SWALLOW, 1917 et SELFIE sont nos 3 coups de cœur ciné du 15 janvier
Découvrez les symptômes malaisants de la maladie de Pica. Vivez la réalité du front comme peu de films de guerre l'ont proposé jusqu'alors. Frottez-vous aux dérives des réseaux sociaux. "Swallow", "1917" et "Selfie" sont nos conseils ciné de la semaine.
Swallow de Carlo Mirabella-Davis
Couronné en septembre dernier par le prix spécial du 45e Festival de Deauville, Swallow marque les premiers pas triomphaux derrière la caméra du jeune cinéaste Carlo Mirabella-Davis. Sa réalisation ultra maitrisée, à la fois clinique et organique, se focalise sur Hunter –épatante Haley Bennett–, une jeune femme dépressive, fraîchement mariée à un homme qui la considère comme un bibelot. Lorsqu'elle tombe enceinte, elle développe la maladie de Pica et se met à avaler de nombreux objets, actionnant métaphoriquement un processus de libération et de reprise de contrôle de son corps. Avec ses contours cronenbergiens, Swallow dresse le portrait d'une femme qui refuse le patriarcat et dont l'organisme, à sa manière, signifie le rejet de toutes les entraves environnantes. En entremêlant le drame conjugal, la comédie noire et le film d'horreur, Mirabella-Davis signe une œuvre intelligente, mâtinée d'un humour aussi tranchant qu'un scalpel. Malaisant et terriblement jubilatoire. Une découverte qui marque les esprits !
1917 de Sam Mendes
Récompensé par les Golden Globes du Meilleur Film Dramatique et du Meilleur Réalisateur, 1917 est, sans nul doute, le premier très grand film de l'année 2020. Depuis la séquence d'ouverture d'Il Faut Sauver le Soldat Ryan, on n'avait rien vu d'aussi puissant en matière de film de guerre. L'histoire ? Nous sommes en pleine Première Guerre Mondiale, dans l'enfer de ces tranchées où sont entassés des hommes épuisés. Dans ce contexte de feu et de sang, deux jeunes soldats britanniques ont pour mission d'aller en terre ennemie afin de livrer un message capital qui pourrait empêcher une terrible attaque et, par voie de conséquence, sauver près de 2000 hommes. Après American Beauty ou Skyfall, le cinéaste britannique Sam Mendes immortalise le parcours de ces deux héros en privilégiant de très longues prises, lesquelles, mises bout-à-bout, donnent l'impression que le film est un unique plan-séquence. 1917 se vit ainsi comme une expérience inédite et totalement immersive durant laquelle le conflit a rarement paru aussi réel. Une leçon de cinéma !
Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Mark Strong (1h59)
Selfie de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque
C'est sûrement le co-producteur et co-scénariste Julien Sibony qui décrit ce projet de la meilleure des manières : "un vertige numérique", concède-t-il. Et c'est tout à fait ça ! Selfie, long-métrage atypique composé de cinq sketches réalisés par un réalisateur différent, met aux prises plusieurs personnages avec les ravages des réseaux sociaux, l'hyper-connectivité et autres dangers du net. Bien que décousue, cette satire pêchue –pas si éloignée de notre réalité– déploie par instant des petits trésors d'ingéniosité et s'arme d'un humour cinglant et décapant qui fait du bien. On adore par exemple Blanche Gardin, hilarante en mère d'un enfant à l'article de la mort qui poste en ligne, au quotidien, des vidéos de son môme, engendrant des millions de clics. Jusqu'à ce que ce dernier guérisse et la plonge dans l'inconnu. Manu Payet est par ailleurs fabuleux en victime d'un redoutable algorithme qui croit tout connaître de ses goûts. Et tutti quanti. Une plongée révélatrice de l'époque actuelle et détonnante !
Avec Manu Payet, Blanche Gardin, Elsa Zylberstein (1h47)