Histoire de la Palme d'or, de Lucienne Lazon à Chopard

C'est la star la plus attendue de la quinzaine. Chaque année, la Palme d'or récompense le meilleur film du Festival de Cannes. Revenons sur l'histoire de ce prix mythique qui, depuis sa création, a évolué jusqu'à devenir un sublime objet de luxe.

Histoire de la Palme d'or, de Lucienne Lazon à Chopard
© Chopard

C'est en 1946 qu'est décerné pour la première fois un prix pour un film à Cannes (décerné, cette première année, à l'intégralité des films sélectionnés : pas de jaloux, pas de perdants !). Cette récompense ultime, tant attendue par les réalisateurs de la saison en compétition, n'est à l'époque qu'un simple titre honorifique intitulé "Grand Prix du Festival International du Film". Il en sera de même jusqu'en 1951 où ce dernier prendra la forme d'un diplôme accompagné d'une œuvre d'art signée par l'un des artistes cotés du moment.

La première version :

Il faudra attendre 1954 pour voir apparaître un trophée prenant la forme de la fameuse palme. Cette année-là, c'est Robert Favre Le Bret, Délégué Général de l’événement cinématographique, qui évoque l'idée de créer un objet de récompense propre au Festival de Cannes. Il pense immédiatement à l'emblème de la ville, la palme, présente sur les armoiries historiques de la cité mais surtout si représentative de cette station balnéaire longée de nombreux palmiers.
Favre Le Bret et le Conseil d'administration du Festival lancent alors un appel d'offre auprès de divers joaillers qui proposent alors chacun leur version haut de gamme de la palme cannoise. C'est finalement la créatrice de bijoux Lucienne Lazon qui est sélectionnée. Elle sera la première à entrer dans l'histoire de la Palme d'or du Festival de Cannes, trônant sur les étagères de huit des plus grands réalisateurs internationaux dont Marcel Camus, Luis Buñuel et Luschino Visconti.

L'abandon du trophée :

Par manque de moyen, l'élégante palme signée Lucienne Lazon, avec son extrémité de tige en forme de cœur et son socle sculpté par Sébastien, est abandonnée dès 1964. Pendant les 10 années qui ont suivi, les films ont donc de nouveau été récompensés par l'originel titre  "Grand Prix du Festival International du Film" imaginé en 1946 : un triste retour en arrière pour le si prestigieux Festival de Cannes. Claude Lelouche pour Un homme et une femme en 1966 ou encore Francis Ford Coppola avec Conversation en 1974 n'auront donc pas l'honneur de repartir du Palais des Festivals avec ce trophée bijou.

La réhabilitation suivie de transformations :

Joie ! En 1975 la Palme revient sur le devant de la Croisette et le septième art se remet à écrire son histoire en lettres d'or sous le soleil cannois. La récompense, dans son bel écrin en cuir rouge capitonné de daim blanc, restera telle quelle jusqu'au début des années 80 où l'on décide d'en repenser la forme pour une version plus moderne.
En 1984, le socle prend alors une forme pyramidale massive et devient l'élément principal du trophée. On appose sur l'une des faces l'incontournable palme.
Il faudra attendre 1992 pour y voir apparaître l'une de ses caractéristiques majeures, encore conservée aujourd'hui : le socle en cristal, que l'on doit à Thierry de Bourqueney.

Et la Palme d'or est à attribuée à… Chopard !

Dès 1997, la Palme d'or du Festival de Cannes écrit une nouvelle page de son histoire. Sa création et sa réalisation sont confiées à la mythique maison de haute joaillerie suisse Chopard, sous la présidence de Pierre Viot. Caroline Scheufele, à la tête de l'enseigne de luxe, décide de lui donner un coup de jeune. C'est ainsi que l'objet, offert chaque année depuis 1998 par la marque devenue l'un des partenaires principaux de l’événement, prend la forme qu'on lui connait : un luxueux coussin de cristal rectangulaire biseauté tel un diamant, sublimant une délicate palme à 19 feuilles plaquée d'or jaune.
Le joyau est fabriqué à la main dans les ateliers Chopard de Meyrin près de Genève. Ce dernier est produit en trois exemplaires, en cas de perte, de dégradation, d'égalité entre divers films ou de remise de prix d'honneur, et est accompagné de ses deux petites sœurs, les palmettes, remises pour les prix d'interprétation masculine et féminine. Chacune de ces palmes demande la participation de sept artisans sur 40 heures de travail : une vraie prouesse joaillière.
Outre la beauté incontestable de ce trophée et le savoir-faire d'excellence qu'il requière, la  grande fierté de la maison reste la traçabilité et l'éco-responsabilité de l'or dit "Fairmined" utilisé pour cette création : "Je suis très heureuse et fière que la Palme d'Or, que j'ai redessinée en 1998, puisse aujourd'hui bénéficier d'un or traçable, extrait dans des conditions respectueuses des hommes et de l'environnement." explique Caroline Scheufele.

Plus de 19 films ont eu l'honneur de quitter la Croisette avec le majestueux coffret Chopard contenant le Saint Graal, estimé à 20 000 euros. Reste à patienter jusqu'au 28 mai pour connaître le film de la sélection 2017 qui recevra lui aussi cet objet de tous les désirs.

La Palme d'or dans sa première version par Lucienne Lazon © Festival des Cannes
La palme d'or réalisée par Chopard dans sa version actuelle © Chopard
Jacques Audiard remporte la Palme d'or le 24 mai 2015 pour son film "Dheepan" au 68ème Festival de Cannes © Shoot Pix ABACA