Des conséquences post-traumatiques suite aux fausses couches

Les femmes subiraient des niveaux élevés de stress post-traumatique, d'anxiété et de dépression après une perte de grossesse précoce, conclut une étude publiée dans l'American Journal of Obstetrics and Gynecology. Les chercheurs y soulignent l'importance d'une prise en charge psychologique.

Des conséquences post-traumatiques suite aux fausses couches
© 123RF / Antonio Guillem

Les fausses couches sont fréquentes car elles concernent près d'une grossesse sur cinq et notamment celles dites "précoces" c'est-à-dire survenant lors du premier trimestre de grossesse. Cependant, le fait qu'elles affectent de nombreuses femmes ne diminue en rien les conséquences psychologiques. D'ailleurs, dans une étude publiée en décembre 2019 dans l'American Journal of Obstetrics and Gynecology, les chercheurs de l'Imperial College London au Royaume-Uni et de l'université KU Leuven en Belgique alertent sur le besoin de prise en charge psychologique des patientes. 

1 femme sur 3 souffre de stress post-traumatique après une fausse couche

Il s'agit de la plus grande étude publiée à ce jour pour évaluer le stress post-traumatique, l'anxiété et la dépression chez des femmes, suite à une perte de grossesse précoce. Elle s'est intéressée au cas de 650 femmes ayant perdu leur bébé - pour la plupart durant les 3 premiers mois de la grossesse ou suite à une grossesse extra-utérine. Ils les ont interrogé sur leurs émotions et leurs comportements par le biais d'un questionnaire transmis à un, trois et neuf mois après leur fausse couche et ont comparé leurs réponses à celles de 171 femmes ayant mené une grossesse viable. Or, un mois après leur fausse couche, 29 % se sont retrouvées en état de stress post-traumatique, 24 % étaient victimes d'anxiété sévère, et 1 femme sur 10 souffrait de dépression. Neuf mois plus tard, 18% montraient toujours des symptômes d'un stress post-traumatique, 17 % d'anxiété 6% de dépression. 

Cauchemars, flash-back et pensées incontrôlables. Côté symptômes, outre la tristesse et la frustration liées à ce tragique événement, les femmes rapportaient faire des cauchemars, avoir des flash-back et des idées noires incontrôlables concernant leur fausse-couche, et également un évitement de tout ce qui pouvait leur rappeler ce douloureux épisode. Un état qui diminuerait donc avec le temps sans toutefois disparaître complètement. 

Une meilleure prise en charge psychologique après une fausse couche

Selon les chercheurs, ce stress post-traumatique engendré par une fausse-couche peut avoir un impact significatif sur le travail, l'interaction sociale, l'utilisation des soins de santé et les risques dans les grossesses futures. Il s'agit donc d'un problème de santé publique important nécessitant une prise en charge clinique (soutien ou/et traitement) pour aider la femme à mieux se remettre psychologiquement de cette perte précoce de grossesse. Par ailleurs, le professeur Tom Bourne, auteur principal de la recherche a déclaré dans un communiqué de l'Imperial College London: "La perte de grossesse affecte jusqu'à une femme sur deux, et pour de nombreuses femmes, ce sera l'événement le plus traumatisant de leur vie. Cette recherche suggère que la perte d'un enfant tant attendu peut laisser un héritage durable et faire en sorte qu'une femme souffre toujours de stress post-traumatique près d'un an après sa grossesse." 

Aussi, même s'il salue les efforts récents pour inciter les gens à parler plus ouvertement de ce problème très courant, selon lui, le traitement que les femmes reçoivent actuellement après une perte précoce de grossesse doit être mieux pris en charge psychologiquement. Notamment chez celles présentant des symptômes de stress post-traumatique importants. Pour y parvenir, le Pr. Bourne, suggère un dépistage systématique des femmes après une fausse-couche afin de pouvoir identifier celles qui ont le plus besoin d'aide.