L'Etat civil ne changera pas le prénom de Lilie, transgenre

A 8 ans, la petite Lillie, une enfant transgenre née dans un corps de garçon, aimerait changer de prénom. Mais l'Etat civil, dans le Vaucluse, a rejeté la demande de ses parents qui avaient effectué les démarches administratives.

L'Etat civil ne changera pas le prénom de Lilie, transgenre
© Capture d'écran Quotidien-TMC

Lilie est une petite fille transgenre âgée de 8 ans. Huit ans qu'elle se sent enfermée dans un corps de garçon et qu'elle grandit avec cette double identité. Car depuis sa naissance, même si elle se fait appeler Lilie en classe, dans son entourage et par ses amis, elle conserve administrativement son prénom de naissance, celui d'un garçon. Pour l'aider à s'épanouir et se sentir mieux dans sa peau, ses parents ont entrepris des démarches pour changer son prénom sur les registres de l'Etat civil, dans le Vaucluse. Mais leur demande a été refusée par le procureur de Carpentras ce 9 mars. "On a l'impression de se prendre des portes et des vents en permanence, alors que dans notre vie du quotidien, les gens qu'on rencontre sont dans un soutien et une compréhension sans limites. Ce n'est que l'administration. Et puis ce qui est vraiment ahurissant c'est la différence de traitement d'une région à l'autre", raconte Chrystelle, la mère de Lilie, au micro de RMC.

Pourquoi le changement de prénom a-t-il été refusé ?

Le procureur demande une preuve : celle du changement de manière irréversible de son corps de garçon en fille. Mais le changement de prénom peut pourtant être modifié même si l'on n'a pas changé de sexe, précise l'avocate Laurence Mayer sur RMC. "C'est assez nouveau que les enfants transgenres demandent à changer de prénom très jeunes. Certains parents ont pu comprendre que le désir de leur enfant de changer de prénom était un intérêt légitime. Maintenant, il faut que la justice le comprenne également", a déclaré la spécialiste en droit de la famille. Elle rappelle par ailleurs que la loi de modernisation de la justice permet, depuis 2016, de changer de sexe sans que que la modification physique ne soit irréversible "alors qu'avant, c'était une exigence". "Cette décision me surprend. Le procureur a ajouté une condition qui n'existe plus. Pour obtenir un changement de prénom, il faut montrer l'intérêt légitime : c'est un argument valable [juridiquement] que d'écouter la détresse et le mal-être de l'enfant" a-t-elle ajouté.

Pour la mère de Lilie, c'est l'incompréhension. "On est en colère et abasourdie par la décision rendue par le parquet de Carpentras de refus de changement d'état-civil de Lilie. On savait que ce n'était pas forcément gagné mais ce qui nous blesse beaucoup, c'est l'argument avancé comme motif de refus, c'est-à-dire qu'on nous demande de justifier d'un traitement qui engendrerait des modifications irréversibles sur elle, donc on trouve que c'est tout à fait déplacé" précise-t-elle sur BFMTV. Les parents de Lilie comptent porter l'affaire devant un juge aux affaires familiales pour espérer que leur fille puisse porter officiellement le prénom de son choix.