Body shaming : qu'est-ce que c'est ?

Phénomène amplifié par les réseaux sociaux, le body shaming consiste à subir des remarques désobligeantes et des moqueries à propos de son corps ou de son apparence. En France, nous serions 30 % à être victimes de ces violences psychologiques qui nous empêchent de nous libérer de nos complexes.

Body shaming : qu'est-ce que c'est ?
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Qu'est-ce que le body shaming ?

Dans le paysage des réseaux sociaux où les corps posent et s'exposent pour récolter toujours plus de likes, les images photoshopées, les lèvres repulpées et les filtres activés seraient-il devenus la norme ? Quelle place laissent ces millions de selfies de stars, d'influenceuses et autres personnalités qui font de leur physique leur fond de commerce, au commun des mortels ? Sur les réseaux sociaux, le sort réservé aux personnes qui ne correspondent pas à ces canons de beauté truqués a fait naître une inquiétante mise au pilori. Le body shaming - honte du corps, en français – est une pratique odieuse qui consiste à se moquer ou à humilier quelqu'un en raison de son physique via les réseaux sociaux.

Derrières l'anonymat d'un compte Facebook, Twitter ou Instagram, se cachent des internautes désinhibés qui s'acharnent avec des remarques sexistes et misogynes, qu'ils n'oseraient probablement pas formuler à découvert. Sur la toile, le body shaming - et ses variantes que sont le fat shaming ou slut shaming - devient un phénomène très commun qui touche principalement les femmes, et plus particulièrement les millennials, qu'elles soient des personnalités publiques ou de simples inconnues.

Un phénomène négatif qui s'impose en France

Si le terme de body shaming est peu connu du public, il a bel et bien fait son apparition en France. L'institut de sondage Yougov a réalisait en 2019 une étude sur le body shaming en Europe et dévoilait des résultats assez alarmants. En effet, alors que seulement 16 % des Français ont déjà entendu parler de body shaming, c'est 30 % des Français qui déclarent avoir été la cible de moqueries sur leur apparence physique. Un chiffre qui explose chez les 18-24 ans qui sont plus de la moitié à avoir été victimes de moqueries sur leur corps. A l'âge où la confiance en soi est encore fragile et où l'on reste relativement influençable face à de tels propos, le phénomène fait des ravages.

Sur les réseaux sociaux, le cyber harcèlement fait de nombreuses victimes chez les très jeunes filles. En 2017, le rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes annonçait qu'1 fille sur 5, âgée de 12 à 15 ans, rapporte avoir été insultée en ligne sur son apparence physique (poids, taille ou toute autre particularité physique).

On aurait tendance à croire que les moqueries sur l'apparence physique étaient le fait principalement de personnes inconnues. Or l'étude Yougov révèle que les auteurs de body shaming sont à 85 % des personnes issues de l'entourage des victimes. Dans 45 % des cas, il s'agit de collègues de travail. Dans 25 % des cas, d'amis. Et dans 15 % des cas, de membre de la famille. Les inconnus ne représentent que 26 % des auteurs de body shaming.

Quels sont les effets du body shaming ?

Avec des injonctions toujours plus pesantes et des moqueries toujours plus acerbes sur leur apparence physique, de plus en plus de femmes se laissent submerger par leurs complexes et sombrent dans une perte de confiance en soi. Face à cette pression des diktats de la beauté, les Européens ressentent de plus en plus d'insatisfaction vis-à-vis de leur physique, ainsi 74 % des Espagnols souhaiteraient changer quelque chose dans leur corps, ainsi que 64 % des Finlandais et des Italiens ou encore 57 % des Français.

Le body positivisme, une solution pour se réconcilier avec soi-même

Toutefois, prenant le contrepied du body shaming, une nouvelle tendance visant à lutter contre ces injonctions à la perfection imposées par la société s'affirme. Le body positivisme prône l'acceptation de soi et le fait d'assumer son corps tel qu'il est. Un mouvement particulièrement bien accueilli chez les plus jeunes puisque près de 7 millennials (18-34 ans) sur 10 pensent que ce mouvement est une bonne chose (66 % versus 37 % des 55 ans et plus).

Relayé par bon nombre de célébrités et d'internautes sur les réseaux sociaux via les hashtags #bodypositive, #Toutvabienpourmoi, #allbodiesaregoodbodies ou #Bikinibodyfermetagueule, les photos au naturel font leur grand retour pour afin faire la paix avec son corps.

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