Mon enfant n'a pas d'amis à l'école : faut-il s'inquiéter ?

Certains enfants peinent à se faire des amis à l'école. Une situation qui ne doit pas être minimisée, car elle peut révéler un mal-être profond. Le psychologue Philippe Scialom explique pourquoi et comment réagir.

Mon enfant n'a pas d'amis à l'école : faut-il s'inquiéter ?
© volurol-123RF

S'intégrer à l'école n'est pas simple pour tous les enfants, surtout quand ils ont peu d'amis et passent beaucoup de temps seuls dans la cour. Mais il faut faire la différence : "soit l'enfant a toujours été isolé, soit la solitude est apparue à un moment précis. Dans le premier cas, l'isolement date de la maternelle, à la période de la sociabilisation", explique Philippe Scialom, psychologue. Dans ces situations, l'enfant peut pleurer avant d'aller en classe, manquer d'assurance dans un groupe et être qualifié de timide. Les parents doivent alors l'encourager à aller vers les autres, lui rappeler que ce n'est pas grave si certains refusent de jouer avec lui, et le pousser à s'exprimer, même à la maison. Si rien ne change, la solitude devient une source de souffrance.

Pourquoi certains enfants se replient-ils sur eux-mêmes ?

Ce problème, si c'en est vraiment un, touche davantage les filles que les garçons… "Cela se manifeste ainsi : tout allait bien avec les autres au début et puis d'un seul coup, il y a eu une rupture. Elles ont besoin de s'affirmer entre elles, de se comparer. Elles peuvent se renvoyer des choses très dures… À cette époque, les filles ont des amitiés exclusives. Si ça ne va pas, elles vont vivre ce moment comme un abandon. Ce problème touche moins les garçons, car ils sont plus ouverts sur le groupe, les jeux de ballon favorisant la sociabilisation", souligne Philippe Scialom. Chez les ados, l'isolement peut s'aggraver. "Les parents doivent être à l'écoute, inciter leur enfant à aller vers les autres, proposer des choses… Il y a une vraie souffrance. D'autant que cela peut être un déclencheur pour autre chose. Les relations avec autrui ne sont jamais anodines. D'autant qu'elles reflètent les liens qu'on a eus avec ses parents", ajoute le psychologue.

Quelles sont les causes possibles de la timidité ?

Un enfant timide évite souvent anniversaires, soirées ou jeux de groupe. Des difficultés de langage peuvent renforcer l'isolement : incapable de négocier un jouet, il s'écarte ou devient agressif. Le climat familial joue aussi un rôle. "Beaucoup de parents viennent ensuite me voir et me disent : "C'est incroyable, à la maison mon enfant est joyeux, et à l'école, on me le décrit comme quelqu'un de replié sur lui, qui n'a pas d'amis", note Philippe Scialom. À la maison, l'enfant se sent en sécurité, mais reste démuni sans ses parents, faute d'autonomie. Il peut aussi se taire pour protéger sa mère ou son père. Des déménagements répétés fragilisent également ses amitiés et multiplient les ruptures.

Comment aider un enfant isolé ?

Sans être intrusifs, les parents peuvent poser des questions simples de temps en temps : "Avec qui as-tu joué ? Veux-tu inviter un copain à la maison ?". Parler avec l'enseignant aide aussi à comprendre la situation. Le dialogue est clé, mais les activités collectives comme le théâtre ou les scouts renforcent la sociabilité. Une consultation peut aussi débloquer les choses : plus tôt elle a lieu, mieux c'est.

Certains profils, comme les enfants précoces, demandent un accompagnement particulier. "Une fois, un jeune est venu me voir dans mon cabinet. Il m'a dit : "Les autres ne m'intéressent pas, je n'ai pas envie d'avoir un iPod comme tout le monde… Je lui ai répondu : "Intéresse-toi à ce qu'ils font, même si tu parles de la pluie et du beau temps", rapporte le spécialiste. "La communication, c'est important. Tout petit, il faut expliquer à l'enfant comment on fait pour parler de la pluie et du beau temps. Si on ne lui a pas appris, il lui sera difficile de pouvoir nouer ce genre de conversation."

Autour du même sujet
  • Ulis école jusqu'à quel age > Accueil - Ecole maternelle et primaire