Maltraitance infantile : numéros d'urgence, signes, conseils

La maltraitance infantile relève de plusieurs actes et sévices, corporels et/ou psychologiques. Voici comment les reconnaître, réagir, ainsi que les numéros à appeler pour alerter d'une situation de maltraitance douteuse ou avérée.

Maltraitance infantile : numéros d'urgence, signes, conseils
© eakmoto

La maltraitance infantile n'est malheureusement pas un phénomène rare ou isolé. C'est même un "problème de santé publique", et une urgence à traiter pour le gouvernement. Comment ? En encourageant la prise de parole des victimes, à travers trois numéros dédiés. Des lignes d'appel spécialement conçues pour leur venir en aide, ou apporter des éléments de réponse concrets à des témoins de violence avérée ou ayant de fortes suspicions, et qui ne savent pas comment réagir. Car l'erreur, bien trop souvent commise, est d'en référer aux parents de la victime présumée, qui dans la plupart des cas, sont à l'origine même de ces maltraitances. Même les nouveau-nés sont concernés : "C'est dans les premiers âges de la vie que les enfants sont le plus exposés aux violences intrafamiliales", sachant qu'en moyenne en France, un enfant décède tous les cinq jours sous les coups de ses parents. De fait, tout le monde doit y être sensibilisé, se sentir concerné, et connaître ces trois numéros bien spécifiques :

  • le 119, numéro national gratuit, dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l'être (joignable 24h/24, 7j/7)
  • le 3018, numéro pour les enfants victimes de cyberharcèlement
  • le 3020, numéro pour les enfants victimes de harcèlement scolaire

La maltraitance infantile en chiffres

Les derniers chiffres connus sur la maltraitance infantile font froid dans le dos et sont de plus en plus alarmants. En France, chaque année, plus de 50 000 plaintes pour violences physiques faites sur un enfant sont déposées, et 20 000 pour agressions sexuelles. Plus de la moitié des victimes ont moins d'un an et la plupart présentent le syndrome du bébé secoué

Par ailleurs, d'après le dernier rapport de la Ciivise au sujet des violences sexuelles sur mineurs, dans 81% des cas l'agresseur est un membre de la famille des victimes. Enfin, le délaissement parental a également des conséquences sur la santé des enfants, leurs conditions de vie et l'accès à l'éducation. Selon l'Unicef, un enfant sur cinq, soit près de 3 millions d'enfants, vivent sous le seuil de pauvreté dans notre pays

​​​​Quelles sont les formes de maltraitance infantile ? 

Il existe plusieurs types de maltraitances chez un enfant. Selon l'Observatoire Décentralisé de l'Action Sociale, "l’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, de cruauté mentale, d'agressions sexuelles, de négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique". La Haute Autorité de Santé rappelle aussi que "la maltraitance est définie par le non-respect des droits et des besoins fondamentaux des enfants (santé ; sécurité ; moralité ; éducation ; développement physique, affectif, intellectuel et social)". En résumé, on distingue souvent 4 types de maltraitance : 

  • Les violences physiques (blessures, coups, bousculades, tortures...)
  • Les violences verbales, psychologiques et morales (injures, humiliations, dénigrements, exclusion...)
  • Les violences sexuelles 
  • La négligence des besoins essentiels (nourriture, hygiène, soins, médicaments etc)

Que faire face à une situation de maltraitance infantile ? 

Face à ces maltraitances, la plupart des personnes ne savent pas comment réagir et n'en parlent pas à leur entourage. Une étude publiée par l'association l'Enfant Bleu montre que "80% des Français déclarent ne pas avoir parlé des maltraitances vécues au moment des faits". Selon les chiffres de l'association datant de 2015, parmi les 45 % de Français qui soupçonnent un cas de maltraitance dans leur entourage, 39 % s'adresseraient directement aux parents de l'enfant, autrement dit à la personne susceptible d'être l'agresseur. Le bon réflexe à avoir en cas de soupçons est tout d'abord d'observer l'enfant et d'en parler à d'autres personnes de l'entourage (hormis les parents) pour comparer vos impressions. Si vous êtes proche de l'enfant, faites-lui comprendre qu'il peut se confier à vous s'il a envie ou besoin de parler et que vous pouvez l'aider. Vous pouvez aussi composer le 119 Allô Enfance Maltraitée si vous souhaitez en discuter avec des personnes compétentes qui vous orienteront alors sur ce qu'il faut faire selon la situation.

Qui contacter en cas de maltraitance infantile ? 

