Violences obstétricales : "le médecin a commencé à me recoudre à vif"
Maman d'un petit garçon de deux ans et demi, Marine a vécu une grossesse et un accouchement catastrophiques. Mal accompagnée, victime de violences obstétricales, elle se confie sur ce qu'elle qualifie de "pire expérience de sa vie."
Dans l'immense majorité des cas, la grossesse et l'accouchement se déroulent dans de bonnes conditions. Les femmes ont la chance de bénéficier pour la plupart de l'accompagnement hors-pair de sage-femmes et médecins très impliqués. Mais il arrive parfois que la mécanique bien huilée de l'hôpital se mette à dérailler. Depuis quelques années, la parole se libère et les femmes sont malheureusement de plus en plus nombreuses à témoigner d'actes réalisés sans leur consentement, de gestes violents, de paroles blessantes. C'est notamment le cas de Marine Gabriel qui vient de publier La vérité au bout des lèvres, Combattre les violences obstétricales et gynécologiques (aux éditions Kiwi, 2020).
Une grossesse sous tension
Marine a 20 ans lorsqu'elle tombe enceinte de son premier enfant. Un bébé qu'elle et son compagnon avaient ardemment désiré. 15 jours à peine après avoir appris sa grossesse, Marine commence à vomir et à ressentir des douleurs très intenses. Inquiète, elle se rend alors aux urgences. Mais l'accueil qui lui est réservé dépasse l'entendement. "L'interne ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit que j'étais enceinte. Devant mon insistance, il a malgré tout accepté de me faire une prise de sang qui a évidemment confirmé ma grossesse", explique-t-elle. Le médecin pratique une échographie par voie endovaginale, sans la prévenir, et annonce alors à Marine qu'il ne voit pas l'embryon et qu'il s'agit probablement d'une grossesse extra-utérine. Pour lui, aucun doute, il va falloir pratiquer une IMG (interruption médicale de grossesse). "J'étais sous le choc. Je sentais que ces douleurs n'étaient pas normales, mais j'avais la conviction que mon bébé allait bien. J'ai insisté pour voir un autre médecin et refaire une échographie", se souvient-elle. Marine ne leur laisse pas le choix et pratique l'échographie elle-même, jusqu'à distinguer une petite bulle à l'écran. "L'embryon était bien là, j'ai donc bien fait d'insister", explique la jeune maman. Une fois la grossesse belle et bien confirmée, les médecins ne font que peu cas de la raison de sa venue aux urgences : des douleurs et des nausées constantes. "Il m'ont dit que toutes les femmes enceintes vivaient ça, et que je n'avais qu'à apprendre à vivre avec." Résultat, Marine rentre chez elle sans traitement, ni soutien.
Le reste de la grossesse de Marine est chaotique. Suivie dans une clinique privée, elle rencontre à chaque rendez-vous un gynécologue différent. La future maman souffre en permanence, elle est à fleur de peau et vomit continuellement. En dépit de la compassion de ses proches, Marine sombre peu à peu. Elle se rend à plusieurs reprises à l'hôpital pour tenter de comprendre l'origine de ces douleurs... et repart à chaque fois avec une ordonnance de Spasfon et de Doliprane. "Je n'ai absolument pas profité de ma grossesse, je n'avais qu'une hâte : que ça se termine. Je préférerais pouvoir l'oublier", confie-t-elle. Ce n'est que quelques semaines avant la fin de sa grossesse qu'un médecin va enfin prendre le temps de faire les examens nécessaires et découvrira alors que la jeune femme souffre de colique néphrétique, des calculs dans les reins. Grâce à un traitement adapté, elle bénéficie de trois semaines de répit avant son accouchement.