Oscars 2020 : PARASITE, grand vainqueur, met le tout-Hollywood à genou !

La 92e cérémonie des Oscars a été marquée par le sacre historique de "Parasite", le chef-d'oeuvre de Bong Joon-ho, couronné par quatre statuettes, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. C'est du jamais-vu pour un film étranger en terres hollywoodiennes.

Oscars 2020 : PARASITE, grand vainqueur, met le tout-Hollywood à genou !
© Robert Deutsch-USA TODAY/Sipa US/SIPA

Le suspense des Oscars est terminé. Si l'on se doutait que Parasite de Bong Joon-ho, lauréat de la Palme d'Or à Cannes en mai dernier, se distinguerait – d'une manière ou d'une autre– au palmarès, rien ne nous avait préparés à l'immense et enthousiasmante vague qu'il a soulevée dimanche soir, à Los Angeles, devant le gratin de Hollywood. Tout a commencé par l'Oscar du meilleur scénario original, que l'Académie lui a remis, le préférant à (l'archi favori) Quentin Tarantino (pour Once upon a time in Hollywood). Il faut dire que ce film inclassable doit beaucoup à son écriture ciselée qui navigue entre les genres et surfe sur diverses tonalités pour retracer, dans une réjouissante verticalité, la violence de la lutte des classes.

Parasite : le début d'une épopée de prix

Plus tard dans la soirée, Parasite n'a laissé aucune chance aux nommés pour la statuette du meilleur film international, parmi lesquels figuraient le saisissant Les Misérables de Ladj Ly et le subtil puissant Espagnol Douleur et Gloire de Pedro Almodovar. De toute évidence, la planète cinéma, dans son entièreté, avait anticipé l'issue de cette catégorie.

Le premier coup de tonnerre a véritablement opéré quand Bong Joon-ho, halluciné et extatique, a été rappelé sur scène pour récupérer l'Oscar du meilleur réalisateur. Les bookmakers prédisaient pourtant une victoire du britannique Sam Mendes pour 1917, une plongée impressionnante en pleine première guerre mondiale conçue grâce à un faux plan-séquence virtuose. Lequel donne aux spectateurs un sentiment d'immersion constante.  

L'Académie des Oscars en a décidé autrement, déroulant un tapis rouge mérité au maestro sud-coréen. En fin de soirée, l'heureux intéressé est remonté une quatrième fois sur scène, accompagné de toute son équipe, pour s'emparer du Graal : l'Oscar du Meilleur Film.

On le croyait grand gagnant mais, face au tsunami Parasite, le drame 1917 (qui avait raflé tous les prix lors de la cérémonie des BAFTA), a finalement revu son compteur de récompenses à la baisse, totalisant toutefois trois prix : meilleure photographie, meilleur mixage son et meilleurs effets visuels. Le Mans 66 a, quant à lui, engrangé deux statuettes dorées : celles du meilleur montage et du meilleur montage son. Quentin Tarantino a pu se consoler avec son ambitieux Once upon a Time in Hollywood. Son instantané de cinéma a séduit les votants dans la catégorie des meilleurs décors… Mais pas seulement !

Palmarès des Oscars 2020 : Joaquin Phoenix et Renée Zellweger, sans surprise

Il a également pu applaudir sa superstar, Brad Pitt, qui s'est imposée comme meilleur acteur dans un second rôle pour sa prestation irrésistible de cascadeur face à Leonardo DiCaprio. C'est, à ce propos, la première fois que cette icône du cinéma américain remporte un Oscar en qualité d'acteur (il l'avait en effet gagné en tant que producteur pour 12 years a Slave). La magnétique Laura Dern a par ailleurs soulevé son prix, radieuse et souriante, pour son second rôle magnétique et génial dans Marriage Story. Pour elle aussi, ce fut une première. Dans les rôles principaux (et si prisés), aucun étonnement n'a été observé ; le verdict s'étant avéré quasiment le même que pour toutes les cérémonies de prix précédentes.

Joaquin Phoenix a ainsi été sacré meilleur acteur pour sa performance tellurique dans Joker –également récompensé pour sa musique originale. Même s'il avait face à lui des poids lourds comme Leonardo DiCaprio ou Jonathan Pryce, il semblait impossible que sa peinture d'un homme bafoué par une société violente et égoïste ne récolte pas tous les suffrages.

