Homoparentalité : au coeur du débat
Stéphane Clerget, en faveur de l'adoption
Que pensez-vous de l'adoption par un couple d'homosexuels ?
Les personnes célibataires ont toujours pu adopter, je ne vois pas pourquoi deux personnes du même sexe ne pourraient pas faire de même. Pourquoi cela serait-il un problème ? L'orientation sexuelle ne modifie pas le facteur risque quand il s'agit de fonder une famille : un enfant adopté a surtout besoin d'une famille aimante, qui plus est, il connaît en général ses origines... Il est simplement affilié à deux familles comme n'importe quel autre enfant. Le fait qu'il existe une loi permettant le mariage homosexuel sera rassurant aussi pour les enfants : pour eux, cela signifiera que l'union de leurs parents est valide aux yeux de la société. Et pour les ados d'aujourd'hui en devenir homosexuel, c'est également rassurant qu'il y ait cette légitimité : pour leur bien être psychologique d'abord, et c'est aussi un bon outil de lutte contre l'homophobie.
Selon moi, cela fabrique de l'accouchement sous X, là est le problème. Si une femme part se faire inséminer en Belgique (et cela n'est pas uniquement le fait de femmes homosexuelles), l'enfant ne connaîtra jamais le donneur, son père biologique. Pour avoir suivi de tels enfants, je sais que cela peut être un souci pour eux, être désagréable.
Et la gestation pour autrui ?
Pour moi, ce ne sont pas non plus les meilleures conditions de départ que d'avoir recours à une mère porteuse car l'image de la mère est alors très altérée : il y a là l'idée, sous-jacente, d'une situation d'abandon. Mais encore une fois, ce n'est pas spécifique aux homosexuels.
Que se passe-t-il pour l'enfant quand l'un de ses parents change d'orientation sexuelle ?
Dans le cas d'un parent qui secondairement a une orientation homosexuelle après avoir fondé une famille d'une première union, il faut bien expliquer à l'enfant que ce n'est pas une trahison, que les désirs amoureux peuvent changer au cours d'une vie et au fil du temps. En effet, les enfants peuvent souvent croire à une malhonnêteté de départ, de la part du parent : expliquer que l'amour est capricieux et volatile et apporter des réponses aux questions que l'enfant se pose est alors important. Une petite fille peut par exemple penser que son papa n'aime pas les filles, donc qu'il ne l'aime pas non plus.
Mais concernant le développement de l'enfant, cela ne modifie rien.
Se présente aussi le cas de deux couples d'hommes et de femmes qui élèvent en commun des enfants : ceux-ci connaissent leurs origines et leurs deux familles. Là encore ce qui change, c'est uniquement le regard extérieur. Eux sont des enfants comme les autres !
Ce qui est douloureux pour un enfant, c'est la rupture, plus que le fait d'avoir deux papas ou deux mamans. Bien sûr les conflits sont possibles, mais d'expérience, si les enfants sont bien informés des droits et des devoirs de chacun, il grandit tout à fait normalement !
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