Clarisse Agbégnénou, marraine de SOS Prema : "Ma prématurité a été une force"

Ce jeudi 17 novembre est la journée mondiale de la prématurité. Une date symbolique pour SOS Prema, la judokate Clarisse Agbégnénou et Pampers qui lancent un appel aux dons. L'occasion aussi pour l'athlète, marraine de l'association et ambassadrice Pampers de revenir sur ses instants de vie après être née grande prématurée et depuis qu'elle est devenue maman. Entretien.

Clarisse Agbégnénou, marraine de SOS Prema : "Ma prématurité a été une force"
© Lafargue Raphael/ABACA

La prématurité est un sujet qui fait écho à Clarisse Agbégnénou. Dès le berceau, la judokate française multimédaillée a dû livrer son tout premier combat pour pouvoir vivre. Avec son frère jumeau Aurélien, elle est née grande prématurée avec deux mois d'avance. Ses premiers instants de vie n'ont pas été simples pour elle, ni pour ses parents. Elle a été réanimée et placée en couveuse pendant quatre semaines avant d'être opérée d'une malformation au rein. Le combat a ensuite pris un tout autre tournant, lorsque son état de santé s'est dégradé. Les médecins ont été obligés de la plonger dans le coma. Au fur et à mesure, les soignants ont également pensé à la débrancher, mais c'était sans compter sur la détermination de Clarisse. Elle est parvenue à respirer par elle-même et a repris petit à petit des forces. Pendant toute cette période, pour ses parents, l'inconnu était devant eux. Un inconnu terrifiant, marqué par de multiples questionnements. "Mes parents ont beaucoup souffert, je sais qu'ils auraient aimé être accompagnés et savoir si oui ou non leur enfant allait être comme les autres. Alors d'une certaine manière, je veux montrer l'exemple aux autres parents que même si l'on naît prématuré, on peut y arriver dans la vie", nous a confié Clarisse qui est depuis 2019 marraine de l'association SOS Prema.

Une enfant ordinaire à la santé fragile

Comme d'autres enfants nés prématurément - environ 55 000 chaque année en France - Clarisse a eu une santé fragile pendant de longues années. Les rendez-vous médicaux ont rythmé son enfance. Au début, elle allait à l'hôpital toutes les semaines, puis tous les quinze jours, tous les mois et petit à petit tous les six mois. Jusqu'à l'âge de 13-14 ans, elle tombait régulièrement malade mais à chaque fois comme elle le dit elle reprenait rapidement "du poil de la bête". Elle n'a eu aucun retard, ni pour marcher, ni pour communiquer. Quand elle n'était pas malade, elle était une petite fille tonique, souriante et énergique, comme peuvent l'être de nombreux enfants. 

Ce qui lui a permis de tenir et de surmonter ses obstacles, c'est en partie grâce à ses parents et à l'éducation qu'ils lui ont transmis. "Quand j'étais enfant, mes parents n'avaient pas plus peur que ça pour moi. Ils sont assez pudiques. Pour eux, si j'étais en vie ça voulait dire 'lève toi et marche'. Ils ne m'ont pas considéré comme un enfant différent, au contraire. Certes, j'étais chouchoutée mais dans le bon sens du terme, j'étais la seule fille. Ils ne m'ont pas fait de traitement de faveur. Grâce à ça, je ne me suis jamais sentie différente des autres enfants. Cela m'a permis d'avancer comme je le voulais, je n'ai pas laissé les autres me dire 'tu es fragile, vas y plus doucement', non, j'y allais", se remémore la jeune femme. Sa force lui a aussi permis d'aller loin, et c'est ce qui lui a forgé inconsciemment son mental pour se surpasser. "Me battre pour sortir du coma m'a donné une force indescriptible, une force presque innée, qui est en moi depuis tout ce temps. Je me suis battue dès mon premier souffle, et depuis ça m'accompagne. C'est mon talent caché", avoue-t-elle en riant. 

Une maternité sans angoisses ou presque

Aujourd'hui, à 30 ans, Clarisse est devenue maman à son tour, d'une petite fille prénommée Athéna qui est née à terme, sans complications. Pendant sa grossesse, la judokate avoue n'avoir pas eu d'inquiétudes particulières quant à une possible naissance prématurée. "Je n'ai pas eu peur plus que ça, déjà parce que j'étais enceinte que d'un seul bébé. J'associais je pense la prématurité avec une grossesse gémellaire. Puis quand j'ai eu ma dernière échographie et que j'ai vu qu'elle pesait plus lourd que moi, j'étais rassurée", explique-t-elle. À la naissance de sa fille tant attendue, comme beaucoup de parents, elle a ressenti certaines peurs assez courantes. "Quand elle dort je vais vérifier qu'elle respire bien, en voiture je fais très attention, j'ai des peurs que d'autres mères peuvent avoir." En aucun cas la prématurité qu'elle a vécue petite a eu un impact sur son rôle de mère.

Un appel aux dons vital

Entre sa carrière de sportive, sa vie de femme et son rôle de maman, Clarisse partage aussi son temps avec l'association SOS Prema qui accompagne les bébés prématurés et leurs parents. Une cause qui lui tient particulièrement à cœur. Cette année, à l'occasion de la journée mondiale de la prématurité, qui se tient ce jeudi 17 novembre, la judokate et la marque Pampers lancent une campagne de sensibilisation ainsi qu'un appel aux dons en faveur de SOS Prema. L'objectif est double : sensibiliser le plus grand nombre sur la cause de la prématurité, car elle peut concerner n'importe quelle famille, et récolter des dons afin de financer l'achat de matériels et améliorer les conditions d'accueil des parents dans les unités de néonatologie. Cela passe notamment par le fait de rapprocher les parents de leurs enfants, qui peuvent être éloignés géographiquement entre leur domicile et l'hôpital, mais aussi favoriser le lien d'attachement entre le parent et l'enfant grâce au peau à peau, qui était jusque-là enlevé aux familles dû faite de la pandémie. Pour faire des dons sur le site de l'association : don.sosprema.com.

Merci à Clarisse Agbégnénou d'avoir répondu à nos questions.