Revalorisation des enseignants : vont-ils vraiment être augmentés ?

Les annonces suite au nouveau budget de l'Education nationale pour 2023 ne convainquent pas les syndicats. Pour eux, il y a "tromperie" dans les engagements du gouvernement.

Revalorisation des enseignants : vont-ils vraiment être augmentés ?
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[Mise à jour du 27 septembre 2022 à 11h20] Le gouvernement a revu le budget de Éducation nationale en hausse pour 2023. Un budget "historique de 3,6 milliards d'euros", soit plus de 6,5% par rapport à l'année 2022, indique le document du projet de loi finances 2023, présenté en Conseil des ministres ce lundi 26 septembre. Sur cette somme, 935 millions d'euros seront dédiés à la revalorisation des salaires des enseignants, grâce à une augmentation de 10% en moyenne, à laquelle s'ajouteraient d'autres augmentations pour rémunérer les tâches supplémentaires que les professeurs accepteraient de faire. Le ministère de l'Éducation envisagerait même des augmentations "jusqu'à 25%" dans certains cas précis, a-t-il confié au ParisienDes annonces que les syndicats prennent avec une certaine mesure, car des interrogations restent encore sans réponses. Quel personnel sera finalement concerné par la revalorisation ? Les enseignants en début ou milieu de carrière pourront toucher cette augmentation, et ceux en fin de carrière ? "Nous sommes dans un reniement des engagements présidentiels de campagne d'Emmanuel Macron : il avait promis une hausse de 10% pour tous les enseignants en janvier 2023 et là, on constate que cela devient une augmentation avec un socle de 10% en moyenne... Il y a donc tromperie", s'alarme Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU auprès de l'AFP. Des discussions sur les "modalités concrètes" de ces augmentations doivent s'engager à partir du lundi 3 octobre 2022 avec les syndicats. Quant aux hausses de salaires, elles sont prévues pour être mises en place à la rentrée 2023. 

Création de nouveaux postes 

L'un des objectifs de ce budget alloué à l'Éducation nationale est de permettre à ce "qu'aucun nouvel enseignant ne débute sa carrière à moins de 2000 euros nets par mois à temps plein." Le gouvernement d'Emmanuel Macron prévoit aussi la création de nouveaux postes de fonctionnaires. "4 000 postes supplémentaires d'accompagnant des élèves en situation de handicap seront créés à la rentrée 2023", auxquels s'ajoutent également 100 postes pour des conseillers principaux d'éducation. Par ailleurs, dans ces nouvelles mesures, les autres personnels de l'éducation et de la jeunesse, notamment "les personnels sociaux et de santé, les personnels administratifs et techniques, et ceux d'encadrement", ne sont pas oubliés. Le gouvernement a pour ambition de "reconnaître et revaloriser les personnels"

Quels sont les 5 grands axes de Pap Ndiaye pour la rentrée scolaire ?

Lors de sa conférence de presse à propos de la rentrée scolaire le 26 août dernier, le ministre de l'Education avait également exposé son projet global pour l'école, et les objectifs d'excellence qu'il vise pour la "réussite des élèves" mais aussi le "bien-être et l'épanouissement"

1 - Lutter contre les inégalités sociales

Premier axe et non des moindres pour Pap Ndiaye, très attaché à la mission première de l'école Républicaine et méritocratique : permettre à tous les écoliers français de gravir les échelons et d'élever leur condition sociale.  

2 - Prioriser les savoirs et enseignements des fondamentaux

A l'instar de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye insiste sur les savoirs fondamentaux, et poursuit ainsi les plans français et mathématiques.  Il inaugure dans la foulée le "plan maternelle", lui aussi tourné vers une maîtrise initiale de ces deux matières.

