Mon enfant est mauvais joueur : que faire, comment gérer ?

Crises, colère, pleurs, les jeux tournent parfois à la catastrophe avec votre enfant. Rachida Raynaud, psychologue, nous délivre ses conseils pour accompagner au mieux les enfants et leur apprendre à jouer...et à perdre.

Mon enfant est mauvais joueur : que faire, comment gérer ?
© Family Veldman

Pour un enfant mauvais joueur, ou mauvais perdant, perdre est une réalité  difficile à vivre, au point de provoquer une réaction émotionnelle très forte et systématique : énervement, gestes impulsifs, pleurs, explique la psychologue. Cette déception intense est très peu canalisée par l'enfant qui est débordé par ses émotions. 

"Un enfant mauvais joueur est un enfant qui accepte mal la réalité du jeu, à savoir la possibilité de perdre et de ne pas toujours gagner",

Qu'est-ce qu'un enfant mauvais joueur ?

Rachida Raynaud tient à nuancer cette étiquette qu'on colle parfois à certains enfants : il n'y a pas d'enfant mauvais joueur par essence. "Tous les enfants passent par cette étape là, avant 4 ou 5 ans c'est assez fréquent. A cet âge ils ont encore un sentiment de toute puissance, font l'apprentissage de la frustration. La situation de jeu génère quelque chose de très fort et certains enfants n'ont pas tout à fait passé ce stade de développement", explique la psychologue. "Les temps de jeu sont un support pour l'apprentissage de la gestion des émotions. Cette compétitivité, cette gestion de la déception, il faut l'accompagner", ajoute-t-elle. L'enfant a besoin de temps pour comprendre et accepter émotionnellement de perdre, de ne pas avoir prise sur l'issue du jeu. 

On observe évidemment des variabilités individuelles parmi les enfants. Le jeu peut être un moment trop intense car il mobilise énormément de choses en même temps : des compétences à mettre en application, le raisonnement, la concentration, parfois la motricité fine, le fait d'être en lien avec les autres. Le plaisir est décuplé, mais la frustration l'est également. "Cela peut être particulièrement difficile à gérer pour certains enfants, notamment les enfants hypersensibles, ceux qui manquent de confiance en eux, les enfants en difficulté de comportement, qui ont des difficultés à gérer les limites, la frustration", détaille Rachida Raynaud. 

Cette dernière rappelle toutefois qu'au-delà d'un certain âge, cela relève plutôt des traits individuels de l'enfant. "Il y a ce qui est en lien avec le stade de développement, mais aussi ce qui est environnemental. Par exemple, la manière dont se déroulent les jeux au sein de la famille, la réaction des adultes eux-mêmes quand ils perdent. Tout cela a aussi un impact sur les réactions et le comportement de l'enfant dans la situation de jeu", précise la psychologue. Car s'il est disproportionné d'entrer dans une colère noire après une défaite, il ne faut pas non plus adopter l'attitude inverse et minimiser totalement le fait de perdre. 

Enfant mauvais perdant : dois-je le laisser gagner ?

Voici une question que se posent tous les parents ! Lorsque l'enfant est petit, dans le stade d'apprentissage du jeu, qu'il découvre les règles, il est possible de le laisser gagner un peu au début. "On peut aussi les avantager un peu, simplifier légèrement les règles", recommande la psychologue. Cela permet d'ancrer des expériences de jeu positives pour l'enfant. Puis progressivement, avec l'introduction de nouveaux jeux, basés sur d'autres modalités (coopération, hasard, logique)  il faut amener l'enfant à se confronter à cette réalité du jeu ( perdre, gagner, ne pas tout maîtriser), en s'adaptant à son âge, ses compétences, sa maturité. "Laisser l'enfant gagner, cela peut se faire, mais cela ne doit pas être systématique. L'idée est de pouvoir faire évoluer ça, en mettant en place le respect des règles . L'enfant doit avoir des expériences positives, le souvenir d'avoir gagné. Mais il ne doit pas être tout puissant et doit donc aussi perdre", explique Rachida Raynaud. "C'est aidant de faire cet apprentissage en famille, et utile pour la vie sociale future", ajoute-t-elle. 

Enfant mauvais joueur : comment lui apprendre à accepter de perdre ?

La première chose à faire est de choisir des jeux adaptés à l'enfant, à son âge, à ses compétences afin de ne pas le mettre en difficulté. La psychologue recommande même de d'alterner avec des jeux d'un âge inférieur, pour que l'enfant ait de la facilité à gagner et prenne confiance en lui. "Il faut faire preuve de tolérance et de bienveillance envers les plus petits; adapter les règles, laisser un peu gagner. S'il y a une fratrie, l'adulte peut se mettre avec le plus jeune ou celui qui est le plus facilement embarqué dans ses réactions fortes afin de l'aider à gérer ses émotions", conseille-t-elle. Puis, petit à petit, on renforce le respect des règles du jeu.

"Lorsqu'on introduit un nouveau jeu, il faut vraiment prendre bien le temps de l'explication de la règle, bien redire ce qu'il faut faire pour gagner, qu'il y aura un/des perdants. On va aussi essayer d'amener dans ces règles, les comportements qui ne sont pas acceptables, par exemple jeter, taper.", explique Rachida Raynaud. Il peut également être intéressant d'alterner les types de jeu : jeux de stratégie, jeux de hasard et jeux de coopération. 

Et avec les copains ? 

Si vous, parents, avez suffisamment de patience pour supporter ses colères et de prévenance pour le laisser gagner, les copains n'auront pas autant d'empathie pour ménager votre enfant. Et il aura vite fait de passer pour le mauvais perdant de service, avec qui personne ne voudra jouer... Aussi, pour ne pas être banni par ses pairs, mieux vaut lui faire prendre conscience que son comportement pourrait lui être préjudiciable... Et oui ! Même la bienveillance à ses limites !

Une sélection de jeux pour toute la famille

 Pour terminer, voici quelques exemples de jeux qui favorisent la coopération et peuvent faire en sorte que les jeux se passent le mieux possible. 

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