Pauvreté : 86 millions d'enfants supplémentaires à cause du Covid-19 ?

En l'absence de mesures urgentes, le nombre d'enfants vivant dans un ménage pauvre pourrait augmenter de 15 % d'ici la fin de l'année à travers le monde. Ce qui ferait grimper à 672 millions, le nombre d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté.

Pauvreté : 86 millions d'enfants supplémentaires à cause du Covid-19 ?
© 123RF / ulkas

 Le Covid-19 n'impacte pas que la santé de la population. Au total, 86 millions d'enfants supplémentaires pourraient vivre dans la pauvreté d'ici à la fin de l'année selon une analyse réalisée par Save the Children et UNICEF et publiée ce 28 mai 2020. Cela équivaudrait à une hausse de 15 %. En cause ? Les conséquences économiques engendrées par la pandémie de COVID-19.

Des mesures urgentes pour protéger les familles

En l'absence de mesures urgentes pour protéger les familles des difficultés financières causées par la pandémie, le nombre d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté dans les pays à revenu faible et intermédiaire pourrait atteindre 672 millions à travers le monde d'ici fin 2020. "La pandémie de maladie de coronavirus a entraîné une crise socio-économique sans précédent" déclare Henrietta Fore, Directrice générale de l'UNICEF. Et celle-ci nuit aux ressources des familles du monde entier. Or,"l'ampleur des difficultés financières qui touchent les familles menace de réduire à néant des années de progrès en matière de réduction de la pauvreté des enfants et de priver ceux-ci de services essentiels." Moralité, selon la directrice générale de l'Unicef : "en l'absence d'action concertée, les familles qui parviennent à peine à joindre les deux bouts pourraient sombrer dans la pauvreté, et les plus pauvres d'entre elles pourraient être confrontées à un dénuement qui avait disparu depuis des décennies." 

Les enfants, une cible fragile

Inger Ashing, Présidente-directrice générale de Save the Children International explique que les enfants "sont très vulnérables aux périodes, même courtes, de famine et de malnutrition dont ils peuvent subir les conséquences pendant toute leur vie". La solution impérative selon elle : agir maintenant, avec détermination pour "prévenir et limiter les menaces liées à la pandémie pour les pays les plus pauvres et certains des enfants les plus vulnérables". Et s'il est primordial de réagir, c'est parce que "la pauvreté n'est pas inévitable pour les enfants".

Coronavirus et pauvreté : quel impact selon les pays ?

Les plus touchés, près des deux tiers, résident en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Mais l'Europe et l'Asie centrale pourraient subir une augmentation de 44 %. Autre zone vulnérable, l'Amérique latine et les Caraïbes dont la hausse pourrait atteindre 22 %. Autre élément à prendre en considération, la situation des enfants qui vivent dans des pays déjà touchés par le conflit et la violence comme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, car la crise va augmenter le risque d'instabilité et de pauvreté. 

La crise économique, un engrenage pour les familles les plus modestes

Save the Children et UNICEF expliquent que la crise économique mondiale causée par la pandémie et les politiques de confinement mises en place auraient d'abord pour conséquence la perte de revenus immédiate. Résultat : les familles ne peuvent plus payer les biens élémentaires comme la nourriture et l'eau. De même, les foyers les plus modestes auront moins accès aux soins et à l'éducation pour leurs enfants. A l'inverse, le risque de mariage des enfants, de violence, d'exploitation et d'abus seront accrus. Enfin, les familles ne disposant pas de protection sociale ni de mesures compensatoires peineront davantage à respecter les mesures de distanciation sociale, augmentant ainsi leur exposition au virus.

Vers un système de protection sociale à grande échelle ?

Pour y palier, Save the Children et UNICEF appellent à un élargissement rapide à grande échelle des systèmes et des programmes de protection sociale. Mais aussi des transferts en espèces, des programmes d'alimentation scolaire et des prestations pour enfants à charge. Des investissements essentiels pour répondre aux besoins financiers immédiats qui pourront, en outre, aider les pays à se préparer à de futures crises. L'autre impératif ? Que les gouvernements investissent dans d'autres formes de protection sociale, qu'ils mettent en place des politiques budgétaires et s'impliquent en faveur de l'emploi et du marché du travail afin de soutenir les familles. Il s'agit notamment d'élargir l'accès universel aux soins et aux politiques favorables à la famille tels que les services de garde d'enfants. De nombreux pays ont d'ailleurs commencé à prendre les devants en fournissant une aide mensuelle ou en augmentant les prestations sociales. C'est le cas de l'Indonésie, de la Mongolie, de l'Argentine, de l'Afrique du Sud, de la Géorgie, de l' Arménie, de la Colombie et du Pérou.