JOKER, PAPICHA, TOUT EST POSSIBLE : nos coups de cœur ciné du 9 octobre

Entrez dans l'esprit tourmenté d'un homme qui devient fou, rejoignez la tentative d'émancipation de plusieurs jeunes femmes algériennes, découvrez une superbe success story écolo... "Joker", "Papicha" et "Tout est Possible" sont nos trois conseils ciné de la semaine.

JOKER, PAPICHA, TOUT EST POSSIBLE : nos coups de cœur ciné du 9 octobre
© Warner Bros.

Joker de Todd Phillips

Lion d'Or au dernier Festival de Venise, Joker a pris le monde du cinéma à contre-pied en s'imposant comme une grande –et véritable– œuvre d'auteur, bien loin des contours de super-héros à l'intérieur desquels il semblait pourtant assigner dès ses prémices. Ici, il n'y a aucun effet spécial, aucune cascade à pop-corn, rien à l'horizon du divertissement mainstream. Todd Phillips, son réalisateur, a préféré au contraire utiliser le décorum de Gotham City pour dresser le portrait d'un homme bafoué, avili, dévasté par une société individualiste, dépourvue d'empathie et condamnée à sa propre dissolution. Sous les traits du personnage principal, Arthur Fleck, le comédien Joaquin Phoenix livre l'une des plus importantes et impressionnantes interprétations du 21ème siècle. Sur son visage de clown émacié convergent les vexations et les spoliations. Au creux de son rire glaçant –Arthur est hilare à chaque fois qu'il se sent mal à l'aise, telle est sa maladie–, l'acteur figure la montée en puissance d'une vague séditieuse, naissant depuis les abîmes putrides d'un monde dévasté. Joker, sublimement éclairé et mis en scène avec maestria (on ne compte pas les plans iconiques), se vit comme un crescendo surpuissant au terme duquel la violence surgit, sèche et glaçante, dans un cri d'appel au chaos. Grandiose et nihiliste.  

Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz (2h02)

"Joker // VOST"

Papicha de Mounia Meddour

En françarabe, un dialecte qui algérianise des mots français, Papicha qualifie, selon la réalisatrice Mounia Meddour, "une jeune femme drôle, jolie, libérée". Les héroïnes de son premier long-métrage le sont toutes. Nous sommes à Alger, dans les années 90, à l'aube d'une guerre civile sanglante ayant opposé le gouvernement à divers groupes islamistes. Laquelle a fait 150 000 morts, des dizaines de milliers d'exilés et un million de personnes déplacées. C'est dans ce contexte fragile que Papicha, présenté en mai dernier dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes, prend racine. Sa protagoniste, Nedjma –étonnante Lyna Khoudri– a 18 ans. Elle habite la cité universitaire et rêve de devenir styliste. D'ailleurs, la nuit tombée, elle file en douce en direction des boites de nuit pour vendre ses créations aux jeunes algéroises. Tandis que le pays sombre de plus en plus, victime d'une radicalisation des esprits, elle va décider d'aller plus loin et tenter de braver les interdits en organisant un défilé de mode. Filmé nerveusement, près de corps, cette œuvre –saluée deux fois à Angoulême : valois du scénario et de la meilleure actrice– est un geste libertaire touchant et important, malgré les quelques facilités d'un scénario parfois un poil démonstratif.

Avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda (1h45)

"PAPICHA // VOST"

Tout est Possible de John Chester

Il n'est jamais trop tard pour changer de vie, pour donner un souffle nouveau à son quotidien en ayant enfin l'audace de ses rêves. Tout est Possible en est une illustration solaire. Passé par les cases Telluride, Berlin, Deauville ou Sundance, ce documentaire de John Chester nous emmène en direction de Los Angeles. John et Molly, un jeune couple, habitent dans un petit appartement. Il travaille dans l'audiovisuel, elle est chef à domicile. Leur destin bascule quand ils adoptent un chien –Todd de son prénom. Ce dernier aboie trop en leur absence. Résultat ? Les amoureux remettent leur souhait de toujours sur la table et s'y attellent, contre vents et marées, malgré les nombreuses difficultés que cela implique –notamment dans la régénération du sol. C'est décidé : ils développeront une ferme éco-responsable. Pendant 90 minutes, on découvre la concrétisation de ce rêve, la volonté déployée, le concours d'un groupe de personnes liées par une conviction commune. Un pari fou pour John qui, tout en travaillant à la terre et en veillant à sa ribambelle d'animaux, a filmé tous les jours l'évolution de leur démarche. Un hymne à la terre, à la coexistence avec la nature, porté en VF par la voix de Cyril Dion, qui avait coréalisé l'excellent Demain avec Mélanie Laurent.     

Avec Cyril Dion (1h32)

"Tout est possible (The Biggest Little Farm) // VM"