Est-ce normal de ne pas aimer tout le temps son partenaire ?
Avant de remettre toute votre relation en question, une sexologue décrypte ce phénomène.
C'est une sensation inavouable, souvent teintée de culpabilité. Même dans un couple solide, il arrive que l'amour soit parfois remplacé par de l'agacement, de l'indifférence, voire un rejet physique. Est-ce normal de ressentir cela ? Est-ce le début de la fin ? Notre sexologue et thérapeute de couple, Charlotte de Buzon, nous aide à y voir clair.
"On peut différencier deux mots : "aimer" et "être amoureux" ", explique d'emblée la spécialiste. Si les débuts de relation s'apparentent à "une addiction qu'on a de l'autre" où l'on voudrait être ensemble en permanence, cette phase passionnelle ne dure pas éternellement. "Doucement, cela s'estompe pour prendre une autre forme d'amour qui peut être un peu plus posée", poursuit l'experte. Souvent, le regard change avec le temps. Le stress, la fatigue et la charge mentale qui incombe encore majoritairement aux femmes, créent un terrain favorable à l'éloignement. Au détour d'une simple dispute ou d'une contrariété, "d'un seul coup, on va voir le partenaire sous un autre angle et sentir que cet amour peut se diluer".
À la question fatidique "est-ce normal ?", la réponse de notre experte est un "oui" rassurant. "C'est impossible d'être amoureux en permanence. Ça me paraît évident qu'il y ait des fluctuations." On peut très bien ne pas aimer son/sa partenaire un jour, penser "tu m'agaces, tu m'énerves", parce qu'il ne correspond pas à nos attentes du moment, et le/la retrouver le lendemain "parce qu'on a rigolé ensemble, parce qu'on a passé du bon temps", poursuit Charlotte de Buzon.
Le plus important est d'être à l'écoute de ses sensations : si lorsque vous pensez à l'autre, vous retenez le négatif, vous ressentez de la fatigue ou vous avez envie de faire des reproches, c'est peut-être que vos sentiments ne sont pas au beau fixe. Ce désamour est peut-être seulement passager et ne signe pas fatalement l'arrêt de mort du couple. Il peut s'agir d'un signal d'alarme sain, invitant à ne pas prendre la relation pour acquise.
Charlotte de Buzon conseille de communiquer quand on ressent ce désamour, mais pas n'importe comment. On ne dit pas brutalement "je ne t'aime pas en ce moment". Ce serait violent et contre-productif. "Dire : "j'ai l'impression qu'on s'éloigne" est déjà plus sympa." L'objectif est d'instaurer un dialogue constructif, idéalement lors d'un moment dédié, hors de la maison et des contraintes domestiques, pour faire un "bilan". Il s'agit de définir ce qui manque à chacun pour se sentir bien, sans tomber dans le reproche systématique. Ces phases de doute, bien que difficiles, sont souvent l'occasion d'un nouveau départ. Comme le rappelle la sexologue : "Rien n'est acquis en amour, jamais, et le fait de se poser des questions et de se dire que ça peut s'arrêter, peut aussi rebooster."
Merci à Charlotte de Buzon, sexologue, thérapeute de couple et autrice avec Valentine Birnbaum de "Y'a pas de mystère dans le sexe" (éd. Marabout).