Jusqu'à quel âge une femme peut-elle avoir des orgasmes ?

L'orgasme résulte d'un processus complexe. Il naît de la stimulation des terminaisons nerveuses des zones érogènes, dont la sensibilité peut varier selon les fluctuations hormonales et l'état émotionnel. Cette excitation active les zones cérébrales associées au bien-être, libérant des substances chimiques comme la dopamine, l'ocytocine et les endorphines. Bonne nouvelle : ce dialogue entre le corps et le cerveau ne s'interrompt pas avec l'âge ! En théorie, il est donc possible d'avoir un orgasme toute sa vie. Cependant, certains facteurs liés au vieillissement peuvent compliquer l'accès au plaisir, tout comme le poids des préjugés sociétaux.

Un orgasme moins intense ou plus long à venir

Si l'orgasme ne disparaît pas en vieillissant, ce dernier peut toutefois être moins intense ou plus long à obtenir. C'est notamment le cas à l'arrivée de la ménopause, qui entraîne chez certaines femmes des troubles physiques comme une réponse sexuelle plus lente, une atrophie vaginale, une baisse de la lubrification ou encore une perte de l'élasticité de la peau. Les effets sont aussi psychiques : nombreuses sont celles qui témoignent de troubles émotionnels voire d'un état dépressif qui impacte leur libido. Pour la psychanalyste Catherine Grangeard, auteure du livre "Il n'y a pas d'âge pour jouir", ces difficultés ne doivent pas, pour autant, constituer des obstacles à la sexualité : "Il existe des gels pour pallier la sécheresse vaginale. On peut aussi prendre davantage son temps pour laisser le corps monter en excitation à son rythme." La pénétration n'est d'ailleurs pas la seule option pour atteindre le nirvana, surtout en cas de douleurs. L'avancée en âge peut ainsi offrir l'occasion de faire preuve de créativité et de réinventer sa manière de faire l'amour au-delà des schémas traditionnels.

"L'image de la salope est tenace"

La difficulté à jouir à partir d'un certain âge peut aussi avoir une origine psychologique. Certaines femmes vivent mal les transformations de leurs corps et nourrissent des complexes qui nuisent à leur capacité à lâcher prise, pourtant indispensable pour parvenir à l'orgasme. Selon Catherine Grangeard, ce regard sévère est avant tout une intériorisation des injonctions sociales : "Depuis toujours, on nous inculque l'idée qu'il faut être jeune, belle et désirable pour avoir de la valeur. Certaines finissent par s'interdire toute forme de séduction lorsqu'elles ne correspondent plus à ces standards". Ce phénomène d'autocensure est aggravé par le tabou qui entoure la sexualité féminine, en particulier celle des femmes âgées : "L'image de la salope est tenace. Une femme qui assume son désir est souvent mal vue, surtout si elle a passé la cinquantaine. Comme si on n'avait plus le droit d'être sexuellement active lorsqu'on n'est plus fertile" s'agace la psychanalyste. Elle encourage les femmes à s'affranchir de ces diktats pour renouer avec leur sensualité : "S'assumer pleinement, c'est le secret d'une sexualité épanouie à tout âge".

Loin d'être une épreuve pour toutes, la vieillesse peut aussi s'avérer bénéfique pour la vie intime. La ménopause, par exemple, signe pour beaucoup la fin des douleurs menstruelles et de la charge contraceptive. Henriette, 82 ans, l'a accueillie avec soulagement : "J'ai toujours eu peur de tomber enceinte. Ma sexualité est devenue beaucoup plus légère depuis que cette angoisse n'a plus lieu d'être". Avancer en âge, c'est aussi acquérir une plus grande compréhension de son corps. Catherine Grangeard le constate souvent auprès de ses patientes : "Certaines vivent cette étape comme une libération des normes et des contraintes. Avec le temps, elles se connaissent mieux et font preuve d'une plus grande tolérance envers elles-mêmes. Cela se répercute inévitablement sur leur sexualité. Tout le monde vous le dira, ce n'est pas à 20 ans qu'on fait le mieux l'amour". Et si, finalement, les orgasmes étaient meilleurs en vieillissant ?