Grossesse surprise : "j'ai appris que j'étais enceinte à 2 mois et demi"
Judith travaille 18 heures par jour pour faire vivre son entreprise dans le domaine équestre, lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte de 2 mois et demi. A la surprise succède le grand bonheur d'être mère. Elle témoigne.
Apprendre qu'on est enceinte par surprise n'est pas toujours ressenti comme étant une bonne nouvelle. Certaines femmes recourent alors à l'interruption volontaire de grossesse, d'autres décident de poursuivre la gestation. Chacune doit être libre de pouvoir faire son choix. Judith a 27 ans lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte, sans l'avoir anticipé ni même espéré, elle a choisi la seconde option et nous raconte son aventure vers la maternité. "C'était une période où je travaillais énormément. Depuis six mois, 18 heures par jour. J'avais une société de production audiovisuelle dans l'événementiel équestre avec mon conjoint. Nous sommes au mois de novembre 2011, nous couvrons un concours international et enchaînons les nuits à l'hôtel. Depuis quelques jours, je ne me sens pas bien au réveil : l'odeur de la salle de petit-déjeuner et du café me donnent envie de vomir. Bizarrement, quelques heures après, la nausée passe et je n'ai qu'une envie, dévorer ! Je rêve de côte de bœuf, de foie gras, je crois que j'aurais pu manger un cheval... Je ne m'alerte pas spécialement, mais mon conjoint, de nature hypocondriaque, s'inquiète énormément de me voir comme cela. Il pense tout de suite que j'ai quelque chose de grave, un cancer. J'ai l'habitude de calmer ses angoisses, mais son insistance me fait me dire que peut-être qu'il se passe quelque chose. Je réfléchis : quand ai-je eu mes règles pour la dernière fois ? Je suis tellement sous l'eau professionnellement que je ne m'en souviens même pas. Je lui en fait part, nous décidons qu'à notre retour à la maison, nous ferons un test de grossesse.
Enceinte de deux mois et demi
Le test est positif. Je suis enceinte, et un peu abasourdie ! On est ensemble depuis 10 ans et on s'est toujours dit qu'on aurait des enfants. Mais on travaille comme des fous et on n'avait pas du tout prévu de s'y mettre de suite... On avait simplement cette envie pour le futur, sans date programmée. Très vite, on se dit que finalement ça ne tombe peut-être pas si mal. Y'aurait-il eu un "bon" moment ? N'aurions-nous pas cessé de repousser en attendant un instant propice qui ne serait jamais arrivé ? J'ai 27 ans, la trêve hivernale des concours hippiques commence, et finalement : pourquoi pas avoir cet enfant ? Je me rends faire l'échographie de datation et je suis enceinte depuis déjà deux mois et demi. Mon conjoint est le plus heureux du monde, je suis moi-même ravie. Moi qui avait une vie "publique" dans l'univers du cheval, je commence cette grossesse en toute intimité. Je l'ai cachée à tout le monde. Pas parce que c'était une mauvaise nouvelle, mais parce que pour la première fois, j'avais quelque chose qui n'appartenait qu'à moi.
Un début de grossesse sur les chapeaux de roues
Mon conjoint, rattrapé par sa nature anxieuse, commence rapidement à faire des crises d'angoisses. Comment allons-nous faire pour que la boîte continue ? Pourrons-nous nourrir cet enfant ? Brans-le-bas de combat dans sa tête, il imagine qu'il va falloir que je prenne un poste de caissière et lui de routier. Je le rassure, je ne m'inquiète pas, avoir un enfant n'est pas une condamnation, on s'adaptera. Petit à petit, son angoisse insistante me gagne et je cède à son bon vouloir : je me lance pour reprendre des études et devenir kiné. Je n'en ai aucune envie, mais il est très pressant. Je me dis, dans six mois j'ai un bébé et je suis en amphi... En parallèle, je continue à travailler d'arrache-pieds pour notre entreprise. Si la grossesse le terrifie sur notre avenir, moi je me rends compte qu'elle me donne la force de déplacer des montagnes. Je n'ai pas peur, je me sens forte, puissante pour cet enfant qui arrive dans quelques mois. Je suis déterminée à lui prouver que ce bébé ne va pas mettre un terme à notre société et je mets les bouchées doubles, laissant progressivement de côté le projet d'études. Je travaille jusqu'au dernier jour de ma grossesse. J'ai une césarienne programmée, mon conjoint l'a demandé pour lui permettre d'être là entre deux concours, et mon fils est positionné en siège.
