À 89 ans, Rolande ose encore ce mouvement qui laisse les plus jeunes sans voix

Le temps semble glisser sur elle sans jamais figer le geste. À Lachapelle-sous-Aubenas, en Ardèche, Rolande Chaix n'est pas seulement une silhouette vive ; elle est une artiste en perpétuelle représentation, une présence scénique qui défie les lois de la chorégraphie habituelle du grand âge. Pour elle, habiter son corps signifie avant tout le faire danser, transformant chaque mouvement en une expression artistique inaltérable.

Cette vocation, véritable fil rouge de son existence, trouve sa source dans une révélation précoce, une étincelle artistique pure. Tout commence par l'éblouissement d'une petite fille de cinq ans devant la grâce d'une artiste de cirque, une performance qui allait sceller son destin. " Dès que je suis rentrée, je voulais faire comme la danseuse que je venais de voir ", se souvient-elle. L'envie de reproduire cette magie, de maîtriser la ligne et le rythme, ne l'a plus jamais quittée. Depuis sa naissance à Vallon-Pont-d'Arc, son parcours s'est écrit sur les parquets de danse, jalonnant quatre décennies de concours, de tangos maîtrisés à la perfection et de valses primées.

La danse n'est pas pour elle un simple loisir, mais une discipline artistique exigeante et un mode de vie. Si sa semaine inclut diverses activités, c'est bien l'art chorégraphique qui domine son univers. Le parquet reste son territoire privilégié : quand elle s'élance sur un twist endiablé ou un charleston précis, ce n'est pas de la nostalgie, c'est une performance technique. Elle incarne la musique, démontrant une élasticité et une coordination dignes d'une professionnelle.

C'est au cœur de cette expression corporelle que survient l'instant de grâce, le clou du spectacle. Avec une fluidité déconcertante, Rolande descend vers le sol pour réaliser le grand écart, une figure emblématique de la danse classique et acrobatique qu'elle répète inlassablement depuis 85 ans. Parfois, elle prolonge cette prouesse esthétique par la figure du pont, intégrant ces acrobaties à sa chorégraphie naturelle. À l'aube de sa dixième décennie, cette maîtrise des arts de la scène force le respect et suscite une admiration universelle.

Son passage remarqué lors de la finale des Super Mamies a marqué les esprits bien plus qu'un simple titre honorifique. C'était une véritable démonstration artistique. Car pour Rolande, la valeur ne réside pas dans les trophées, mais dans la beauté du geste accompli. Elle ne se définit pas simplement comme une senior active, mais comme une femme amoureuse de la danse. Sa philosophie tient en quelques mots : la constance dans la pratique et la joie de l'interprétation.

Entourée de sa tribu de quatre enfants, huit petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants, elle transmet sa passion du rythme avec la même ardeur qu'elle cultive ses liens familiaux. En défiant la pesanteur avec une élégance intacte, Rolande démontre qu'une vie entière vouée au mouvement continue, inlassablement, d'éblouir.