  • Le 119 est le Service National d'Accueil Téléphonique de l'Enfance en Danger (SNATED). Il s'agit d'un numéro gratuit qui permet de déclarer un cas de maltraitance et d'obtenir les réponses à vos questions en cas de suspicion, grâce à une cinquantaine de professionnels de l'enfance. Si ces derniers repèrent une situation de danger, un rapport est alors envoyé à la Cellule de Recueil des Informations préoccupantes du département qui suivra ensuite le dossier et pourra intervenir en cas de besoin.
  • Vous pouvez également contacter les services sociaux de votre ville afin de prévenir d'un cas de maltraitance sur un enfant, ou en cas de danger, contacter la police. Attention cependant à ne pas en discuter directement avec les parents : dans la majorité des cas, ce n'est pas le bon réflexe à avoir ! En effet, vous vous adressez à la personne que vous soupçonnez le plus. De manière logique, les parents n'admettrons jamais être responsable de ce que vous avancez alors mieux vaut contacter des professionnels de la petite enfance.
  • L'association Enfance et Partage propose également un numéro gratuit et anonyme, le 0800 05 1234. Cette ligne d'écoute, de soutien, de conseil et d'orientation est ouverte du du lundi au vendredi de 10h à 18h, pour les victimes mineures et les témoins de violences faites aux enfants.  

Comment faire une dénonciation anonyme aux services sociaux ?

Pour signaler des faits de maltraitance sur enfant, vous pouvez faire une dénonciation anonyme, notamment si vous ne souhaitez pas vous attirer des ennuis, ce qui peut être compréhensible. Pour cela, contactez le 119. Ce numéro est gratuit et confidentiel. L'appel peut être anonyme et il sera invisible sur les relevés téléphoniques.

AlerterPourSauver : une appli contre la maltraitance infantile

Pour permettre aux victimes de sortir du silence et inciter les proches à leur venir en aide, l'Enfant Bleu lance l'appli AlerterPourSauver.org. L'objectif : permettre à tout enfant maltraité ou à un témoin - grâce à un système de géolocalisation - de trouver au plus proche de chez lui et le plus rapidement possible un interlocuteur ou une institution qui pourront l'aider. L'appli #AlerterPourSauver propose également un espace d'information sur la maltraitance et les moyens d'agir selon que l'on soit victime, témoin ou professionnel de santé.

Quels sont les signes de la maltraitance infantile ? 

Il n'est pas évident de reconnaître un cas de maltraitance chez un enfant, celui-ci étant souvent traumatisé, il garde le secret de peur de représailles. Il peut également avoir honte et parfois même se sentir coupable parce qu'il peut penser qu'il est responsable de la violence subie. 

  • Pour bien repérer les signaux de maltraitances physiques, il est important de vérifier à la fois les signes perceptibles (bleus, coups, brûlures, blessures, lacérations, maigreur...) ainsi que les troubles du comportement (méfiance, passivité ou agressivité, angoisses, tristesse permanente...).
  • Idem en cas de violences sexuelles. Dans ses paroles ou à travers ses dessins, l'enfant peut dévoiler des comportements à caractère sexuel. Par ailleurs, d'autres symptômes doivent alerter tels que des douleurs ou des démangeaisons situées sur les parties génitales, des difficultés d'attention, de mauvaises relations avec ses camarades et des discours à connotation sexuelle.
  • Enfin, les absences de soins et négligences chez un enfant sont une autre forme de maltraitance. En cas de faim constante, d'hygiène défectueuse, de vêtements peu adaptés ou de manques de soins médicaux... l'enfant peut alors avoir un changement de comportement : fatigue et somnolence, difficultés à rester attentif, vol de nourriture, chute des résultats scolaires...
Qu'en est-il des professionnels ? Selon le dernier rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), la protection de l'enfance présente des défaillances. "Plus de la moitié des enfants concernés par l'étude avaient subi avant leur mort des violences graves et répétées et, souvent, des signes de violences avaient été repérés par des professionnels", précise l'enquête. Ce qui signifie que de nombreux enfants auraient pu être sauvés si les signaux d'alerte visibles avaient fait l'objet d'une synthèse. L'Inspection générale des affaires sociales recommande par conséquent de mieux organiser l'échange des informations au sein de chaque service médico-social, de l'éducation nationale, de la police ou de la justice et entre ces services. 

Comment lutter contre la maltraitance infantile ?

Dans un précédent rapport, l'IGAS proposait une série de recommandations visant à mieux repérer et prévenir les situations qui représentent un danger pour l'enfant :

- Pratiquer obligatoirement une autopsie médico-légale sur tous les enfants de moins d'un an décédés de mort inexpliquée. 

- La mise en place d'un carnet de santé numérique de l'enfant, ainsi qu'un examen médical en milieu scolaire (sans la présence des parents) 

- Un suivi renforcé de l'absentéisme des élèves

-L'analyse plus en détail les situations familiales par les services sociaux. "La violence conjugale, les addictions de toutes sortes et les troubles de la personnalité importants sont des données qui doivent susciter la plus grande vigilance chez tous les acteurs de la protection de l'enfance"

Un renforcement des actions de préparation à la parentalité, notamment pour les pères.

- Un accompagnement des femmes qui prennent une contraception afin de prévenir les grossesses non désirées et la maltraitance des enfants.

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