Tara Jarmon : confidences d'une talentueuse business woman L'ADN de la Maison

Vous mettez en avant un fonctionnement très "couture" pour votre marque, alors qu'elle prend ses racines dans le Sentier, réputé pour ses procédés rapides. Comment avez-vous cheminé vers la version actuelle de Tara Jarmon ?

Le Sentier, c’était avant tout une méthode de distribution rapide. Dans toutes les petites villes, j’avais des clientes, des multimarques. Elles ne commandaient pas pour être livrées dans 6 mois, elles me demandaient deux tailles par-ci, deux tailles par-là, rentraient chez elles et mettaient dans leur boutique le lendemain. Les fournisseurs de tissus je les payais en 90 jours, les façonniers, en 30 jours. J’encaissais l’argent de mes clientes sans avoir payé mes frais. C’était une super façon de commencer pour quelqu’un comme moi qui débutait sans moyen financier, ça n’existe plus aujourd’hui. Mais le produit était déjà tel quel. Il y avait déjà les modélistes. J’ai des gens en bas qui travaillent avec moi depuis le début. Donc ce n’était pas un vêtement mal coupé, la collection était simplement plus restreinte. Aujourd’hui, ces vêtements (de la collection printemps-été 2016 ndlr) sont déjà en fabrication dans des usines et je paye tous mes fournisseurs bien avant de les vendre. Il faut avoir les fonds pour ça. C’était super le Sentier, avec la culture de sa communauté d’Afrique du Nord : c’était chaleureux et sympathique. Ça a vraiment été une super formation.

Et quand vous êtes arrivée dans vos locaux actuels, comment s'est passé la transition ?

On avait décidé de faire du long terme. Parce que les asiatiques, les américains, ils commandent pour dans 6 mois, alors, pour grandir, il a fallu suivre le même chemin. J’ai eu beaucoup de débats au sein de l’entreprise parce que les gens s’étonnaient de travailler un an à l'avance. On a fait un peu les deux dans un premier temps. Encore aujourd’hui, le Sentier m’aide beaucoup parce qu’on a toujours besoin de faire de l’approvisionnement pour nos boutiques, et ça, ça ne me fait pas peur, j'ai l'habitude.