Pourquoi mon enfant est-il nerveux ?

Votre enfant peine à se concentrer à l'école ? Vous avez du mal à le canaliser à la maison, et il souffre de troubles du sommeil ? Ce comportement de "pile électrique" est probablement lié à une agitation psychomotrice. Comment l'expliquer ? Quelles sont les solutions pour aider votre enfant à se calmer ? Réponses et conseils du Dr Anne Boutemy, pédiatre.

Pourquoi mon enfant est-il nerveux ?
© Paulus Rusyanto-123rf

Qu'est-ce qu'un enfant nerveux ? 

Le terme médical employé pour désigner la nervosité de l'enfant est l'agitation psychomotrice. Il s'agit d'un symptôme très fréquent qui recoupe des réalités différentes sur le plan des causes et qui doit être interprété en fonction de l'âge. "Un enfant de deux ans qui touche à tout, qui ouvre les portes des placards, qui découvre son environnement n'a rien d'inquiétant. L'agitation psychomotrice est considérée comme normale jusqu'à environ 6-7 ans. En revanche, au-delà de cet âge-là, les fonctions de gestion de l'attention doivent mûrir et l'enfant doit pouvoir se consacrer à des activités plus calmes", explique le Dr Anne Boutemy. Si l'agitation persiste après 7 ans ou si elle se révèle anormalement accentuée avant cet âge-là, une consultation chez le pédiatre s'impose.  

Quelles sont les causes possibles de cette agitation ? 

Plusieurs causes peuvent être à l'origine d'une agitation chez l'enfant : 

  • Des difficultés d'apprentissage. Certains enfants présentent des difficultés d'apprentissage (troubles " dys " atteignant le langage, la coordination, la cognition mathématique par exemple). "Cela se traduit par beaucoup de fatigue pendant le temps scolaire, et entraîne une grande mésestime d'eux-mêmes. Ce n'est pas normal qu'un enfant à l'école primaire n'aime pas aller à l'école car un enfant aime apprendre à cette période de sa vie", précise le Dr Anne Boutemy. 
  • Des causes psycho-affectives : les parents divorcent, l'enfant se retrouve dans un conflit de loyauté, sa grand-mère est malade, son petit chat vient de mourir, il subit l'angoisse de la séparation, il est victime de harcèlement scolaire. 
  • L'hyperactivité primitive ou Trouble Déficitaire de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA+/-H) : il s'agit d'un diagnostic médical relativement rare. 
  • La carence éducative : c'est la cause la plus fréquente. "Il s'agit d'enfants à qui les limites n'ont pas été posées de manière claire et cohérente et qui n'ont pas appris la frustration. L'apprentissage des limites et de la frustration est la clé du bonheur pour les enfants. Ce n'est pas gratifiant sur le coup de refuser quelque chose à son enfant et de passer pour le méchant ou la méchante, qu'il se roule par terre, mais il n'y a que comme ça que l'on va lui apprendre à se canaliser", indique la pédiatre. 

Comment aider mon enfant à être plus calme ?

Déterminer la cause de l'agitation

La première chose à faire, c'est de rechercher les causes de cette agitation avec l'aide d'un professionnel de santé. Le médecin va vérifier qu'il n'y a pas une souffrance de l'enfant, ni une hyperactivité. "Souvent, lors d'un syndrome de TDAH, les parents ne pensent pas à consulter un médecin, ils se remettent beaucoup en question en disant "ça doit être de notre faute", "on n'y arrive plus", commente la pédiatre.  

Poser des limites à son enfant

Sur le principe, quand on a décidé de poser une limite, il ne faut pas y déroger. On choisit à l'avance ses combats et on s'y tient. "Par exemple, si on se rend au supermarché avec son enfant et qu'il est convenu avec lui qu'il n'aura pas de bonbons, il est vraiment conseillé de s'y tenir, quelle que soit la demande de l'enfant. Dès lors que l'on pose une limite, il ne faut pas céder derrière, au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de l'enfant", prévient la spécialiste. Si on décide qu'on est fatigué(e) et qu'on n'a pas la force de se battre, mieux vaut partir du principe qu'on lui achètera un paquet de bonbons plutôt que de céder à une interdiction qu'on a posée. La règle d'or pour poser des limites à un enfant, c'est de le faire dans le calme. "L'émotion du parent n'a pas sa place, celui-ci doit être convaincu qu'il fait ça pour le bonheur de son enfant, autrement cela ne fonctionnera pas", continue-t-elle. 

La pédiatre tient toutefois à rappeler que le fait de poser des limites à son enfant n'a rien à voir avec le fait d'être brutal. On peut tout à fait être strict tout en étant pédagogue, calme et bienveillant, c'est-à-dire en expliquant à l'enfant les raisons de ce cadre imposé. Par exemple, en disant : "tu n'auras pas de bonbons parce que ce n'est pas bon pour ta santé et que ça donne des caries. On s'assure ensuite que l'enfant a bien compris en fonction de son âge. S'il continue, le Dr Anne Boutemy conseille de continuer à répéter les choses avec bienveillance et avec douceur mais fermeté, ce n'est pas incompatible. 

Autour du même sujet
  • Systeme nerveux > Guide