Chanel printemps-été 2021 : moteur, action !

Qu'ont en commun Romy Schneider, Anna Karina, Jeanne Moreau et Gabrielle Chanel ? Chacune de ces figures françaises a participé à la construction de la femme moderne, présente, sulfureuse, définitivement libre. C'est cet idéal qu'explore la dernière collection Chanel printemps-été 2021 placée sous le signe du cinéma tricolore, de la turbulente et élégante Nouvelle Vague plus précisément. 

Comme Godard, Maille et Truffaut l'ont fait avec la matière cinématographique, la directrice artistique Virginie Viard défait la trame et bouscule les codes du défilé. Les mannequins ne se suivent pas machinalement sous la nef du Grand Palais, entre les lettres monumentales d'un "Chanel" dressé comme sur la colline d'Hollywood elles se tiennent, se présentent au public une à une avec charisme. La révolution ne s'arrête pas au spectacle. La grammaire Chanel a, elle aussi, pris un coup de jeune. 

Presque pas de tweed, aucun rang de perle à l'horizon, la maison au double C met de côté les lourds stigmates pour adopter une allure rafraichissante. Les silhouettes sont courtes et fluides, les emmanchures larges pour laisser aller les mouvements du corps. Une philosophie directement héritée de la mode de l'illustre Coco. La petite veste noire devient une robe pull courte, rose poudrée aux poches accentuées de noir, nouée nonchalamment à la taille. Les lettres de la griffe se mélangent pour créer un motif abécédaire ludique. Les vestes en tweed courtes, sont elle, oversized. On trouve même des cropped top, accessoirisés d'un voile de soie pour ne rien céder à l'évidence. L'élégance sur le vif des héroïnes de la Nouvelle Vague remasterisée en 2020. Une collection qui n'hésite pas et mérite une palme d'or.