3 - Veiller au bien-être des élèves

La lutte contre les discriminations et valorisation des personnes en situation de handicap sont également au cœur de "l'école inclusive" voulue par Pap Ndiaye. Sur le premier point, le minsitre se veut précis et determiné : "Cet esprit de vigilance, d'écoute, doit aussi concerner les actes et les paroles de discriminations, de haine raciste, antisémite, de violence sexiste ou sexuelle. Le bien-être des élèves nécessite que l'école soit un lieu sans préjugés, sans paroles et sans actes d'intimidation, un lieu laïque également". Quant au deuxième point, le ministre se veut "​très attentif aux situations de handicap", et souhaite améliorer "le statut de nos personnels"​, les AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap), dont le temps de travail est trop souvent subi​.

4 - S'engager sur l'environnement 

Le ministre veut inscrire son action globale dans la lutte pour la préservation de l'environnement, estimant que chaque action politique, quelque soit sa fonction ministérielle se doit d'"engager, dans toutes les dimensions, une mobilisation forte sur le sujet". De fait, il compte revoir les infrastructures scolaires et les adapter aux normes environnementales, de même que renforcer la sensibilisation théorique des élèves : "Cela suppose aussi de renforcer, dans les programmes scolaires, l'enseignement sur le sujet"​, écrit le ministre.

5 - Revaloriser le métier d'enseignant

Alors que la profession fait face à une crise de la vocation sans précédent, et que la rentrée va se faire avec des postes vacants pour cause de pénurie de profs, Pap Ndiaye a bien l'intention de redorer le blason de la profession. "Cette reconnaissance symbolique est primordiale. Elle implique de consacrer un effort particulier et significatif à la hausse des rémunérations si l'on veut créer un choc d'attractivité, attirer et conserver nos jeunes collègues"

En quoi consiste la grande concertation ?

Dès le mois de septembre 2022, commencera la grande concertation, dans le cadre de la grande réforme de l'école souhaitée par le président de la République Emmanuel Macron et rapidement poursuivie par son nouveau ministre de l'Education Pap Ndiaye. Ce dernier à ainsi expliqué comment il procèderait, en entamant tout d'abord des débats ouverts à tous les acteurs qui évoluent au sein ou autour de l'école. "Il s'agira vraiment d'un débat, d'échanges décentralisés, dans l'ensemble des établissements scolaires" où les "les professeurs, les parents d'élèves, les personnels administratifs et de direction et d'autres acteurs de la vie locale" seront invités à s'exprimer.

Quels changements concrets pour la rentrée ?

Une école plus inclusive

Pap Ndiaye a annoncé la création de "4.000 équivalents temps plein supplémentaires d'accompagnants d'enfants en situation de handicap" 

Moins d'enfants en classe et dédoublement

Priorité donnée au cursus élémentaire avec "une amélioration du taux d'encadrement des élèves". En pratique, cela signifie un nombre moyen d'élèves par classe en baisse, alors qu'il est déjà passé de 23 à 21.8 enfants entre 2017 et 2021. Chez les plus petits, en maternelle, le dédoublement des classes de grande section sera poursuivi dans les réseaux d'éducation prioritaire et prioritaire renforcée, dits REP et REP+.

30 minutes de sport par jour à l'école

C'est le président qui a annoncé lui-même que les élèves des classes élémentaires auront désormais quotidiennement trente minutes de sport, en plus des heures d'EPS. "C'est une vraie révolution, pour à la fois mieux apprendre (...) et avoir une vraie politique de prévention en santé pour lutter contre l'obésité et la sédentarité de beaucoup de nos enfants et adolescent" a déclaré Emmanuel Macron.

Retour des maths dans le tronc commun à la rentrée

Dans le secondaire, confirmation a aussi été faite au début du mois du retour des mathématiques "en option" dans le tronc commun en Première dès septembre 2022. Ce nouvel enseignement scientifique et mathématique sera porté à 3 heures 30 hebdomadaires (contre 2 heures actuellement). Il sera évalué dans le cadre du contrôle continu, sans modification du coefficient actuellement attribué à l'enseignement scientifique (coefficient 3 pour l'année de 1ère).