L'âge des "pourquoi" : comment répondre aux questions des enfants ?

Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi la mer est salée ?... Les enfants se posent tout un tas de questions auxquelles il est parfois difficile de trouver les bonnes réponses. L'âge des "pourquoi" permet de développer l'apprentissage et la curiosité de l'enfant. Décryptage avec les conseils de Florence Millot, psychologue pour enfant.

L'âge des "pourquoi" : comment répondre aux questions des enfants ?
© antonioguillem-123RF

L'âge des "pourquoi" survient généralement à partir de 3 ans. C'est une étape tout à fait normale du développement de l'enfant. Ce dernier s'interroge sur divers sujets et s'attend à ce que ses parents répondent à toutes ses interrogations. Tout ce qu'il observe attise sa curiosité et cela permet de découvrir les nouvelles choses qui l'entourent. Florence Millot, psychologue pour enfant, nous éclaire.

À quel âge commence l'âge des "pourquoi" ?

L'âge des "pourquoi" commence généralement entre 3 ans et 3 ans et demi, nous explique Florence Millot. "Avant, il n'a pas beaucoup parlé, alors maintenant qu'il a accès au langage, il a envie de poser des questions en tout genre", ajoute-t-elle. C'est aussi le moment où l'enfant commence à être curieux de ce qui l'entoure. "C'est la première pulsion du savoir, il a envie de comprendre le monde et son monde".

"À partir de 3 ans, dès que l'enfant a accès au langage, il a envie de poser des questions en tout genre."

Combien de temps dure la phase du "pourquoi" ?

La phase du pourquoi peut durer plusieurs mois comme plusieurs années. D'un point de vue du développement de l'enfant, cela peut se prolonger jusqu'à l'âge de 6 ans"L'enfant, entre 3 et 6 ans, est naturellement dans une quête pour comprendre le monde. Il s'intéresse à tout, tout le motive. C'est vraiment le terreau pour l'apprentissage, pour comprendre le monde qui l'entoure, mais aussi se poser des questions plus existentielles, par exemple sur la mort, et comprendre quelle est sa place dans la famille", détaille la spécialiste. 

En quoi l'âge des "pourquoi" est essentiel chez l'enfant ?

L'âge des "pourquoi" est une étape importante du développement de l'enfant, puisque ce sont ses interrogations qui vont l'encourager à apprendre. Quand il pose des questions, il a envie d'écouter la réponse et d'aller plus loin. Selon la psychologue, "c'est un peu le moteur de sa curiosité". Lui apporter des réponses et le stimuler est donc important, pour qu'il soit motivé à continuer à apprendre de nouvelles choses en grandissant.

La période du "pourquoi" est aussi une façon de préparer l'école, puisque, en voyant qu'on lui répond quand il pose des questions, il osera plus facilement intervenir en classe pour demander qu'on lui réexplique quelque chose qu'il n'a pas compris.

L'âge des "pourquoi" aide également l'enfant au niveau relationnel. Quand il pose une question, elle peut être adressée à ses parents, mais aussi à des personnes qu'il connaît moins, voire très peu. "C'est une manière pour l'enfant d'entrer en relation avec les autres", indique Florence Millot. Il peut aussi y avoir un rapport affectif qui se développe. "Lorsque l'on parle avec l'enfant, on prend plaisir à partager des choses. Il y a aussi une certaine fierté pour l'enfant quand on cherche une réponse ensemble. Un moment de complicité est partagé lors de ces échanges", ajoute-t-elle.

Comment répondre aux "pourquoi" de l'enfant ?

Quand l'enfant pose une question, il faut lui répondre avec des mots simples, des images, faire des petits dessins, ou essayer de faire un lien avec quelque chose qu'il connaît déjà.  cet âge-là, l'enfant a besoin de beaucoup d'imaginaire. Si on reste dans quelque chose de trop plaqué au réel, trop explicatif, ça ne l'intéresse pas forcément", précise l'experte.

