En quoi consiste le slow parenting ?

Ralentir le rythme, déstresser, prendre davantage de plaisir dans l'éducation de nos enfants... Le slow parenting, un concept qui s'avère bénéfique pour toute la famille. Le point sur ce nouveau modèle parental avec la thérapeute Malvina Girard.

En quoi consiste le slow parenting ?
© Alena Ozerova - 123rf

Le slow parenting est un mouvement mis en place aux Etats-Unis il y a quelques années, après que des spécialistes aient tiré la sonnette d'alarme sur les limites de vivre trop vite et du trop bien faire. Un rythme effréné générant un stress important. L'objectif du slow parenting : "ramener du temps et du plaisir au centre de la relation parent-enfant" révèle Malvina Girard, thérapeute, sophrologue et auteure du livre le "Le Slow Parenting", aux éditions Hachette. 

Respecter le rythme naturel de l'enfant

Exception faite de certains enfants précoces, un enfant, par nature, n'a pas un rythme effréné. Or, aujourd'hui, "beaucoup de parents inscrivent leur progéniture à une multitude d'activités extra-scolaires" regrette la thérapeute estimant que ce mouvement de slow parenting a notamment été mis en place pour contrer le phénomène des hyper parents, appelés aussi "parents hélicoptères", s'évertuant à ce que leurs bambins atteignent une sorte de représentation idéale de l'être humain impliquant de bons résultats scolaires mais aussi l'apprentissage de plusieurs langues, activités sportives, artistiques et musicales. Résultat ? "L'enfant s'exécute mécaniquement sans intégrer ce qu'il est en train de faire" alerte-t-elle. Autre conséquence, le stress, se manifestant de plus en plus tôt, parfois dès 6 ans, via de l'anxiété, des crises de panique, une boule au ventre, un bégaiement ou une augmentation du rythme cardiaque.

La solution : ralentir le rythme en réduisant ses activités extra-scolaires et en priorisant nos impératifs pour parvenir à se dégager du temps. Quitte, parfois, à lui faire sécher son cours de karaté pour faire autre chose ensemble. "C'est d'ailleurs très excitant de mettre un peu d'imprévu et cela va lui apprendre à s'adapter plus tard quand tout ne se passera pas forcément comme prévu" explique Malvina Girard.

Profiter de l'instant présent

L'autre vocation du slow parenting est de permettre à l'enfant et ses parents de profiter de l'instant présent. Comment ? En offrant à notre chérubin les dons les plus précieux : du temps, de l'écoute, de la disponibilité afin de l'aider à découvrir véritablement qui il est. Consacrer du temps de qualité à l'enfant implique de lui laisser le temps d'explorer, sans le diriger, afin qu'il développe sa créativité et puise des ressources en lui-même pour apprendre à se faire confiance.

Des qualités qui l'aideront, plus tard, à mieux gérer les situations - contrairement à ceux que l'on appelle les "singes savants", ces enfants auxquels on a constamment dit quoi faire et qui, à l'âge adulte, manquent totalement d'autonomie - et à faire des choix qui lui correspondent et le rendent véritablement heureux. Un bonheur qui ne passe pas forcément par l'achat d'une grande maison et d'un bateau car"beaucoup d'entre nous croit encore que le bonheur est lié au matériel et transmette ce modèle-là à leurs enfants en leur faisant des cadeaux plutôt qu'en leur consacrant du temps", regrette la spécialiste. La preuve, lorsque l'on demande à un enfant de se remémorer l'un des meilleurs souvenirs, il évoque rarement le déballage de ses cadeaux de Noël. Ce sont les moments de partage qui priment.

Instaurer des temps de "slow parenting"

On adapte le slow parenting en fonction de nos goûts respectifs et de notre disponibilité. Pour certains, ce sera au moment du dîner (on coupe smartphones et télé, on échange en famille), ou en s'adonnant à un jeu de société. Les jeux de rôle aussi fonctionnent bien, chacun mime un personnage ou des situations. Faire un gâteau, jardiner ou plier le linge ensemble peuvent aussi se muer en temps de slow parenting. Pour le linge par exemple, on peut demander à son enfant s'il reconnaît ses affaires, puis les lui faire ranger dans ses tiroirs. Une façon ludique de l'impliquer, d'autant plus que les petits adorent nous imiter. A nous, en retour, de le valoriser en le félicitant. Autre moment propice au slow parenting : l'histoire du soir. Quel plaisir de nous voir assis à côté d'eux, pouvoir nous écouter et nous poser des questions auxquelles on va prendre le temps de répondre autre chose que les sempiternels "attends" et "plus tard". Ce qui importe, selon l'experte, est de ne jamais faire les choses par contrainte, il s'agit de choisir ce qui nous plaît et s'y adonner de bon cœur.

Privilégier la qualité à la quantité

Nous sommes évidemment tous pris dans le tourbillon de nos rythmes, difficile donc d'instaurer le slow parenting en permanence. Bonne nouvelle, ce qui rend heureux n'est pas la quantité mais la qualité du temps de partage. On l'applique donc quand on peut, en vacances, le soir, le weekend. Le tout est d'essayer de s'organiser pour lui offrir des moments de pause où il n'a pas à courir. Néanmoins, "si le matin on est à la bourre, on a tout à fait le droit de dire à son enfant 'dépêche-toi'" rassure la thérapeute. On relègue alors le slow parenting à un moment plus propice. Si c'est récurrent en revanche, qu'il traîne au petit-déjeuner ou pour s'habiller, peut-être qu'en le réveillant un peu plus tôt, il parviendra à être prêt à l'heure sans avoir eu besoin de se dépêcher.

Le laisser s'ennuyer

Il vient se plaindre qu'il s'ennuie ? Invitons-le à trouver lui-même comment s'occuper. On peut, par exemple, lui dresser une liste d'activités qui lui ont plu et lui proposer d'aller piocher dedans, ou d'en dégoter une nouvelle. Si on comble sans cesse son ennui en lui énumérant des choses à faire, il va prendre l'habitude de se reposer sur nous sans aller puiser dans ses propres ressources et travailler sa créativité. Evidemment, au début, il risque de bougonner, à nous donc de le rassurer, lui expliquer qu'on lui fait confiance et qu'il va trouver. "Un bon parent n'est pas celui qui fait tout, mais celui qui laisse l'enfant avancer à son rythme en fonction de son âge et de ses capacités" rappelle Malvina Girard. D'autant que les enfants sont capables d'accomplir de grandes choses si on leur en laisse l'opportunité.

Tisser des liens

Autre bienfait du slow parenting, et non des moindres, le plaisir qu'il procure. Etre ensemble, partager des moments, mieux se connaître l'un l'autre permet d'instaurer un rapport authentique, profond, donnant lieu à une relation saine et forte, y compris dans l'avenir, car un vrai lien parent-enfant se sera tissé. Un exemple relationnel que l'enfant va par la suite reproduire avec son entourage en prônant le bien-vivre ensemble. Quant à nous, cela nous aura permis de savourer pleinement chaque moment passé avec nos petites têtes blondes qui grandissent si vite !

 

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