Mon enfant est ambidextre : est-il HPI ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 85 % et 90 % de la population est droitière, 10 % à 15 % est gauchère, et le petit pourcentage restant serait ambidextre expliquent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin, psychomotriciens et auteurs de l'ouvrage 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants (Ed. Tom Pousse). Cette particularité est liée à la latéralité.

Qu'est-ce que la latéralité ?

La latéralité peut être définie comme la dominance fonctionnelle d'un côté du corps sur l'autre principalement au niveau de l'œil, de la main et de la jambe.  "Il s'agit d'un processus neurologique progressif. La 'latéralisation' s'achève généralement aux alentours de 8 ans chez l'enfant bien que nous constaterons bien plus tôt chez lui une préférence plus marquée pour l'une de ses mains (qui s'observe principalement lors des manipulations d'objets). L'origine exacte de la latéralité est méconnue mais elle est issue de l'association de différents facteurs endogènes (facteurs génétiques, héréditaires, endocrinologiques...) et exogènes (imitation, pressions socioculturelles, adaptations au milieu…)", expliquent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

L'ambidextrie désigne une habileté égale des deux côtés du corps

Quelle est la définition de l'ambidextrie ?

L'ambidextrie est la capacité à utiliser avec la même adresse les deux côtés du corps, ce qui est très rare contrairement aux idées reçues. "Elle est souvent confondue avec une latéralité mal affirmée, sans dominance claire, qui se constate chez une personne qui emploie parfois une main, parfois l'autre pour une même action, avec une certaine maladresse. Il existe d'autres nuances intéressantes comme l'ambilatéralité lorsqu'une personne préfère réaliser certaines tâches avec une main mais certaines autres avec l'autre main. Nous ne sommes en effet pas obligatoirement droitier ou gaucher à 100% dans tous les actes de la vie quotidienne : certains enfants par exemple disent écrire d'une main mais préférer rattraper une balle de l'autre", soulignent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

Pourquoi et comment un enfant devient-il ambidextre ?

"Chaque main étant contrôlée par un hémisphère cérébral différent (la main droite est contrôlée par l'hémisphère gauche et la main gauche par l'hémisphère droit), l'ambidextrie 'vraie' pourrait alors théoriquement provenir d'une particularité au niveau de cette spécialisation hémisphérique. Il peut également s'agir d'une faculté acquise, fruit d'un entrainement, comme un gaucher qui se serait beaucoup entrainé de la main droite pour s'adapter à un monde conçu préférentiellement pour les droitiers ou encore un footballeur qui entrainerait beaucoup sa jambe gauche pour développer un jeu plus équilibré", précisent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

L'ambidextrie vraie n'est en soit pas pathologique et n'a donc pas besoin d'être corrigée.

Faut-il faire un bilan à un enfant ambidextre ?

"En revanche, il peut être intéressant de déterminer s'il ne s'agit pas plus vraisemblablement d'une latéralité mal affirmée. Nous décrivons dans notre ouvrage des correspondances entre des repères d'âges et des compétences attendues mais quelques signes peuvent constituer des signes d'alerte comme lorsqu'à 6 ans aucune préférence manuelle n'est encore observable. Une maladresse notable et une écriture peu lisible et/ou très lente, accompagnée de tensions musculaires doivent aussi alerter", insistent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

Quel impact sur la scolarité ?

A priori peu car l'ambidextrie, quand elle est "vraie", n'est en soit pas pénalisante. "Une latéralisation tardive, voire peu marquée, peut cependant occasionner de la maladresse et nuire également au développement des notions spatiales", soulignent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

Doit-on forcer un enfant à utiliser une seule main ?

Surtout pas ! Par le passé, les gauchers étaient très fortement incités à changer de main mais ce n'est heureusement plus le cas depuis de nombreuses années.  "Il n'y a évidemment plus lieu de forcer de nombreux gauchers à écrire avec leur main droite, dans l'espoir de les 'convertir' en droitiers. Il est à ce titre primordial de ne pas influencer le choix de la main de l'enfant par des facteurs environnementaux. Pour ce faire, il faut disposer le matériel, au centre du bureau, devant lui, afin de ne pas interférer dans son choix. En cas de soutien personnalisé, il faut aussi se positionner à côté et non en face de l'enfant et utiliser la même main que lui lors des démonstrations pour faciliter son imitation en lui évitant d'inverser ses repères par rapport au modèle", soulignent Aurélien D'Ignazio et Juliette Martin.

Existe-t-il un lien entre HPI et ambidextrie ?

Le Haut Potentiel Intellectuel concerne des personnes, parfois appelées zèbres et par le passé qualifiées de surdouées, qui ont un Quotient Intellectuel (QI) compris entre 130 et 160 alors que 50 % de la population a un QI situé entre 90 et 110. Les HPI ne représentent que 2,3 % de la population. "Le HPI n'est pas un trouble mais plutôt une particularité de fonctionnement. Un haut potentiel intellectuel offre davantage de protection que de vulnérabilité dès lors qu'il est détecté et pris en compte par le corps enseignant."