Si le sujet est trop difficile à aborder, comme la mort par exemple, il faut lui expliquer ce qu'on ressent ou lui proposer de l'aider à trouver une réponse. "Il n'a pas forcément besoin de réponses précises, mais il a besoin qu'on lui transmette cette espèce de motivation, de curiosité à essayer d'analyser les choses", détaille Florence Millot.

Comment répondre aux questions de l'enfant qui nous mettent mal à l'aise ?

"Pourquoi le monsieur n'a pas de bras ?", "Pourquoi la dame parle bizarrement ?" Face à ce type de questions qui peuvent mettre mal à l'aise certains parents, la première chose à faire est d'expliquer à l'enfant "qu'il faut éviter de dire ce genre de choses parce que ça peut vexer", conseille la psychologue. Ensuite, à l'écart du monde, on peut expliquer à l'enfant plus précisément pourquoi, en lui disant que certaines choses peuvent faire mal à entendre, et que parfois, il vaut mieux les dire seulement dans sa tête.

"Heureusement, c'est en général une phase assez courte. L'enfant comprend rapidement, quand on lui explique et en voyant la réaction de ses parents, qu'il ne faut plus le dire"Dans ce cas de figure, une autre chose très importante est de lui expliquer que chacun à ses différences. Selon l'experte, il faut l'aider à comprendre que cette différence est une force, non seulement pour qu'il sache que toutes les personnes sont belles et qu'il ne soit pas méchant avec elles, mais aussi pour qu'il ne complexe pas en grandissant.

Comment répondre quand l'enfant remet en question une consigne ?

Pendant l'âge des "pourquoi", votre enfant risque aussi de remettre en question vos consignes. "Pourquoi je dois aller me laver les dents ?", "Pourquoi je dois me coucher maintenant ?" Dans ce cas de figure, la spécialiste conseille aux parents de lui dire pourquoi une fois, mais qu'il ne faut pas lui répondre à chaque fois. "Une fois que le parent a expliqué une fois de manière simple, il n'a pas à se justifier systématiquement, parce que l'enfant risque de rentrer en négociation permanente pour tout, et cela augmente la tension chez le parent. Parfois, lui dire 'parce que c'est comme ça', ça suffit, et ça peut faire du bien de trancher, parce que l'enfant est totalement capable de l'entendre aussi", ajoute-t-elle. 

Lorsqu'il grandit, vers 5-6 ans, l'enfant peut ressentir un sentiment d'injustice. Alors, "une fois qu'on a posé l'interdit et qu'on s'y est tenu, on peut revenir dessus et expliquer". Mais il faut le faire "seulement s'il y a un besoin", et "demander à l'enfant s'il veut en reparler, car ce n'est pas toujours le cas", soutient la psychologue.

Mon enfant répète la même question alors qu'il connaît la réponse, comment réagir ?

Si vous savez qu'il a compris les premières explications, la psychologue recommande de lui retourner l'interrogation, c'est-à-dire "il faut lui demander ce qu'il en pense, lui dire qu'on a oublié la réponse et lui demander s'il peut vous aider. Les enfants adorent quand ils peuvent aider !"

Que faire quand on n'a pas envie de répondre aux questions de l'enfant ?

Lorsque l'on est occupé ou fatigué, on peut ne pas avoir envie de répondre aux multiples interrogations de l'enfant. Dans ce cas, il ne faut pas culpabiliser. La première chose à faire est de "toujours valoriser l'enfant et lui dire que sa question est intéressante", commence la spécialiste. On lui dit ensuite pourquoi on ne peut pas lui donner de réponse immédiatement, en lui proposant d'en reparler plus tard.

Si l'enfant est assez grand, on peut lui proposer de trouver la réponse à la question dans un livre. D'autres fois, on peut ne pas vouloir donner suite à sa question, car elle est douloureuse. Florence Millot recommande de lui dire ce qu'on ressent, parce que "l'enfant peut le comprendre facilement"

Autour du même sujet