"Il faut tout un village pour élever un enfant" : pourquoi on devrait appliquer cette expression dans notre quotidien
Et si on faisait nôtre le proverbe "Il faut un village pour élever un enfant" ? Une manière de se redonner du temps, mais aussi d'accepter la main tendue. Analyse.
Nous connaissons tous l'expression "Il faut un village pour élever un enfant". Ce proverbe africain dit bien ce qu'il veut dire. Si les parents sont les premiers responsables de leur enfant, dont ils doivent s'occuper avec soin et pourvoir à l'éducation, d'autres personnes ont également un rôle crucial à jouer auprès de l'enfant, de sa naissance au moment où il prend son indépendance. Cela peut être la famille proche, les grands-parents, les oncles, tantes, cousins, cousines. Mais ce "village" qui se construit autour de l'enfant est aussi constitué de l'assistante maternelle, du personnel de la crèche, des voisins, des amis, des enseignants. Chacun, à son propre niveau, a une place à prendre auprès de l'enfant… à condition de la lui laisser !
Le manque de soutien des mères dans les sociétés occidentales
"Durant la vaste majorité de l'histoire de notre espèce, les mères ont probablement eu bien plus de soutien que ce dont elles bénéficient aujourd'hui dans les pays occidentaux", énonce d'emblée le Dr Nikhil Chaudhary, anthropologue évolutionniste à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni) et co-auteur d'une étude parue en 2023 dans la revue Developmental Psychology. Cette étude s'est intéressée à la communauté des Aka-Mbendjele, qui vit dans la forêt tropicale au nord de la République du Congo, et à la manière dont ces chasseurs-cueilleurs s'occupent de leurs enfants. Elle a montré qu'un véritable réseau de soins dans les domaines de la réponse aux pleurs, du contact physique, des soins interactifs et de la proximité, était créé autour de l'enfant. Ainsi, les soins non apportés par la mère représentaient 40 à 50% des soins prodigués dans chaque domaine.
Dans nos sociétés occidentales, les enfants sont gardés pour permettre à leurs parents de travailler. Mais beaucoup plus rarement pour leur permettre de s'octroyer un temps de pause ou de détente. "Les anthropologues s'entendent sur le fait que le soutien étendu à l'éducation des enfants, comme celui que j'ai observé chez les Mbendjele, a été la clé de notre succès en tant qu'espèce.", explique le Dr Chaudhary. "Il n'est donc pas surprenant que le manque de soutien social soit l'un des principaux facteurs de risque de dépression post-partum dans les pays occidentaux.", ajoute-t-il. Et le bénéfice est partagé par tous. Les parents qui bénéficient d'un plus grand soutien sont moins fatigués et mieux armés pour prendre soin de leurs enfants.
Partager la charge mentale pour éviter le burn-out
On parle beaucoup depuis quelques années du burn-out parental. Caractérisé par un épuisement complet, un désengagement affectif, le découragement et la sensation de ne plus pouvoir tenir son rôle de parent, il touche en particulier les mamans. Plusieurs facteurs expliquent sa survenue, mais il est notamment favorisé par l'isolement, le manque de relais, et l'absence de ressources suffisantes pour vivre sa parentalité sereinement.
Il n'est pas toujours facile de demander de l'aide ou de l'accepter lorsque quelqu'un la propose, et l'isolement est parfois tel que partager la charge mentale semble impossible. Mais c'est aussi le sens de l'expression "il faut tout un village pour élever un enfant." Il faut savoir dire oui lorsque des bonnes volontés se présentent, et surtout se détacher de ses croyances et des injonctions de la société qui nous affirment que nous devons être opérationnels et efficaces en toutes circonstances.