Ce garçon s'appellera Lucien. Pendant toute la grossesse, on le surnomme "Dewey" comme le petit dernier de la série Malcolm. On n'a pas trop d'idée de prénoms pour un garçon. On se dit qu'on ne peut pas décemment l'appeler comme ça, que ce n'est pas un cadeau pour commencer sa vie. Il faut dire que le fameux Dewey de Malcolm est un enfant catastrophe. Finalement, on pense à Lucien, au 8ème mois de grossesse, c'est le nom du grand-père de mon conjoint. On aime son côté ancien et pas trop à la mode à l'époque. Il m'évoque la figure d'un paysan de village, il est doux, il renvoie à la lumière. Le jour de sa naissance, la première remarque qui me vient en tête en le voyant, c'est d'ailleurs : "oh, on dirait un petit vieux". Cette naissance, c'est le plus beau moment de ma vie. En l'ayant dans mon ventre, je me projetais, je l'imaginais, mais ça n'était pas très concret pour moi. Quand je l'ai vu, ça a été automatique, je l'ai aimé tout de suite.
Grossesse surprise, jusqu'au bout...
Je passe 7 jours à la clinique. Le début du post-partum est très difficile. Cette grossesse a commencé comme une surprise et n'a cessé d'être une série de découvertes... J'avais décidé de ne pas faire de cours de préparation à l'accouchement, de ne pas avaler des séries de bouquins sur les enfants. Je me disais : les femmes ont des bébés depuis des millénaires, je vais m'en sortir, à l'instinct. Sauf qu'une fois qu'il était là, j'ai appris des choses sur mon corps que je n'avais pas vraiment anticipé. La montée de lait par exemple. J'avais décidé de ne pas allaiter mon bébé, mon obstétricien m'avait donné un médicament dans ce but, sans trop m'expliquer le fonctionnement de ce phénomène. A la clinique, une sage-femme me dit de ne pas prendre ça et de me contenter d'homéopathie. Ce que je fais, confiante ! Mais trois jours après avoir accouché, je me mets à vivre l'enfer de cette montée de lait qui me fait souffrir le martyr. Ça, ça n'a pas été ma surprise préférée de la grossesse...
Au travail avec un bébé de 10 jours dans les bras
J'ai fini par rentrer chez moi. J'étais toute seule avec mon bébé car son père était parti couvrir un concours. J'ai passé 5 ou 6 jours merveilleux, je n'avais pas le temps ni de manger ni de me doucher, mais j'étais habituée à avoir un rythme effréné... Et j'ai adoré ce moment juste tous les deux. Jusqu'à recevoir un mail auquel je ne m'attendais pas du tout. Nous avions fait une erreur dans notre agenda et superposé deux concours hippiques sans nous en rendre compte. Il a donc fallu que je prépare toutes nos affaires et que je traverse la France pour rejoindre notre client qui nous attendait. Mon conjoint était sur un événement, moi sur l'autre, avec mon bébé et ma mère qui était venue me prêter main forte. Ça m'a permis de me rendre compte que je pouvais tout faire avec mon bébé. A partir de là, il nous a suivi partout, un véritable bébé voyageur ! Il dormait quoi qu'il arrive : les klaxons, les cris de supporters, les porte-voix, les hymnes nationaux, rien ne le réveillait. Jusqu'à ses trois ans, on a parcouru la France pour notre travail et l'année qui a suivi sa naissance, nous avons doublé notre chiffre d'affaires. Lorsqu'il a été scolarisé, nous avons changé de mode de vie. Il a aujourd'hui huit ans et il aime toujours autant voyager, mais pour les vacances en camping-car."