Fausses attestations pour l'école : "je n'inflige plus de test à mon enfant"

De plus en plus de parents admettent signer des attestations sur l'honneur sans avoir effectué d'autotest à leur enfant, surtout s'ils n'ont pas de symptômes... Pour ne plus leur infliger "ces cotons de tige dans le nez tous les deux jours", pour les laisser un peu "tranquilles", ou pour pouvoir aller travailler. Témoignages.

Fausses attestations pour l'école : "je n'inflige plus de test à mon enfant"
© natazhekova-123rf

[Mise à jour du 10 février 2022]. Depuis la rentrée du 3 janvier, le protocole sanitaire à l'école n'a cessé d'évoluer. Les classes ne ferment plus dès le premier cas de Covid-19, mais les élèves sont davantage dépistés. Au départ, les enfants devaient effectuer un premier test antigénique ou PCR (à J0), puis deux autotests, à deux jours d'intervalle (J+2 et J+4). Pour "simplifier" la vie des parents, le gouvernement a annoncé que trois autotests seraient suffisants, avec une seule attestation sur l'honneur au lieu de trois à présenter à l'école, pour pouvoir retourner en classe.

"Le problème, c'est que les enfants doivent faire des autotests tous les deux jours, mais tout le temps car une fois de retour à l'école, un autre cas est détecté, et ainsi de suite", nous explique Sabrina, maman de deux enfants à Toulouse. "On a l'impression que ça ne s'arrête jamais, les enfants en ont marre et les parents aussi", ajoute-t-elle. Antonin, l'un de ses enfants âgé de 8 ans, est même "traumatisé" par tous ces "cotons-tige dans le nez". "Cela le stresse, il en a peur !", témoigne-t-elle. 

Les enfants pleurent, se débattent, hurlent à la mort

Sur les réseaux sociaux, une préparatrice en pharmacie avait lancé l'alerte en dénonçant les tests coûte que coûte, lorsque le premier test devait être réalisé par un professionnel. "Les enfants pleurent, se débattent, hurlent à la mort, sont maintenus de force par leur parents, eux aussi, à bout" déclare cette professionnelle de santé qui déplore être devenue celle "qui fait pleurer les enfants" et qui les "martyrise". "Parfois je refuse de tester un enfant dans ces conditions, et c'est alors que le parent me supplie en pleurant de tester et d'infliger cette souffrance à son enfant sinon il ne pourra pas retourner à l'école et le parent doit travailler. Donc l'enfant doit aller à l'école le lendemain. Parfois l'enfant est positif, et je vois alors des parents paniquer, pleurer, gronder punir et menacer l'enfant qui "n'a pas fait assez attention à l'école". Parfois, je dois refuser de tester, parce que je n'ai pas le temps", témoigne-t-elle.

Sabrina : "J'ai décidé de ne plus infliger de tests à mes enfants"

Après avoir suivi scrupuleusement le protocole de contact tracing, Sabrina a décidé de ne plus "faire souffrir ses enfants". "Je ne leur fais plus d'autotest, excepté si je remarque qu'ils ont des symptômes. Lorsqu'ils sont cas contact, je signe une attestation sur l'honneur pour qu'ils puissent retourner à l'école", nous confie-t-elle. "De toute façon, il y a des cas constamment, ça n'en finit plus". Son fils, lui, la supplie de ne pas faire d'autotest et lui promet de ne pas vendre la mèche auprès de son professeur.

Jennifer : "Je fais semblant de faire l'autotest à mon fils"

Jennifer, une maman lyonnaise, a trois enfants, dont deux scolarisés à l'école primaire, et un bébé de tout juste 8 mois. Elle n'est plutôt pas pour la vaccination, et encore moins pour les tests répétitifs à faire subir aux petits. Pour autant, elle ne veut pas que son fils soit obligé de mentir à l'école. "Les enfants sont conditionnés, les professeurs leur expliquent vraiment comment et pourquoi se faire tester. Il ne comprendrait pas pourquoi à la maison, on ne suit pas les consignes. Alors, je fais semblant de lui faire un autotest : je prends le coton-tige et je ne lui enfonce surtout pas dans le nez. Je lui dit "ne t'inquiète pas, juste au bord, ça suffit et ça fonctionne très bien". Nous attendons ensuite le résultat ensemble, négatif. Mon fils est content de pouvoir retrouver ses copains, et il me suffit de lui imprimer son attestation sur l'honneur", nous explique-t-elle.

D'autres parents ont également témoigné sur les réseaux sociaux ou dans d'autres médias comme Charlotte, qui confie au journal Le Figaro qu'elle ne "fera pas tester sa fille à chaque fois qu'elle est cas contact". Une autre maman refuse d'envoyer son enfant à l'école s'il est cas contact, ne souhaite pas faire d'autotest, ni de fausse attestation. Elle gardera finalement son enfant à la maison pendant 7 jours en cas de besoin. Sur BFMTV, Matthieu Verdier, secrétaire général du syndicat national des écoles en Occitanie, admet que "ce n'est pas facile, cela fait pleurer, et on n'est même pas sûr qu'on l'ait bien fait. Donc je peux tout à fait les comprendre", précise-t-il. En revanche, il dénonce ces fausses attestations rédigées par les parents. "Plus les gens ne respectent pas les règles, plus ça durera et plus il y aura une lassitude générale pour tout le monde".

Les parents qui envoient leurs enfants à l'école... même s'ils sont positifs

Certains parents n'hésitent pas non plus à renvoyer leur enfant à l'école même en sachant qu'il est positif au Covid-19... Parce qu'ils doivent retourner travailler. Une pratique particulièrement dénoncée sur les réseaux sociaux. 

"La meilleure copine de ma fille a une grande soeur atteinte d'une maladie génétique rare. Je trouve que les parents sont égoïstes de ne pas penser aux autres élèves plus fragiles en agissant ainsi", dénonce Annie, maman de Lou, dans le département des Yvelines. Les parents qui font attention et respectent les règles sont tout autant lassés des contraintes sanitaires et autotests à faire subir à leurs enfants, mais les fausses attestations ne font qu'amplifier les tensions au sein des établissements scolaires.