L'instinct maternel est-il inné et commun à toutes les femmes ?

L'instinct maternel est souvent perçu comme une sorte de "super-pouvoir" que possèdent les mamans et qui leur permettrait de mieux comprendre leur nourrisson. Mais existe-t-il vraiment ? Et les hommes dans tout ça ?

L'instinct maternel est-il inné et commun à toutes les femmes ?
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L'instinct maternel fait l'objet de nombreux questionnements. Les premières concernées, les jeunes mamans elles-mêmes, ont parfois bien du mal à comprendre cette notion. Cet instinct maternel serait une sorte de connexion entre la maman et son bébé, lui permettant de comprendre les moindres pleurs de bébé. D'après Corinne Antoine, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, "cet élan maternel, qui n'est pas systématique, est défini comme une forme d'état psychologique, affectif et corporel, qui amènerait la mère à avoir une attitude protectrice, sécurisante pour son enfant, et qui lui apporte ce dont il a besoin". 

L'instinct maternel est-il inné ou acquis ?

Corinne Antoine estime que l'instinct maternel n'est pas seulement inné : "Il y a aussi une part d'acquis". Chez les animaux, l'instinct est génétiquement programmé. Pour les humains, ce n'est pas tout à fait pareil. Il va effectivement y avoir quelque chose de primitif dans l'envie de protéger l'enfant et d'assurer sa sécurité. Mais c'est aussi quelque chose qui se construit depuis l'enfance, notamment avec ce que l'on observe de nos parents, et qui va se transmettre. "Il va aussi se développer au contact de son propre enfant, en l'observant, en regardant comment il réagit à certaines choses, en découvrant ses goûts", précise la psychologue

Toutes les mamans ont-elles un instinct maternel ?

Pour certaines mamans, l'instinct maternel va se développer dès la grossesse. Elles vont parler à leur ventre, sentir qu'elles ont déjà une relation avec l'enfant… "Pour certaines femmes, c'est quelque chose qui est là. Pour d'autres, cela va se construire, s'enrichir au fur et à mesure, grâce au lien et à l'attachement à l'enfant. Cet attachement va se développer grâce aux hormones, mais aussi au contact de l'enfant", souligne Corinne Antoine. "Il ne faut pas confondre l'instinct maternel et l'amour maternel. Chez les humains, c'est l'amour qui passe avant tout", souligne-t-elle.

Avoir l'instinct maternel : comment cela se manifeste-t-il ?

Dans la presse, on lit parfois des histoires de mères qui ont sauvé leur enfant d'une grave maladie que les médecins confondaient avec une pathologie moins inquiétante, justement grâce à leur instinct maternel. Cependant, ce ne serait pas forcément l'instinct qui leur permettrait de comprendre que leur progéniture va plus mal qu'on pourrait le penser. "Je pense que c'est de la construction mentale. Parce qu'on a porté l'enfant, on le connaît depuis qu'il est tout petit, et on connaît ses réactions. On sent donc si c'est plus grave que ce que le corps médical dit, parce qu'on sait qu'il n'agit pas de la même façon. Il est donc difficile de savoir si c'est vraiment de l'instinct", indique Corinne Antoine.

De la même manière, si on entend mieux pleurer le bébé la nuit, si on distingue le cri de son enfant parmi d'autres, ou si on comprend ce que ses pleurs signifient, ce n'est pas nécessairement parce qu'on a un instinct maternel. "Quand on a un enfant, on n'est plus tout seul. Forcément, on a une oreille plus attentive et on apprend à connaître ses réactions", explique la psychologue.

Les hommes ont-ils aussi un instinct paternel ?

On parle souvent d'instinct maternel, mais rarement (voire jamais) d'instinct paternel. Pourtant, les hommes aussi peuvent développer cette faculté. "Le cerveau humain a trois grandes périodes de plasticité, où il se modifie beaucoup : au début de l'enfance, à l'adolescence, puis pendant la grossesse. Et le père aussi a cette plasticité du cerveau. Lui aussi peut développer cet instinct parental comme on vient de le définir", assure Corinne Antoine.

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