Après mon cancer, j'ai allaité mon bébé avec un seul sein : le témoignage de Juliette

Allaiter avec un seul sein, c'est possible. Juliette, atteinte d'un cancer du sein, l'a fait. Pour le Journal des Femmes, elle revient sur sa grossesse, son allaitement, la découverte de sa maladie et la manière dont elle l'a surmontée.

Après mon cancer, j'ai allaité mon bébé avec un seul sein : le témoignage de Juliette
© Sarah Annie Photographie

Âgée de 38 ans, Juliette est mariée et maman de deux jeunes enfants (5 ans et 16 mois). Elle est photographe en freelance et auteure du blog "Je ne sais pas choisir". Après de nombreuses années en région parisienne, elle vit désormais au bord de la mer en Normandie. Juliette a découvert son cancer du sein à 34 ans, alors qu'elle allaitait son petit garçon. Aujourd'hui, elle allaite sa petite fille... D'un seul sein. Dans ce témoignage touchant, elle nous raconte son parcours et son envie de donner le sein à ses enfants malgré la maladie.

J'ai d'abord senti une boule dans mon sein, que j'ai mise sur le compte de l'allaitement

J'ai d'abord senti une boule dans mon sein, que j'ai mise sur le compte de l'allaitement, en me disant que ça partirait rapidement. Mais elle ne partait pas... Après plusieurs semaines, j'ai fini par consulter une sage-femme qui m'a prescrit une échographie mammaire. S'en est suivie une mammographie, puis une macrobiopsie, et enfin l'annonce du cancer. Ça a été un choc, j'ai eu très peur de ne pas voir grandir mon fils, de rater toutes les étapes importantes de sa vie. Mais rapidement, j'ai su que j'avais un cancer non invasif, avec un très bon pronostic.

Les choses ont ensuite été très rapides : biopsie en juin, annonce officielle de la maladie le 1er juillet, suivie d'une mastectomie trois semaines plus tard. Le 15 août, j'étais officiellement en rémission : après analyse de mon sein et d'un ganglion sentinelle, les médecins m'ont confirmé que le cancer ne s'était pas étendu et que je n'avais pas besoin de traitement supplémentaire. 

La maladie m'a donné envie d'être encore plus présente pour mes enfants

La maladie m'a donné un sentiment d'urgence, je me suis rendue compte que tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain (on le sait tous, mais disons que ça devient beaucoup plus concret quand on vous annonce que vous avez un cancer...) et qu'il fallait en profiter au maximum. Ça a sans doute accéléré notre projet de déménagement, de la région parisienne au bord de la mer en Normandie. Quant à la maternité, ça m'a fait relativiser pas mal de choses, j'étais déjà soucieuse d'offrir le meilleur à mes enfants, mais ça m'a donné envie d'être encore plus présente pour eux. 

J'ai tiré mon lait 8 fois par jour pendant 1 mois pour lancer et maintenir ma lactation

La mise en place de l'allaitement a été compliquée, mais pas forcément à cause de mes antécédents : ma fille tétait mal, il a fallu qu'on travaille ensemble pour y arriver. J'ai vu une consultante en lactation à plusieurs reprises. J'ai tiré mon lait 8 fois par jour pendant 1 mois pour lancer et maintenir ma lactation le temps qu'on trouve les solutions... Ma fille a aussi eu des biberons de lait en poudre pendant ce premier mois. Et puis au bout de 4 semaines, il y a eu un déclic, tout ce qu'on avait mis en place a porté ses fruits et j'ai pu passer à un allaitement exclusif.

Je ne voulais pas que la maladie nous prive de l'allaitement

C'était important pour moi de l'allaiter : j'avais allaité son frère pendant 1 an et demi (j'avais continué pendant encore quelques mois après ma mastectomie), j'avais envie de lui offrir la même chose, je ne voulais pas que la maladie nous prive de ça. Pour moi, c'est quelque chose de viscéral, c'est ma façon à moi de materner, ça me tenait à cœur que ça fonctionne. Il y avait un petit côté "revanche" aussi, je voulais me prouver que c'était possible !

Mes conseils pour les femmes ayant subi une mastectomie et qui veulent allaiter 

Je leur conseille de garder en tête que c'est possible (on peut allaiter des jumeaux, donc un seul sein suffit, le corps s'adapte à la demande du bébé), et de bien s'entourer, notamment en faisant appel à une consultante en lactation IBCLC. J'ai failli baisser les bras et c'est vraiment grâce au soutien de mon mari et de ma consultante que j'y suis arrivée : on dit qu'il faut un village pour élever un enfant, il ne faut vraiment pas hésiter à demander de l'aide à tous ces habitants.