"Je n'ai pas dormi pendant 10 ans" : comment Emmeline jongle depuis la naissance de ses 6 enfants
Emmeline a 25 ans lorsqu'elle accouche de son premier enfant. 11 ans plus tard, elle donnait naissance au dernier de "son clan", le sixième enfant de la fratrie. Budget, organisation, sommeil... Elle raconte comment elle gère sa vie de mère de famille nombreuse.
Emmeline a eu son premier enfant à l'âge de 25 ans, une petite fille prénommée Sarah, puis s'est séparée du papa avant de rencontrer Romuald, son mari, avec qui elle a eu 5 autres enfants : Léanne, Marie, Gaspard, Arthur et Gabriel. "J'ai vécu des grossesses magiques, sans aléas, j'adore être enceinte, c'est une seconde nature pour moi, mais je n'ai pas dormi pendant dix ans. J'étais soit enceinte, soit allaitante. Et j'adorais allaiter la nuit, c'était le seul moment où j'avais du temps pour être seule avec mes bébés" confie la mère de famille, qui plus est, travaillait en tant qu'infirmière (à temps plein pour ses deux premiers enfants, puis à mi-temps pour le reste de la fratrie). "Les enfants allaient à la crèche de ma clinique, je pouvais même les allaiter la journée, c'était parfait. Ça me paraissait si facile que j'aurais pu continuer. Mais à un moment donné, il fallait être réaliste. Et financièrement, ça aurait été compliqué".
En effet, avoir six enfants, ça a un coût : "je dirais qu'on dépense environ 250 euros de courses par semaine, et puis il faut aussi être équipé avec une voiture assez grande pour contenir tout le monde". Avoir six enfants, c'est aussi faire une machine de 10 kilos 4 à 5 fois par semaine. "J'ai complètement renoncé à mon obsession du repassage ! Ma vie est une valse entre les emplois du temps de chacun. À la maison, on a un calendrier que tous les enfants remplissent tour à tour. Les cours, la musique le soir après l'école, le sport. Chacun à son activité. En début d'année scolaire, chaque mois de septembre, c'est le brans-le-bas de combat pour organiser tout ça : faire en sorte que les activités ne se chevauchent pas, que je puisse effectuer les allers-retours. C'est un véritable raz de marée, chaque mois d'octobre, je me dis : Ouf, j'ai survécu !"
"Être mère d'une famille nombreuse, c'est aussi jongler dans tous les sens. Et la partie que j'aime le moins, c'est râler. Pourtant, je passe ma vie à leur dire de se dépêcher. Il m'arrive de craquer, surtout quand ils se disputent entre eux. Ma dernière fille et mon premier fils ne supportent pas de respirer le même air, par exemple. Alors, on est obligé de mettre en place des stratégies, de faire un plan de table, de les asseoir le plus loin possible en voiture.
Nous regrettons peut-être une chose : nous n'avons pas fait en sorte qu'ils s'occupent les uns des autres. On s'est toujours dit qu'on ne voulait pas leur imposer notre choix de famille nombreuse. L'aînée n'a jamais été chargée de les garder, par exemple. C'était important pour nous… On ne voulait pas déléguer, mais on a été un peu loin. Cela dit, ils nous aident à la maison. Mettre la table, débarrasser, vider le lave-vaisselle, sortir les poubelles : c'est le truc des enfants.
À 40 ans, j'avais déjà eu mes six enfants et d'un coup, ce besoin de changement. Alors, j'ai proposé à mon mari que nous partions tous vivre dans mon pays d'origine, l'Australie. Pour lui, c'était hors de question, mais on a tout de même fini par déménager à Rouen, avec un terrain assez grand de 300 m² après travaux, et enfin avoir huit chambres !
En parallèle, comme je ne fais jamais les choses à moitié, j'ai quitté mon boulot et décidé de me reconvertir. Là, autour de moi, tout le monde m'a prise pour une folle : mère de 6 enfants, en plein déménagement avec une maison à agrandir, et tu démissionnes ? Moi, je ne m'inquiétais pas vraiment. J'ai confiance en la vie. J'ai repris mes études à la fac et j'ai passé le Capes, je suis devenue prof d'anglais et les travaux continuent d'avancer.