L'Autre Continent, Parasite... : nos coups de cœur ciné du 5 juin 

Embarquez pour un voyage vers l'autre, vers l'amour et le langage. Osez un sublimissime mélange des genres par un maître du cinéma coréen et mondial. "L'Autre Continent" et "Parasite" sont les films à voir en salles cette semaine. Découvrez aussi l'opus qui nous a déçus...

L'Autre Continent, Parasite... : nos coups de cœur ciné du 5 juin 
© Sophie Dulac Distribution

Coups de cœur

L'Autre Continent de Romain Cogitore

On l'avait laissé il y a huit ans avec Nos Résistances, un premier film dans lequel il dirigeait François Civil le temps d'un récit de sentiments et de perte d'innocence, dont l'action se déroulait pendant la guerre mondiale. Cette année, Romain Cogitore nous revient tout en atmosphère feutrée avec un mélo –dans le sens noble du terme– où il embrasse avec sensibilité les notions d'amour et de langage. Inspiré librement d'une histoire vraie, L'Autre Continent met en scène un duo baigné d'alchimie : Déborah François et Paul Hamy, dans les rôles de deux électrons libres qui se rencontrent et s'aiment d'un amour fou et chimique au cœur de Taïwan.
La première est la pétulante Maria, 30 ans. Le second : l'introverti et polyglotte, Olivier. De leurs premiers effleurements à la maladie qui va bientôt fouetter leur rêve commun, Cogitore filme à hauteur des sensations, des impressions et des silences. Il évoque à la fois le macroscopique comme le microscopique, invitant le spectateur dans une parenthèse éthérée où chaque mot est une digue que malmène un torrent de souvenirs, ou chaque pensée est un chemin qui mène aux confins de l'autre, qu'il soit physique ou géographique. On en ressort émus et dépaysés.   

L'Autre Continent de Romain Cogitore, avec Déborah François, Paul Hamy, Vincent Perez (1h30)

"L'AUTRE CONTINENT // VF"

Parasite de Bong Joon-ho

Rares sont les œuvres qui ravissent à tous les étages, sans exception. Depuis sa présentation en compétition au Festival de Cannes, où il a remporté logiquement la Palme d'or (à l'unanimité du jury présidé par Alejandro González Iñárritu) et suscité un enthousiasme total de la part de la presse mondiale, Parasite de Bong Joon-ho s'apprête à faire jubiler les spectateurs français.
A la fois profondément mainstream et d'une maîtrise cinématographique qui frise la perfection –voire qui l'épouse–, cette œuvre navigue entre les genres (comédie, drame, horreur…) avec l'aplomb d'un funambule émérite. Le cinéaste coréen met d'abord en opposition deux familles : l'une qui est au chômage, vivant recluse dans un sous-sol insalubre ; l'autre richissime, propriétaire d'une maison sublime, d'une modernité et d'un luxe de star. Bientôt, la première va s'infiltrer au sein de la vie de la seconde, au point d'atteindre rapidement un point de non-retour propice à une charge gorgée de colère contre les inégalités sociales. Cinglant et politique, hilarant et effrayant, Parasite mérite d'être découvert sans spoilers. Allez-y vierges d'images et de bandes annonces. Et vous découvrirez un spectacle sans équivalent. Chef-d'œuvre !   

Parasite de Bong Joon-ho, avec Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong (2h12)

"Parasite // VOST"

Coup de griffe

Ma de Tate Taylor

Et de quatre ! Après Pretty Ugly People, La Couleur des Sentiments et Get on Up, le cinéaste Tate Taylor retrouve son actrice fétiche (et amie de 25 ans), Octavia Spencer, pour les besoins de la production horrifique Ma. Chapeauté par la société Blumhouse, reine de la mise en chantier 100% low cost de longs-métrages flippants et lucratifs (Insidious, Get Out, Paranormal Activity…), ce long-métrage déroule son action dans une petite ville paumée de l'Ohio. C'est là que vit et travaille Sue Ann, une jeune femme aussi aimable que seule au monde. Quand une adolescente fraîchement débarquée lui demande de lui acheter de l'alcool pour une fête entre potes, celle-ci accepte et se lie très vite d'amitié avec la bande. Bientôt, elle leur ouvre carrément le sous-sol de sa demeure isolée afin qu'ils puissent y teuffer en toute liberté. Seulement, Ma, comme l'appellent affectueusement ses nouveaux amis, cache de terribles secrets. Lesquels vont germer et semer le chaos et la violence. Sur un point de départ sympathique, le scénario de cette série B à la psychologie de chiffon se vautre dans une kyrielle de situations plus abracadabrantes les unes que les autres. Si Octavia Spencer se débat, elle ne peut endiguer l'indigence d'une intrigue qui échoue totalement à raconter le bullying et les blessures adolescentes.      

Ma de Tate Taylor, avec Octavia Spencer, Diana Silvers, Juliette Lewis (1h40)