Retour au travail : 4m2, Vitres, Masque, WC, Machine à café... nouvelles règles

Une reprise de l'activité professionnelle se profile pour une partie des Français. Le ministère du Travail a publié un "protocole national de déconfinement pour les entreprises" afin d'encadrer ce retour au bureau pour les salariés et les employeurs. Après le 11 mai, quelles règles et quelles distances sociales devront-nous respecter ?

Retour au travail : 4m2, Vitres, Masque, WC, Machine à café... nouvelles règles
© REX/SIPA

Un début de déconfinement commence doucement à s'amorcer. Le 11 mai, une partie des travailleurs reprendra le chemin du boulot tandis que d'autres poursuivront leurs activités en télétravail. Dans cette optique, les commerces pourront rouvrir dès le 11 mai, à l'exception des cafés, bars et restaurants, alors que 11,7 millions de Français sont concernés par le chômage partiel. Mais pour ceux qui travailleront en présentiel, les règles à respecter seront multiples et il n'est pas exagéré de prédire que la vie, pour les employeurs comme pour les salariés, ne sera plus exactement la même.
Horaires décalés, sens de circulation, espace de travail calculé, vitres en plexiglas : les nouvelles mesures de la charte visant à limiter la propagation du coronavirus ne manquent pas.

Protocole national de déconfinement pour les entreprises

Pour que les Français s'y retrouvent, le ministère du Travail a publié un document détaillant le "protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la santé et la sécurité des salariés". Concrètement, qu'est-ce qui va donc changer ?

Espace de travail délimité

Il est d'abord obligatoire pour chaque salarié de pouvoir disposer d'un espace de travail de 4m² minimum. Un calcul qui s'effectue en déduisant la surface des étagères, armoires et autres meubles et qui impliquera sûrement la réorganisation de certains open-spaces ou commerces.
"Un établissement disposant d'une surface résiduelle de 160 m² pourrait accueillir simultanément 160/4 = 40 personnes ou salariés", est-il expliqué à titre d'exemple. Ainsi, un open-space de 100 m² ne pourra accueillir que 25 salariés. 

Cafétéria, cantine, toilettes

Cette règle d'espace de travail limité est d'ailleurs valable dans les cafétérias, les salles de photocopie ou dans tout autre espace réduit. Les cantines et les toilettes pourront être condamnées si la distanciation sociale y est impossible. Dans les lieux de travail où ces mesures sont inapplicables, des masques de protection doivent être fournis aux salariés.

Emprunter les ascenseurs

Par exemple, dans les ascenseurs de 8m², les travailleurs ne pourront pas être plus de deux. Si l'ascenseur est plus petit, le travailleur devra l'emprunter seul. 

Heures de pause, vitres en plexiglas...

Certaines mesures de distanciation sociale sont également recommandées au sein de l'espace de travail, telles qu'un marquage au sol autour de la machine à café, un échelonnement des heures de pause ou l'installation de vitres en plexiglas autour des bureaux.

Fontaines à eau et distributeurs de friandises

Dans certaines fiches de métier, l'utilisation des fontaines à eau et des distributeurs n'est pas conseillée. Le ministère du Travail recommande de les condamner ou au minimum, de les désinfecter plusieurs fois par jour.

Sens unique de circulation

Un salarié, lorsqu'il arrive à son lieu de travail, devra se conformer à un sens unique de circulation pour éviter un effet "goulot d'étranglement". Si un travailleur souhaite prendre les escaliers ou emprunter les couloirs, il devra se référer à ce sens de circulation. Si c'est possible, des portes d'entrée et de sortie seront différenciées. 

Une désinfection systématique

Le lieu de travail doit être régulièrement désinfecté. Poignées de porte, toilettes et autres rampes d'escalier devront être nettoyées plusieurs fois par jour.

Le télétravail reste fortement conseillé

Si certaines activités qui ne peuvent s'effectuer à distance reprendront, la règle reste tout de même la suivante : quand il est possible, le télétravail est très fortement recommandé. "Il se maintiendra au moins dans les trois semaines qui viennent mais devra se poursuivre pour limiter le recours dans les transports publics et éviter les contacts", avait d'ailleurs expliqué le Premier ministre dans son allocution à l'Assemblée nationale du 28 avril.

Le port du masque, obligatoire ou pas ?

Quant au port du masque, il doit être seulement un "complément" aux mesures de distanciation sociale et ne doit pas les substituer, sauf si celles-ci ne sont pas applicables sur le lieu de travail. Dans ce cas précis, le port du masque devient obligatoire.

Horaires décalés

La mise en place des horaires décalés est souhaitable au sein d'une même entreprise afin d'éviter aux salariés de se croiser outre-mesure.  Une manière d'assurer "l'étalement des flux de salariés dans les transports" et de réduire "la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail", avait précisé Edouard Philippe lors de son discours à l'Assemblée nationale, le 28 avril.

Les tests de dépistage en entreprise

Les entreprises n'auront pas le droit de pratiquer des tests de dépistage sur leur lieu de travail. Si l'un des salariés présente des symptômes, seul le médecin traitant ou du travail pourra décider ou non de prescrire un test. La prise de température est également déconseillée, celle-ci devant être effectuée au préalable chez soi.

Des fiches métiers pour encadrer la reprise du travail

Des fiches métiers, sortes de cahiers des charges sanitaires, doivent être mises au point en coopération avec les partenaires sociaux avant le 11 mai. Il s'agit de consignes énoncées clairement pour chaque branche de métier afin d'encadrer au mieux la reprise du travail et éviter au maximum les risques de contamination. Plus d'une trentaine de fiches ont déjà été publiées sur le site du ministère du Travail. Plusieurs autres dizaines sont en cours de publication.

Les règles de distanciation sociale plus que jamais d'actualité

Le gouvernement a également rappelé les gestes barrières et les règles de distanciation sociale qui doivent évidemment être respectés. 

Cas de l'Île-de-France

Télétravail (au moins) jusqu'à l'été

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a exhorté tous les Franciliens qui sont actuellement en télétravail à "ne pas retourner au bureau la semaine du 11 mai", lit-on dans une charte encadrant le travail au sein de la région, actuellement en cours de développement, et que France Bleu Paris a pu consulter.

"Nous voulons tendre vers un objectif de 90 % (de salariés qui restent en télétravail, ndlr) la deuxième semaine, puis 80 % jusqu'à l'été", est-il précisé. "L'Ile-de-France a un potentiel d'activités télétravaillables très important. Le principal levier pour limiter le nombre de déplacements professionnels est de prolonger cet effort, en maintenant un taux de télétravail le plus élevé possible", lit-on également.

Horaires décalés, la nouvelle norme ?

Dans cette charte spécifique aux conditions de travail des Franciliens, la question des horaires décalés est également soulevée. Des aménagements qui permettraient de ne pas engorger les transports en commun.

Le principe ? Chaque salarié qui doit se rendre sur son lieu de travail pourrait accéder au métro, RER ou bus à des heures bien spécifiques et devrait donc se déplacer muni d'une attestation sur laquelle ces horaires seraient indiqués. En dehors de ces heures, il ne lui serait donc pas possible de prendre les transports en commun.

"Nous négocions avec les entreprises pour que l'arrivée au travail le matin soit étalée, par tranches horaires, entre 6h30 et 10h30 ; et le retour, entre 15h30 et 19h30. Comme dans un musée avec réservation, on entrera à l'heure dite", a expliqué Valérie Pécresse au Journal du Dimanche.