Aurore Guillot : entretien avec le Meilleur Ouvrier de France Lingerie "J'ai toujours cousu et me suis prise au jeu"

On vous connaît aujourd'hui en tant que spécialiste de la couture, mais en fait ce n'est pas votre principale activité...

Effectivement. J'ai suivi des études de droit puis j'ai commencé à travailler dans la fonction publique. Un peu par hasard et par nécessité aussi puisque j'ai deux filles, maintenant adolescentes. Et j'y suis restée. Au départ greffière dans un tribunal administratif, je suis par la suite passée dans l'administration "pure", fonction dans laquelle je ne me sens pas la plus épanouie. D'où l'envie de faire autre chose, de suivre ma passion tout simplement...

deux créations d'aurore guillot : une tenue de mariage baptisée 'du côté de
Deux créations d'Aurore Guillot : une tenue de mariage baptisée "Du côté de Guermantes" et une robe bustier noire transformable en robe de soirée "Nausicaa" © DR Aurore Guillot

Vous parlez de la couture ?

Oui, c'est une vocation très précoce ! En fait, j'ai un peu baigné dans le milieu dès mon plus jeune âge, indirectement. Je fais partie de cette génération où les mères, les grands-mères cousaient beaucoup, étaient soucieuses de l'élégance et portaient de belles toilettes. On faisait les choses soi-même, aussi parce que cela revenait moins cher. Malheureusement, je trouve que l'on a un peu perdu ce savoir-faire au fil du temps. J'ai donc toujours cousu et me suis complètement prise au jeu. Je concevais des vêtements pour moi et cela plaisait aux autres. Cela m'a donné l'envie d'aller plus loin, de faire des choses que je ne porterai pas forcément...

Quels moyens avez-vous mis en œuvre pour intégrer le monde de la mode ?

Puisque il s'agit d'un milieu relativement fermé à mon sens, il a bien dû trouver des chemins de traverse pour y pénétrer ! J'ai donc tout d'abord commencé par passer des examens en candidat libre, en parallèle à mon travail, pour me donner davantage de légitimité : un CAP en haute couture "flou" (le flou : les belles de robes, tout ce qui n'est pas tailleur) et un BEP, entre autres, sont gages de sérieux dans le domaine. Mais en vain. Je me suis donc lancée dans l'aventure du concours du Meilleur Ouvrier de France, en 2000.

Etait-ce selon vous une manière d'arriver à vos fins ?

Oui tout à fait. Ce concours est une manière comme une autre de percer dans le domaine. J'ai également tenu à le passer par rapport à moi-même. Pour me prouver quelque chose, me hisser à un tel niveau. C'est aussi une excellente carte de visite, d'autant qu'il y a désormais une équivalence au BTS, avec remise de diplôme calligraphié. Un niveau supérieur depuis 2000 où il n'était jusque-là reconnu qu'au niveau du Bac.

Sommaire