Il en a été de même pour Renée Zellweger qui a été élue meilleure actrice grâce à sa performance transformative dans le biopic Judy. Elle y chante et bouleverse sous les traits d'une légende de Hollywood : l'inoubliable Judy Garland. Notez enfin que notre autre chance française s'est évanouie au rayon du film animé puisque Toy Star 4 a éclipsé le sublime J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin.

Le palmarès des Oscars, ou l'absence cruelle de femmes

Cette année, la cérémonie des Oscars a été une nouvelle fois épinglée pour son manque de femmes nommées. En effet, à l'instar des éditions précédentes, la sélection de cette 92e cérémonie était majoritairement masculine et laissait une place dérisoire à la gent féminine. Exemple le plus révélateur : aucune femme n'a été nommée dans la catégorie du "meilleur réalisateur". Ce sont en effet cinq hommes qui se sont disputés la statuette de la catégorie la plus convoitée : Martin Scorsese (The Irishman), Todd Philipps (Joker), Sam Mendès (1917), Quentin Tarantino (Once Upon a Time... in Hollywood) et Bong Joon-ho (Parasite).

Une grande surprise pour tous les fans du 7e art, qui se sont notamment insurgés de l'absence de Greta Gerwig, réalisatrice des Filles du Docteur March . Révoltés, de nombreux internautes ont fait part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux, provoquant la naissance d'un hashtag explicite : #OscarsSoMale, appelant même au boycott de la prestigieuse cérémonie hollywoodienne. La directrice de l'association Women in Media, Tema Staig, a déclaré, agacée :"C'est scandaleux, et cela affecte notre capacité à raconter nos histoires et à progresser dans l'industrie".

#OscarsSoWhite, les internautes accusent le manque de diversité 

Une autre absence a fait bondir les fans de cinéma, le manque flagrant de "non blancs" parmi les personnalités nommées aux Oscars. En 2015 déjà, ce manque cruel de diversité avait impulsé le mouvement #OscarsSoWhite ("Oscars si blancs") créé par l'ancienne juriste April Reign. Ce message, envoyé juste après l'annonce des nominations aux Oscars où toutes les vedettes sélectionnées étaient blanches, était rapidement devenu viral à travers le globe. Malgré des timides progrès, ce hashtag reste tristement d'actualité pour la version 2020 de la prestigieuse cérémonie. En effet, parmi tous les nominés dans les quatre grandes catégories d'acteurs cette année, Cynthia Erivo, qui incarne Harriet Tubman dans le biopic Harriet, est la seule personne "non blanche" à avoir reçu le précieux sésame, empêchant ainsi de justesse que la sélection ne soit entièrement blanche.

A quelle date a eu lieu la cérémonie des Oscars 2020 ?

Cette année, la 92e cérémonie des Oscars, la plus prestigieuse récompense du cinéma, s'est déroulée le 9 février 2020, au Dolby Theater d'Hollywood. Comme pour la cérémonie de 2019, cette édition s'est déroulée sans présentateur.

Qui étaient les nommés aux Oscars 2020 ?

Pour les statuettes les plus convoitées de la soirée, les titans du cinéma hollywoodien se plaçaient en bonne position. En lice pour le prix du meilleur film, The Irishman de Martin Scorcese, Joker de Todd Phillips, 1917 de Sam Mendes ou Once Upon a Time... In Hollywood, de Quentin Tarantino. Ils s'installent dans les starting-blocks aux côtés de nouveaux chouchous : Le Mans 66 de James Mangold, Jojo Rabbit de Taika Waititi, Les quatre filles du Docteur March de Greta Gerwig et le succès international de Bong Joon-Ho, Parasite. Une sélection très (trop) masculine...

Côté cinéma français, le drame contemporain de Ladj Ly, Les Misérables, était nommé dans la catégorie du "meilleur film étranger". Une autre production française, J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, faisait également partie des nommés pour le meilleur film d'animation.

Pour la récompense de la "meilleure actrice", les comédiennes Renée Zellweger dans Judy, Scarlett Johansson dans Marriage Story, Charlize Theron dans Scandale, Cynthia Erivo dans Harriet et Saoirse Ronan dans Les quatre filles du Docteur March étaient en compétition. Du côté des hommes, Joaquin Phoenix (Joker) et Leonardo Dicaprio (Once upon a Time...), Adam Driver (Marriage Story), Antonio Banderas (Douleur et Gloire) et Jonathan Pryce (Les deux papes) se sont disputés le fameux prix du "meilleur acteur".