Mon enfant ne veut pas faire ses devoirs : causes, conseils

Chaque soir, au moment des devoirs, votre enfant se braque ? Explications et solutions pour nous aider à aborder plus sereinement ce rituel avec Nathalie Anton, psychologue et enseignante.

Mon enfant ne veut pas faire ses devoirs : causes, conseils
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Pourquoi un enfant refuse de faire ses devoirs ?

Pour Nathalie Anton, psychologue et professeur de Français qui a également publié "Non, votre ado n'est pas feignant" (Ed. Eyrolles), le refus de faire ses devoirs peut être tout simplement dû à la fatigue. "Pour un enfant qui sort d'une longue journée de cours, rentrer à la maison et se mettre encore au travail, peut être pénible, il n'a pas envie, il est fatigué". D'ailleurs, les devoirs, ce n'est pas si simple, explique-t-elle : "On croit qu'il s'agit juste d'exercices d'application de ses apprentissages, mais lorsqu'il se retrouve seul devant son cours, parfois, ce qui lui paraissait simple en classe avec l'enseignant ne l'est plus autant. Passer de la théorie à la pratique n'est pas toujours évident, surtout qu'à la fin de la journée, il est moins concentré". S'il éprouve des difficultés, le moment des devoirs va alors lui donner l'impression de ne pas y arriver. Ou le faire se sentir sous pression, avoir le sentiment que ses parents ou son professeur attendent trop de lui. Résultat, pour s'en prémunir, il résiste. S'il y a un conflit avec son enseignant, l'impression que quoi qu'il fasse, il ne l'apprécie pas et lui mettra toujours de mauvaises notes, cela risque aussi de le démotiver à s'y mettre. D'autre part, inconsciemment, traîner à faire ses devoirs permet à l'enfant d'accaparer son parent plus longtemps. Même si ce n'est pas du temps de qualité, que c'est conflictuel, ça maintient la relation. Enfin, rechigner à se mettre au travail peut aussi tout simplement traduire une envie de l'enfant de faire autre chose : jouer, téléphoner à ses amis, se détendre.

"les devoirs, ce n'est pas si simple"

Comment faire aimer les devoirs aux enfants ?

"Certains préfèrent s'y mettre directement en rentrant pour s'en débarrasser, d'autres préfèrent jouir d'un sas de décompression, se détendre un peu au parc ou dans leur chambre avant de s'y mettre", constate Nathalie Anton. Si elle rappelle qu'il est important que l'enfant prenne un goûter avant, elle suggère de ne pas attendre trop longtemps sinon, cela risque d'être difficile de s'y mettre ensuite. Pour autant, il ne s'agit pas de l'oppresser d'emblée en lui demandant si ses devoirs sont faits. "Le temps du goûter va aussi permettre au parent de se détendre avant de l'accompagner dans ses devoirs. Ca évitera de décharger l'énervement et la frustration accumulés durant la journée de travail sur l'enfant qui devient paratonnerre avec ses devoirs", constate-t-elle. Et pour cause, la colère, le stress ou la peur ne sont pas des émotions favorables à l'apprentissage. On s'efforce donc de rester aussi calme que possible et de ne pas entrer dans un rapport de force. D'ailleurs, il y a des enfants qui attendent ce rapport de force pour pouvoir justifier le fait de ne pas faire leurs devoirs, car lors du conflit, le parent peut finir par jeter l'éponge. Au contraire, on essaie de lui montrer qu'on lui fait confiance, par exemple en le laissant, s'il le souhaite, faire ses devoirs seul de temps en temps, et en vérifiant ensuite qu'ils ont bien été faits.

Comment faire quand on n'arrive pas à lui faire faire ses devoirs ?

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Rien n'y fait, il s'oppose ? "Dans une situation de tension où l'enfant ne veut pas faire ses devoirs, ce qui peut fonctionner, c'est de dire à l'enfant qu'on prend acte de son refus et que l'on va prévenir son professeur. En effet, se lancer dans un bras de fer avec ses parents est peut-être habituel pour lui, mais faire entrer l'enseignant dans la partie pourrait soudain le faire flancher." On s'interroge aussi bien sûr quant aux raisons de son refus. Peut-être se sent-il incompétent parce qu'il n'y parvient pas tout seul. "Les parents ont tendance à penser que passé un certain âge, ils peuvent se débrouiller, mais ce n'est pas toujours le cas", rappelle Nathalie Anton. Ils ont encore souvent besoin que l'on vérifie, voire qu'on leur donne un coup de main ou qu'on les interroge. Et on n'oublie pas de l'encourager et de le féliciter pour booster son sentiment de compétences. Au passage, on lui rappelle que le but n'est pas qu'il décroche une bonne note, mais, qu'à force d'apprendre, cela devienne plus facile. Ainsi, "il va intégrer que le travail fourni à la maison a des bénéfices sur sa compréhension, sur sa mémoire", note-t-elle. Enfin, pour que faire ses devoirs ne vire pas au déplaisir, on trouve des stratégies : le laisser choisir de commencer par sa matière préférée ou l'inverse. Lui faire des quiz, et pour les plus jeunes, leur acheter un matériel qui leur donne envie de s'en servir. Dernier point important selon Nathalie Anton : si les devoirs doivent être effectués, ils sont faits pour se tromper. "Quand je donne des devoirs à faire mes élèves, je n'attends pas qu'ils reviennent avec les réponses parfaites. On va corriger ensemble et je vais ainsi me rendre compte de l'écart qu'il y a entre ce que je leur ai appris pendant mon cours et leur compréhension et pouvoir retravailler avec eux". 

"On n'oublie pas de l'encourager et de le féliciter pour booster son sentiment de compétences"

Doit-on punir un enfant qui refuse de faire ses devoirs ?

"Les devoirs, il y en a tous les soirs. Et on ne va pas pouvoir punir son enfant quotidiennement, s'il refuse de les faire", estime Nathalie Anton. Elle suggère plutôt de discuter avec lui pour trouver une solution et qu'il accepte de s'y mettre. On commence donc par l'interroger sur les raisons de son refus. Eprouve-t-il des difficultés ? Est-il fatigué ? On peut aussi discuter avec l'école, car elle peut être source de solutions.

Le refus des devoirs peut-il cacher un problème de phobie scolaire ? 

Et si ce refus de faire ses devoirs traduisait un début de phobie scolaire ? "La phobie scolaire est très complexe, mais, le refus de faire peut traduire quelque chose sur la relation que l'enfant entretient avec ses enseignants et avec l'école", concède la psychologue et enseignante. "Il est naturel pour un enfant d'apprendre, en conséquence, quand soudain l'apprentissage se bloque, qu'il n'a plus envie, il est important de comprendre pourquoi", ajoute-t-elle. On dialogue avec l'enfant et si besoin, on prend rendez-vous avec son professeur pour trouver des solutions.

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