LES ÉBLOUIS, LES MISERABLES... : nos coups de cœur ciné du 20 novembre

Découvrez les mécanismes d'embrigadement et les dérives sectaires sur le sol français. Partez à la découverte des secrets d'Elsa. Plongez dans la réalité violente et saisissante de Montfermeil. "Les Eblouis", "La Reine des Neiges 2" et "Les Misérables" sont nos conseils ciné de la semaine.

LES ÉBLOUIS, LES MISERABLES... : nos coups de cœur ciné du 20 novembre
© Pyramide Distribution

Les Eblouis de Sarah Suco

C'est une thématique désertée en France : celle des dérives sectaires, d'ordinaire l'apanage du cinéma américain. Les Eblouis de Sarah Suco nous en ouvre les portes glaçantes. L'actrice de 36 ans, qui a passé dix ans de sa vie –de 8 à 18 ans– dans une communauté charismatique religieuse, fictionnalise en effet ici sa trajectoire en prenant pour alter ego Camille (épatante Céleste Brunnquell), une adolescente de 12 ans, passionnée de cirque, qui va se retrouver cadenassée au sein d'un groupe sectaire dont ses parents (Camille Cottin et Eric Caravaca) sont tombés en pamoison. Sans jamais sombrer dans le jugement de la famille ou dans l'accusation prévisible du leader spirituel (Jean-Pierre Darroussin), Suco adopte le point de vue de sa jeune héroïne pour universaliser son propos et libérer une parole cloitrée. Son film n'en est que plus percutant et parlant. Présélectionnée au César du Meilleur Espoir Féminin, Céleste Brunnquell contribue largement, par la seule force de son regard, à la réussite de ce projet initié par Dominique Besnehard.    

Avec Camille Cottin, Eric Caravaca, Céleste Brunnquell (1h39)

La Reine des Neiges 2 de Jennifer Lee et Chris Buck

On a attendu six ans… Et le délai en valait la peine ! Après le raz-de-marée monstrueux de La Reine des Neige, 15ème plus gros succès de l'Histoire du cinéma, Elsa et Anna, les frangines les plus badass de Disney, reprennent du service pour notre plus grand plaisir. Au royaume d'Arendelle, tout va pour le mieux. Enfin, pas tout à fait, puisqu'Elsa entend une voix entêtante qu'elle a irrépressiblement envie de suivre pour aller à la rencontre de sa propre personne et découvrir (enfin) les origines de ses pouvoirs. Dans sa quête, elle embarque forcément sa garde rapprochée : Anna, Kristoff, Sven et l'irrésistible Olaf, qui monte en grade dans cet opus. Visuellement époustouflante, riche en sublimes métaphores, cette suite mise à fond la carte de la sororité tout en célébrant l'amour et le vivre-ensemble. Les princesses se définissent, encore une fois, par leur courage et non leur beauté ou leurs amourettes. Moderne et chantant (peut-être trop), La Reine des Neiges 2 est clairement un cadeau de Noël avant l'heure.  

Avec les voix d'Emmylou Homs, Charlotte Hervieux, Dany Boon (1h44)

"La Reine des Neiges 2"

Auréolé du Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, représentant de la France pour les prochains Oscars, Les Misérables constitue l'un des gros événements cinématographiques de cette fin d'année. Pour ce premier film, Ladj Ly, connu notamment pour ses travaux au sein du collectif Kourtrajmé, a posé sa caméra chez lui, à Montfermeil. Sa caméra-vérité suit les débuts au sein de la Brigade Anti-Criminalité de Stéphane (Damien Bonnard), fraichement débarqué et directement plongé dans le chaos suite à une bavure policière sur un enfant. Un événement tragique qui va mettre la cité à incandescence. Fort d'une mise en scène ultra efficace, sans tic clippesque, et d'un scénario impeccable qui évite le manichéisme (à l'image de la série The Wire, référence marquée), Les Misérables se vit dans les tripes et s'entend surtout comme un cri de rage. Ly tire la sonnette d'alarme le temps d'une peinture sombre où, au premier plan, les enfants errent avec une colère chevillée au corps et prête à sourdre. L'électrochoc est parfaitement reçu.   

Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga (1h42)

"LES MISÉRABLES // VF"