Suicide d'Evaëlle : 3 ados mis en examen pour harcèlement

Un an et demi après le suicide d'Evaëlle, élève de 11 ans d'un collège d'Herblay (Val d'Oise), victime de harcèlement, trois adolescents ont été mis en examen par le parquet de Pontoise.

Suicide d'Evaëlle : 3 ados mis en examen pour harcèlement
© Cathy Yeulet

[Mise à jour du 19 janvier à 14h44]. Evaëlle, âgée de 11 ans, avait ému la France l'an dernier, comme toutes les autres victimes de harcèlement scolaire. Après avoir subi un harcèlement répété pendant des mois au collège d'Herblay dans le Val d'Oise, la jeune fille avait fini par se donner la mort le 21 juin 2019, en se pendant à son lit. Ses parents avaient alors déposé une plainte contre son enseignante de français, qui avait été entendue en novembre 2020. Un an et demi après le décès d'Evaëlle, le 18 janvier 2021, trois adolescents âgés de 13 ans ont été mis en examen par le parquet de Pontoise (95), rapporte une dépêche AFP reprise par Le Monde.

Les enfants avaient alors 11 ans au moment des faits. Leur mise en examen est exceptionnelle et révèle une volonté de ne pas laisser passer les faits de harcèlement. Tout commence au début de son année scolaire 2018/2019, Evaëlle est prise à partie par sa professeure de français, parce qu'elle écrit sur un cahier plutôt qu'un classeur (pour alléger le poids de son cartable). A la suite de cet événement, la jeune fille devient la cible de remarques humiliantes, la "tête de turc" comme l'expliquent alors ses parents. A cette époque, Evaëlle est harcelée par ses camarades, insultée, bousculée, brutalisée,... "On lui force son casier, on lui prend son journal intime et on le lit devant tout le monde" témoignait au Parisien, Marie, la maman d'Evaëlle. "Notre suspicion, c'est que la prof a commencé quelque chose en classe et que les élèves ont poursuivi après", ajoute-t-elle. Lorsque la fillette ose enfin se confier à ses parents, en leur précisant qu'elle est le "bouc-émissaire" de sa classe, elle dresse avec son père une liste de 14 élèves.

Interdiction d'enseigner et obligation de soins psychologiques

Le 4 septembre dernier, l'enseignante a été mise en examen par une juge d'instruction du tribunal judiciaire de Pontoise, une première dans l'Education nationale, qui reconnaît sa responsabilité dans cette affaire. Le ministère avait notamment versé aux parents "une indemnité au titre du préjudice moral en échange d'un engagement à ne pas poursuivre l'Etat", précise le quotidien. Pour l'heure, la justice lui interdit toujours d'enseigner et lui donne l'obligation de suivre des soins psychologiques. L'enseignante avait même demandé une affectation en Bretagne pour poursuivre son activité.

Pour rappel, les parents d'Evaëlle n'étaient pas restés sans agir, ils avaient prévenu la direction du collège et étaient allés jusqu'à l'inspection académique. Le principal avait alors proposé de mettre en place la méthode Pikas à l'école en impliquant chacun des élèves de manière positive, mais cela n'avait pas été convaincant. Après plusieurs demandes, les parents avaient obtenu le transfert de leur enfant dans un autre établissement scolaire. "Dans le nouveau collège Georges-Duhamel, alors que ça se passait bien, elle a commencé à se faire chahuter. Puis, un élève jette ses affaires au sol...C'était un épiphénomène, mais c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", avait déclaré sa maman.