NOURA RÊVE, LE MANS 66, J'ACCUSE: nos coups de cœur ciné du 13 novembre

Noura Rêve de Hinde Boujemaa

En Tunisie, selon l'article 236 du Code pénal, l'adultère est sévèrement puni. C'est précisément cette loi qui fait office d'élément déclencheur dans Noura Rêve, le nouveau long-métrage de la réalisatrice belgo-tunisienne Hinde Boujemaa. Son héroïne a justement peur d'en faire les frais et de voir sa vie s'effondrer. Elle s'appelle Noura, a deux enfants et vit dans un quartier populaire. Dans cinq petits jours, son divorce sera enfin prononcé et elle pourra enfin vivre au grand jour son histoire d'amour avec un amant qu'elle voit en cachette. Le hic, c'est que son délinquant de mari sort de prison plus tôt que prévu, rendant les démarches et son quotidien plus périlleux que jamais. Porté par la prestation magnifique et habitée de Hend Sabri, de tous les plans, ce drame organique ausculte les travers de la société tunisienne et de la corruption qui l'enkyste tout en déployant un formidable portrait de femme. Vibrant. Essentiel. Un appel à la combativité et à l'émancipation qui résonne longtemps après le dernier plan.  

Avec Hend Sabri, Lotfi Abdelli, Hakim Boumsaoudi (1h30)

Le Mans 66 de James Mangold

De Copland à Walk the Line, en passant par 3h10 pour Yuma ou Logan, le cinéaste américain James Mangold a le goût du défi et du changement de registre. En atteste l'ambitieux projet fleuve -2h33- que constitue Le Mans 66, son nouveau passage derrière la caméra. Basé sur une histoire vraie, le film revient par le menu sur l'amitié tumultueuse ayant lié deux as de l'automobile que tout (ou presque) oppose –les pilotes Carroll Shelby et Ken Miles– et la course à l'innovation sur laquelle se sont écharpés les écuries Ford et Ferrari. Si elle s'avère un poil long et moins saisissante que le récent Rush de Ron Howard –sur la thématique de la course automobile–, cette proposition filmique s'appuie tout de même sur le savoir-faire indéniable de Mangold et sur un travail de reconstitution précis : des décors aux costumes, tout est engagé pour que le spectateur sente à plein nez l'odeur de l'asphalte et entende gronder les moteurs. Dans les rôles principaux, Matt Damon et Christian Bale sont, comme toujours, impeccables.

Avec Christian Bale, Matt Damon, Caitriona Balfe (2h33)

J'accuse de Roman Polanski

Pour son 23ème long-métrage, le réalisateur Roman Polanski –rattrapé depuis vendredi soir par une nouvelle accusation de viol émanant de la photographe Valentine Monnier– s'intéresse à l'un des scandales plus retentissants de la fin du 19e siècle : l'affaire Dreyfus. Laquelle a déchiré la France (alors divisée en deux camps) et défrayé la chronique à l'international pendant douze ans. Pour aborder le sujet, le cinéaste adopte le point de vue du Colonel Picquart qui, après avoir été nommé à la tête du contre-espionnage, découvre, sur fond de climat antisémite rance, que les preuves incriminant le Capitaine Dreyfus avaient été totalement fabriquées. Avec un sens du détail minutieux et une mise en scène élégante dans son classicisme, le cinéaste orchestre cette intrigue dense à la manière d'un thriller dont on ne perd une miette. Au cœur de cette réussite trône Jean Dujardin qui, une nouvelle fois, confirme son aplomb pour le drame et un talent d'acteur décidément monstrueux.    

Avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner (2h12)