Soeurs : une relation passionnelle L'avis du psy

Quelles sont les différentes étapes clés dans le développement de la relation entre sœurs ?
La période de l'œdipe est la première étape. Elle se manifeste par la façon dont les sœurs vont prendre position par rapport à leur mère et à leur père, selon qu'elles s'identifient plus à l'un ou à l'autre. Ensuite, il y a la puberté. Les sœurs vont-elles se séparer, rester unies, se dégoûter ou se haïr ? Puis, vient le moment de la création d'une famille. Cela va soit les éloigner, soit les amener à se retrouver. Enfin, arrive la période où les enfants s'en vont. Les sœurs se sont perdues de vue et se retrouvent. C'est un moment de sérénité.

Pourquoi la relation sororale est-elle passionnelle ?
Il existe des sœurs indifférentes, notamment si elles ont un grand écart d'âge, s'il s'est passé quelque chose dans la famille... Mais de façon générale, les sœurs ont partagé ensemble leur enfance, elles ont des trésors de souvenirs. Elles ont appris à devenir elle-même, en même temps et ont appris à être différentes l'une de l'autre. La sœur est une part d'enfance et une part de soi. 

Pourquoi certaines femmes se détestent alors que d'autres s'adorent ? Dans une famille, les relations vont de l'indifférence à la passion. Mais dans notre pays, on est assez pudique là-dessus. Les liens entre sœurs sont même tabous. En écrivant cet ouvrage, nous nous sommes rendues compte avec Sophie Carquain, ma co-auteur, que nous écrivions le premier livre consacré à la sororité. Bien sûr, ce thème a été traité dans la littérature, dans les films mais pas dans des ouvrages psy. Ça a été notre grande surprise. Les relations entre sœurs sont plus chahutées que les relations entre frères. Cela vient du fait que ces femmes sont du même genre et du même sexe que leur mère. Les sœurs partagent la féminité. Et la féminité n'est pas toujours une transmission heureuse. Certaines femmes éprouvent même de la haine pour cela.