La fausse fourrure est-elle vraiment éco-responsable ?

De plus en plus de marques abandonnent la vraie fourrure pour un équivalent sans origine animale dans une démarche "cruelty free" et éco-responsable. Pour savoir quels sont les impacts de la fausse fourrure sur l'environnement, nous nous sommes entretenu avec un spécialiste de la matière, Christopher Sarfati, directeur général du fabricant Ecopel.

La fausse fourrure est-elle vraiment éco-responsable ?
© John Salangsang//SIPA

Chanel, Saint Laurent, Gucci, Stella McCartney, Bottega Veneta, Balenciaga, Canada Goose, Maje, Sandro, Claudie Pierlot... Autant de marques qui ont dernièrement renoncé à la fourrure animale, voire pour certaines, n'en ont jamais utilisé. Pour remplacer les manteaux duveteux et les cols en moumoute, elles optent désormais pour de la fausse fourrure, une matière qui imite la vraie au visuel et au toucher. Pas d'animaux utilisés, donc pas d'élevage intensif (une pratique particulièrement polluante) ni de souffrance infligées à ces êtres vivants. Pour autant, la fausse fourrure peut-elle être qualifiée d'éco-responsable ? À partir de quoi est-elle fabriquée ? Comment la teint-on ? Christopher Sarfati, directeur général du fabricant français Ecopel (qui appartient au conglomérat chinois Haixin) nous éclaire.

Avec quoi fabrique-t-on la fausse fourrure ?

Le polyester et l'acrylique sont les deux fibres les plus communément utilisées pour faire de la fausse fourrure. Deux matières dérivées du pétrole, pas vraiment ce que l'on fait de mieux en termes de durabilité. Mais les choses commencent à changer. "Désormais, il y a de plus en plus de fibres naturelles obtenues à partir de chanvre, de maïs ou d'ortie. Si sur le marché, seul 10 à 20% de la fausse fourrure provient de fibres végétales ou recyclées, chez nous, ces chiffres montent à 40% et devraient atteindre 100% en 2025", explique Christopher Sarfati. Et de rappeler que "le tannage et la teinture d'une peau de fourrure nécessitent 40 fois plus de produits néfastes à l'environnement que la fausse fourrure". En plus, Ecopel, qui vient d'intégrer l'initiative Seaqual, a lancé une ligne de fausse fourrure, Umi Collection, confectionnée à partir de plastique collecté dans les océans. La fabrication en elle-même est la même que pour n'importe quel vêtement. Une fois la fibre récupérée, celle-ci est tricotée puis teinte selon la coupe et la couleur désirées.

Comment teint-on la fausse fourrure ?

Les vêtements en fausse fourrure se déclinent souvent dans des teintes improbables. L'ennui, c'est que qui dit coloration dit process gourmands en eau et en produits chimiques. Sauf que, des alternatives sont progressivement mises au point. Chez Ecopel, on utilise par exemple des colorants végétaux et même des colorants sans eau, développés en partenariat avec une entreprise allemande.

Où fabrique-t-on la fausse fourrure ?

La question de la production est toujours centrale dans la mode. Plus elle est géographiquement éloignée du pays de vente, plus elle est potentiellement polluante. Parce que pour passer d'un endroit à l'autre de la planète, les vêtements doivent être transportés, souvent en bateau ou en camion, mais aussi en avion. L'un des principaux producteurs de fausse fourrure est la Chine (pas la porte à côté, donc), mais d'autres pays fournissent aussi les marques. C'est le cas de la France et de l'Italie, entre autres. Dans l'Hexagone, c'est Ecopel, justement, qui a racheté Peltex, le dernier fabricant français, en 2019 devenant ainsi l'unique entreprise à pouvoir se targuer de proposer de la fausse fourrure made in France. De l'autre côté des Alpes, c'est Ecopel, toujours, qui s'apprête à acquérir son concurrent italien. Au fil des ans, cette entreprise a acquis une solide réputation dans l'industrie de la mode et travaille aujourd'hui avec près de 360 clients milieu et haut de gamme, voire même carrément luxe. De quoi nous convaincre (s'il fallait encore le faire), de passer à la fausse fourrure sans plus attendre.

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