Réforme du lycée : pas d'impact sur les choix d'orientation des élèves

Selon une étude du SNES-FSU, la mise en place des spécialités et la suppression des séries S, L et ES n'empêche pas les élèves de faire les mêmes choix qu'avant.

Réforme du lycée : pas d'impact sur les choix d'orientation des élèves
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La réforme du lycée, initiée par Jean-Michel Blanquer, avait pour objectifs de réduire les inégalités entre les élèves en supprimant notamment les séries S, L et ES. Ce lycée nouvelle génération invite les élèves de seconde à choisir trois enseignements de spécialités en première, et deux en terminale. Moins de déterminisme, plus de mixité, moins d'inégalités sociales et géographiques : voilà pour la théorie. En pratique, il semble que cette méthode n'ait pas les effets escomptés. C'est le SNES-FSU, le syndicat des enseignants de second degré, qui l'a révélé dans une étude menée auprès de de 3 998 élèves de seconde, répartis dans 18 lycées de France. Pour cette évaluation, le syndicat s'est attaché aux trois premiers vœux réalisés par les élèves et les résultats sont sans appel. 

Les matières scientifiques toujours plébiscitées 

Selon l'étude relayée par France Infoles élèves recréent spontanément les anciennes filières et demeurent une majorité à choisir les matières correspondants à l'ancienne série S, que l'on considère comme "la voie royale". Le document précise que "les trois spécialités les plus souvent demandées par les élèves sont justement les trois disciplines centrales de la série S. Elles sont suivies par deux disciplines qui sont au centre de la série ES, elles-mêmes suivies par deux disciplines typiques de la série L", Au final, 65,7% des élèvent choisissent la spécialité mathématiques, 42,6% la spécialité SES (Sciences économiques et sociales) et 20,6% la spécialité HLP (Humanités, littératures et philosophie). La répartition des élèves est donc inchangée et l'étude précise même que "la suppression des séries au profit d'un 'libre choix' de 'spécialités'n'a absolument pas remis en cause la domination quantitative de la série S dans le lycée". Les meilleurs élèves privilégient ainsi les disciplines jugées "prestigieuses" et les élèves avec un niveau plus faibles choisissent les spécialités considérées comme "moins prestigieuses". Un constat qui va à l'encombre de l'objectif de la réforme.

Les filles en littérature, les garçons en mathématiques

L'étude révèle par ailleurs que les inégalités de genre persistent. Les garçons sont toujours plus nombreux dans les spécialités scientifiques et sous représentés dans les domaines littéraires et économiques. Non seulement la réforme ne remet pas en cause "les inégalités sociales de parcours scolaires", mais elle peut même les accroître. L'étude s'est notamment intéressée à la proportion des élèves qui choisissent des spécialités en fonction de leur présence ou non dans le lycée. "Sur un échantillon de 18 lycées (9 offrant cette spécialité, 9 ne l'offrant pas), on voit que la part des élèves qui demandent cette spécialité varie du simple au quintuple en fonction de sa présence ou de son absence", précise le SNES-FSU. Interrogé par France Info, le Directeur général de l'Enseignement scolaire réagit aux résultats de cette étude : "Ce n'est pas du tout la tendance que l'on observe", avant d'ajouter : "C'est la première année où les élèves s'interrogent sur ce que seront les matières l'année prochaine. Ils regardent les programmes des différentes matières pour faire un choix éclairé et c'est ressenti de manière extrêmement positive".