourd'hui, ce pass existe toujours, mais une grande partie des nouvelles maisons ne lui reconnaît aucune valeur.

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