JC de Castelbajac, Manish Arora, Margaux Lonnberg... : Cop21, quand les créateurs mode nous parlent environnement Jean-Charles de Castelbajac

 

Quel petit (ou grand) geste faites-vous pour la planète ?
J'ai une conscience de l'inconscient en fait. Tout ce que je fais j'essaye de le faire en phase avec ça. J'ai arrêté de coller des chewing-gums sous les tables, je ne dessine plus avec des feutres toxiques (j'utilise des Posca parce qu'il y a de l'eau dedans). Je refuse de prendre des sacs en plastique quand je suis dans un magasin. Je marche beaucoup et je fais du vélo.
J'ai également redéveloppé cette culture de la main verte, j'essaye que mes fleurs durent plus longtemps… C'est des petites choses en fait. Et puis je suis très conscient du problème de l'eau donc, par exemple, je ne prends plus que des douches, j'ai arrêté les bains.
Et puis évidemment j'ai fait cette fresque géante qui me tient très à coeur sur la façade de l'aéroport d'Orly à l'occasion de la Cop21 !

Qu'est-ce qui vous révolte le plus ?
L'inconscience collective dans un premier temps. Mais aussi la présence du plastique, et pourtant on s'en sert tous… La dernière fois que ça m'a vraiment frappé c'était dans le désert, entre Essaouira et Casablanca : tout est constellé de sacs en plastique qui volent au vent. Tout ce qui est créé par l'homme et qui n'est pas recyclable me semble être quelque chose d'ubuesque et de tout à fait révoltant ; ça va du filtre des mégots de cigarettes aux sacs en plastique. Aux Etats-Unis, bien qu'ils ne soient pas des exemples, les supermarchés sont tous passés aux sacs en papier. 

Si vous étiez un super-héros, que changeriez-vous pour venir en aide à l'environnement ?
Il y a un super héros qui est né de la conséquence d'une tragédie, à savoir la bombe d'Hiroshima. C'est un personnage de manga tout à fait exceptionnel qui s'appelle Astroboy. Il est né du nucléaire et se bat contre lui. Je serais donc Astroman puisque je ne suis plus un " boy ". 

Quel lieu voudriez-vous préserver à tout prix ?
Vous savez, ce qui est terrible c'est que, en tant qu'artiste, j'arrive à trouver de la beauté à tous les lieux, même les plus dévastés par la pollution. J'ai vu un jour un monceau de détritus au Brésil et c'était d'une beauté transcendantale. Donc c'est affreux mais la beauté elle est malheureusement partout.
Mais pour répondre à votre question, si je devais préserver un lieu de toute cette pollution ce serait très égoïstement le lieu de mes origines, de ma famille : le Gers. C'est une région qu'il faut, encore aujourd'hui, vraiment conquérir et désirer.

Avez-vous une mauvaise manie pas très écolo ?
J'en ai encore beaucoup mais j'essaye vraiment de les maîtriser. Mais je vais vous dire une chose. Déjà, le mot " écolo " je ne le trouve pas très rigolo, il a une vraie mauvaise connotation et ne donne malheureusement pas envie de l'être, c'est ça qui est terrible. Ça me pose un gros problème en tant que créateur par rapport à l'écologie : quand je vois les marchés bios ou l'esthétique vestimentaire de l'écolo, j'y vois une espèce de " coolerie " qui ne correspond pas à ma vision de ce combat.

Jean-Charles de Castelbajac devant sa fresque Cop21 à Orly © Mitia Bernetel

 

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