Voici pourquoi ces marques ont décidé d'arrêter la fourrure

Depuis quelques années, de nombreuses maisons de mode ont fait le choix de bannir la fourrure de leurs collections. Retour sur un phénomène qui prend de l'ampleur.

Voici pourquoi ces marques ont décidé d'arrêter la fourrure
© Image Press Agency/ABACA

Quand il s'agit de fourrure, plusieurs clans s'affrontent. D'un côté, les bons élèves, menés d'une main de maître par Stella McCartney — végane, la créatrice britannique n'a jamais utilisé de matières premières d'origine animale, prouvant au monde de la mode que style pouvait (aussi) rimer avec conscience écologique. De l'autre, les marques qui (mieux vaut tard que jamais) prennent le train en marche et disent stop à la fourrure alors qu'elles en utilisaient allègrement auparavant.

Green-washing ou prise de conscience ?

Ces derniers mois, plusieurs maisons ont fait le choix de renoncer à se servir de poils d'animaux dans leurs collections. C'est notamment le cas du groupe Kering, qui détient, entre autres, Balenciaga, Gucci, Bottega Veneta, Alexander McQueen, Brioni et Saint Laurent. "Kering a pris la décision d'arrêter l'utilisation de la fourrure animale. À compter des collections automne-hiver 2022-2023, plus aucune des maisons du groupe n'emploiera de fourrure", a déclaré François-Henri Pinault, président-directeur général de Kering, dans un communiqué publié fin septembre 2021.

En décembre 2021, Armani, signataire du pacte de la mode présenté au G7 en 2019, a annoncé arrêter d'utiliser de l'angora dès la saison automne-hiver 2022-2023. Même son de cloche chez Valentino : "Nous avançons à grands pas dans la recherche de matériaux alternatifs en vue d'accorder une plus grande attention à l'environnement pour les prochaines collections", a expliqué Jacopo Venturini, directeur général de la marque, précisant que la fourrure disparaîtrait complètement des collections en début d'année 2022.

Canada Goose, connue pour ses doudounes à la capuche en fourrure de coyote, change de cap elle aussi, conformément au plan d'objectifs durables Humanature qui a notamment pour ambition d'atteindre zéro émission carbone nette d'ici 2025. Oscar de la Renta a pris cette même décision en octobre 2021, alors même que la fourrure faisait partie intégrante des collections de la griffe américaine. Parmi les maisons qui ont, ou vont, dire non aux matières premières animales, on compte également, Vivienne Westwood, Chanel, Prada ou encore Versace. 

Quant à Moncler, c'est en janvier 2022, que la marque a annoncé arrêter d'utiliser de la fourrure en parallèle du lancement du second volet de "Moncler Born to Protect", sa collection conçue à partir de matériel à faibles impacts sur l'environnement. "La dernière collection qui présentera de la fourrure sera la collection automne-hiver 2022-2023" a précisé la marque dans un communiqué de presse.

Certaines marques vont même plus loin, et décident de ne créer aucune pièce en fausse fourrure. Comme l'expliquait la créatrice de contenu américaine Jenny Walton dans le podcast Fashion No Filter (février 2019), il est parfois peu évident de distinguer le vrai du faux; choisir de ne porter ni l'un ni l'autre évite donc toute confusion.

La plupart des marques sont loin de prendre la décision d'arrêter la fourrure sur un coup de tête. L'association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) joue en effet un rôle majeur dans leurs choix. "Des années de campagne de PETA et d'autres militants de la cause animale ont conduit de grandes marques, des créateurs et des pays entiers à proscrire la fourrure", pouvait-on ainsi lire dans un communiqué relayé en décembre 2021.

Une demande des consommateurs et consommatrices

"La mode a toujours été connectée aux mouvances et aux émotions pour anticiper les désirs des consommateurs", remarquait Marco Bizzarri, président-directeur général de Gucci. C'est donc un mouvement de fond, qui accompagne la montée de nouveaux régimes alimentaires sans produits d'origine animale. La fourrure ? Plus facile à éliminer de sa consommation personnelle que le cuir, par exemple. Selon une étude réalisée en août 2020 par l'Ifop et la Fondation Brigitte Bardot, 77% des Français et Françaises interrogées sont favorables à l'interdiction d'élever des animaux dans le seul but de commercialiser leur fourrure. "Les consommateurs de mode d'aujourd'hui ne veulent pas des produits d'une industrie où des lapins pleinement conscients, terrifiés et en proie à une agonie sans pareille se font arracher les poils à grandes poignées", soulignait Mimi Bekhechi, vice-présidente des programmes internationaux de PETA, dans un communiqué diffusé en décembre 2021.

Et la presse alors ?

Le magazine ELLE a annoncé, en cette fin d'année 2021, que ses 45 éditions internationales excluraient désormais la fourrure de ses shootings et de ses pages. La publication rejoint la (trop) courte liste de magazines qui ont déjà pris cette décision — British Vogue, InStyle USA ou encore Cosmopolitan UK. "Une belle avancée à une époque où cette matière archaïque et sanglante est dans une spirale descendante dont elle ne remontera jamais", a déclaré PETA dans un communiqué diffusé en décembre 2021. La bataille s'annonce encore longue et fastidieuse, mais si l'on en croit les nombreuses communications de l'association, elle vaut le coup d'être menée.