L'industrie de la parfumerie est-elle sur la sellette ?

Depuis juin 2012, l'industrie de la parfumerie est dans l'attente. En effet, un rapport scientifique mandaté par la Commission Européenne met en cause de probables ingrédients allergisants présents dans de nombreux parfums.

L'industrie de la parfumerie est-elle sur la sellette ?
© Leonid & Anna Dedukh

Le monde de la parfumerie se voit quelque peu ébranlé depuis l'apparition, en juin 2012, d'un rapport scientifique plutôt menaçant. Ce rapport de plus de 300 pages a été mené par Ian White et mandaté par la Commission européenne. Comme l'indique le quotidien Le Monde, le dermatologue anglais souhaite interdire purement et simplement au moins trois ingrédients hypothétiquement allergisants mais également limiter l'utilisation de certaines substances naturelles. Parmi une quinzaine de molécules en cause, le géraniol, que l'on retrouve notamment dans le citron, le géranium ou la rose et donc dans un très grand nombre de parfums. Interrogé en novembre 2012 par le journal The Independant, le dermatologue expliquait : "Il ne s'agit pas d'un problème mineur. Après le nickel, les fragrances représentent la plus grande source d'allergies. Or tout ce qu'on applique sur la peau contient du parfum : les déodorants, les crèmes pour les mains, les sprays pour le corps. Il ne s'agit pas de protéger simplement les populations déjà sensibles. Il faut aussi préserver les jeunes générations et leur éviter de déclencher un jour des allergies."

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Un rapport scientifique met en cause des ingrédients contenus dans les parfums. © Leonid & Anna Dedukh

Évidemment cette étude pose une réelle problématique dans l'univers de la parfumerie. Christopher Sheldrake, parfumeur et directeur de recherche-développement chez Chanel s'est d'ailleurs confié au Monde en expliquant : "Si la Commission européenne décidait d'appliquer cette partie du rapport à la lettre, toute la parfumerie serait bouleversée". Le parfumeur Frédéric malle fait lui aussi, part de ses inquiétudes : "La validation par Bruxelles des résultats de ce rapport nous priverait d'un grand nombre de matières naturelles. Ce serait la fin de la parfumerie telle qu'on la connaît aujourd'hui. Et la ruine pour les paysans producteurs." Ce rapport, loin d'être pris à la légère, impose donc un minimum d'enquête de la part de la Commission européenne. Frédéric Vincent, porte-parole santé et protection des consommateurs à Bruxelles a d'ailleurs précisé : "Aucune décision ne sera prise dans les semaines à venir. La Commission doit encore consulter les Etats membres, l'industrie, ainsi que les associations de consommateurs." Si la Commission européenne statuait en faveur des propositions du docteur White, certains parfums mythiques pourraient bien disparaitre et l'industrie de la parfumerie pourrait subir alors, de gros préjudices notamment d'un point de vue financier.