Rythmes scolaires, parents et instits témoignent Délégué de parents d'élèves ou prof : quel regard ?

Pour Anne Coret, chargée du dossier rythmes scolaires à la FCPE 75, aucun problème visiblement. Sa fille, en CM1 dans une école primaire du 20è en ZEP participe à des ateliers de danse hip hop et de lecture. Que l'on évoque les fameux ateliers "pliage de serviettes", cela ne semble pas la déranger : "Je ne vois pas le problème pourvu que les enfants s'éclatent ! Ce ne sont pas des temps intensifs : plier des serviettes n'est pas un inconvénient si c'est un moment que les enfants passent ensemble. Ils apprennent à le faire sans se disputer, c'est éducatif. C'est juste un moment collectif pour eux".

Pour Isabelle Pin, parent d'élève élue FCPE à Plaisance du Touch (Haute-Garonne), tout semble rouler aussi : "Nous avons établi les rythmes scolaires et fonction des travaux de chrono-biologistes ; Les parents ont joué le jeu pour le bien des enfants".

Côté PEEP, nos demandes sont curieusement restées sans réponse...

Et les profs, dans tout ça ? On sait déjà que le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, appelle à une grève massive des enseignants le 5 décembre, contre cette réforme et que le gouvernement, lui, s'illustre par son inflexibilité. Font-ils grève parce qu'eux non plus, ne souhaitent pas travailler un jour de plus ? Joffrey, professeur en Ce2 dans une école d'Aubervilliers, dénonce : "L'opinion d'une partie de la population envers les professeurs fonctionnaires est parfois méprisante... On pourrait demander à ces mêmes personnes si elles aimeraient se déplacer un jour de plus sans avoir une seule revalorisation (le gel des salaires se poursuit pour les enseignants)."  Mais sur le fond, "La majorité des enseignants reconnait que le rythme n'était plus possible en l'état, sur 4 jours, donc 8 demi-journées avec un rythme si lourd et un programme si chargé...". Entre le retour de l'école le samedi matin ou la réduction des grandes vacances, dur de mettre tout le monde d'accord : "Seule certitude, ce genre de réformes nécessite plus de préparation et de sérieux" insiste Joffrey. Et de pointer du doigt des éléments très concrets de la vie des élèves, qui selon lui, en plus d'être plus fatigués (il constate une sensibilité accrue, des petits bobos qui augmentent et une irritabilité en fin de semaine), se sentent perdus : "Aubervilliers a opté pour deux journées réduites à 14h30 et pour des activités périscolaires jusqu'à 16h les mardis et vendredis. Le début d'année a été très complexe : imaginez un enfant de CP qui à 14h30 ne sait pas s'il doit aller au périscolaire, au cours de soutien, rentrer chez lui, rester en classe ou aller au cours d'arabe... Certaines communes ont opté pour une fin du temps-classe tous les jours à la même heure, c'est beaucoup plus clair pour tout le monde". De même, "La gardienne de notre école qui connaissait les 20 intervenants (professeurs et animateurs) ne peut pas s'y retrouver quand il y a trois fois plus d'adultes qui interviennent, l'école est devenue un moulin, les classes sont parfois réquisitionnées pour y faire des ateliers. L'enfant quitte parfois sa classe avec le maître, pour y revenir avec un animateur... super, la coupure !".

Côté activités, "Les deux premiers mois étaient évidemment pénibles, une grosse organisation étant à mettre en place, on a pu voir des élèves jouer des jours et des jours à 1 2 3 soleil, faire des ateliers scoubidous... on a pu voir des ambitieux ateliers déguisements envoyés aux oubliettes faute de financement", déplore-t-il. Et si quelques chanceux ont pu participer à des ateliers comme escrime, boxe ou piscine, les problèmes logistiques ont parfois eu raison de leur inscription : "Le temps de faire l'appel et de se déplacer jusqu'aux infrastructures souvent lointaines, les enfants n'ont finalement que 20 à 25 minutes de temps d'activité ! Certains enfants et parents ont vite réalisé que ça n'en valait pas la peine, certains se sont déjà retirés des ateliers..." .

Pour Joffrey, si cette réforme est maintenue, c'est bien son organisation qu'il faudra revoir. Et il n'est pas le seul à nous avoir porté un témoignage en ce sens : pas assez de temps, pas assez de moyens pour permettre que les choses se déroulent au mieux. Ses pistes ? Permettre, à minima, que la fin des temps de classe ait donc lieu chaque jour à la même heure, que les classes ne soient pas utilisées pour les temps périscolaires, et que l'on laisse du temps aux communes qui ne disposent pas d'infrastructures.

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